Il a peur de la peur le courage,
alors il court, il court,
et la peur lui court après,
et comme elle se sent seule, la peur,
la haine l'accompagne avec ses complices :
le machisme, le sexisme, le sectarisme,
le chauvinisme, le racisme, le nationalisme,
l'antisémitisme, le fanatisme,
et toute une bande d'instincts primaires,
et toute une kyrielle de superstitions,
idées reçues prêtes à porter.
Il est si difficile de penser
sans maître à penser à couteaux tirés.
Cerné par ces meutes nourries par l'ignorance,
la bêtise, l'absence d'estime de soi,
le manque de confiance dans la vie, les autres,
il a la rage, le courage.
La rage de voir la vie en face,
d'étouffer ses chants funèbres,
d'en éclairer les ténèbres,
la rage de la goûter jusqu'à la lie,
la sentir vibrer dans l'harmonie,
toucher les étoiles jusqu'à l'infini.
La rage d'aimer le monde entier,
la rage de vivre et de mourir,
droit dans ses choix, droit dans ses rêves,
avec ou sans parrains,
avec ou sans copains ;
la rage de penser seul, en toute liberté,
sans maître à penser à couteaux tirés.
et il poursuit sa voie, sans trêve,
qu'elle soit droite ou sinueuse,
promesse d'aventure ou d'ennui,
rien ne l'arrête face à l'ennemi :
ni la pesanteur des jours, ni les idées noires,
ni les menaces, ni les échecs,
les obstacles le rendent plus fort,
et quand il tombe, il se relève,
quand il doute, il ne perd pas espoir,
quand il souffre, c'est en silence,
quand frappe l'injustice, il s'oppose,
quand il a peur, il ose,
et sous les orages, il s'expose.