SHONAGON ? OU PAS
Publié le 19 Octobre 2025
Les étés de mon enfance, bien qu’alourdis par une chaleur éprouvante, n’ont jamais pesé bien lourd sur nos épaules. Le soleil nous abreuvait de ses rayons d’or et l’ombre des platanes et des marronniers nous accueillait en nous offrant une fraîcheur bienveillante. Nous savions jouer de tout. Un lézard courrait sur des pierres chaudes, les hirondelles donnaient un ballet dans un ciel immaculé et nous étions ivres de liberté. Mais les vacances qui devaient durer un siècle s’effilochèrent dans la douceur de l’instant... Les heures ne faisaient plus soixante minutes et celles-ci se précipitaient à la rencontre de l’automne.
En Octobre, mois de la rentrée des classes, le ciel n’avait déjà plus la même couleur. Il se plaisait dans les teintes noires et grises, annonciatrices de la pluie et parfois d’orages qui nous gratifiaient d’éclairs intimidants et de violentes roulades de tonnerre. Les arbres avaient laissé liberté à leurs feuilles, si vertes au printemps, de se parer de jaune, d’ocre et d’or. Le temps passant, elles quittèrent leur branches et tombèrent, en virevoltant, rejoindre leurs sœurs. Ce tapis, habillé des couleurs de l’automne, nous incitait à tracer des chemins aussi tortueux qu’imaginaires avec nos gros souliers. Le soleil, fatigué de ces trois mois d’ouvrage, laissait, de plus en plus, la priorité à madame la lune.
L’Hiver, frappait à la porte !
Noël ! Cette fin d’année était froide. L’eau des caniveaux glaçait. Le matin, en partant à l’école, nous aimions briser cette fine couche de glace avec nos bottines. Les bas de laine tricotés par nos mères étaient des trésors, mais nous ne le savions pas. Nos pieds étaient au chaud... C’était l’essentiel.
Ces fêtes de Noël inondaient nos yeux de lumière et de féeries toutes plus belles les unes que les autres. Notre imagination nous offrait tout ce dont nous pouvions rêver. Les enfants n’ont jamais été avares des belles histoires qu’ils s’inventent eux mêmes. Petit à petit, les heures retrouvent leurs minutes…
Pâques ! La plus belle de fêtes. Celle qui invite le printemps à manifester la renaissance de la vie. Premières chemisettes à manches courtes. Première fraîcheur assortie d’une petite chair de poule. Les arbres reverdissent et les bourgeons donnent vie à des fleurs. Les abeilles vont et viennent, tout à leur ouvrage. Les libellules, hannetons et autres insectes rivalisent avec des papillons multicolores. Les tarentes provençales se réapproprient les murs de pierres chaudes. Grillons et cigales reprennent leur chant. Tout ce qui dormait se réveille. Tout bouge. Sur les places de villages, les personnes âgées retrouvent les bancs en bois et refont un monde qui n’est plus tout à fait le leur. Mais qu’importe, bientôt la fête votive résonnera de ses chants et le vin coulera à flots dans les foyers où les familles se retrouveront.
Puissent, ces jours de bonheur et de paix ne jamais s’effacer.
Fernand
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