Saisons intimes

Publié le 15 Octobre 2025

 
L'automne
J'aime la forêt en automne. Le parfum de l'humus enlace celui des champignons. Cette odeur me réchauffe comme une nostalgie tendre, comme le murmure d'un feu de bois, quand l'âme s'abandonne. Et mon esprit vagabond bondit dans les sous-bois dorés. Le crissement des feuilles mortes sous mes pas a quelque chose qui touche à la fois à l'éphémère et à l'éternel.
Les grand soleils du soir, peintres magnifiques, plongent derrière la colline, leurs pinceaux de lumière en traînées mauves, pourpres les suivent lentement. Et les étourneaux dansent pour moi.
L'automne, c'est là où se cachent le rêve, les elfes, la magie intime, précieuse et indicible qui tend vers la plénitude.
 
L'hiver
L'hiver, je traque la gelée blanche, hélas de moins en moins fréquente. Sa rareté décuple mon bonheur quand une fine couche de dentelle transparente recouvre la touffe d'herbe, la feuille rousse oubliée. Le froid pique le nez, les joues, l'air purifié emplit la poitrine de joie, de vigueur.
Quand le soir tombe, les ombres s'allongent, le baou de Saint-Jeannet découpe sa masse trapue sur la nuit. 
Alors, je me tourne vers la maison, la lumière, la chaleur qui vont m'accueillir.
Alors, je remercie la vie pour ce cadeau immense, tout en savourant en pensée la boisson chaude réconfortante que je dégusterai bientôt, blottie dans mon canapé. Je laisserai la nuit, le froid, dehors, pour ne boire que la quiétude.
 
Le printemps
Le printemps commence avec les violettes et l'amandier en fleurs. Un ravissement d'odeurs, un éblouissement de couleurs. 
Il y a comme un frémissement dans l'air qui fait vibrer la lumière. Dans la campagne, l'herbe tendre repeint en vert les sentiers, les talus. Les arbres se rhabillent, les fruitiers se maquillent en rose, en blanc. Les pâquerettes s'ouvrent au soleil neuf, les bourraches, les campanules, les véroniques, les boutons d'or, les pois de senteur, les euphorbes et toutes les fleurs sauvages dont je ne connais pas le nom explosent leur palette dans la colline.
Le printemps, c'est comme un feu d'artifice de couleurs, de senteurs. Ça enivre comme un vin doux, c'est l'espoir, la vie qui fredonne, bourdonne...
 
L'été
L'été est radieux, blanc, chaud, ouvert, exubérant, fatiguant. Il est sueur, suffocation, il aveugle de sa lumière conquérante. 
L'été est repos, farniente, sieste à l'ombre du figuier, boissons fraîches, maison sombre, volets clos, rai de lumière sur la porte entrouverte.
L'été, c'est la nuit que je préfère, quand le ciel est pur et que les étoiles scintillent dans l'air tiède, apaisé. Me promener dans les constellations me ravit. Le ciel me raconte ses histoires de dieux, déesses, monstres et animaux magiques. Des histoires inventées il y a des millénaires et qui sont restées là, inscrites sur la nuit. Cette continuité, comme un pont éternel, m'émeut. L'Univers m'émeut. Là, je prends conscience de ma finitude, de mon insignifiance devant l'immensité du temps et de l'espace qui me rend humble, me procure le délicieux sentiment d'exister. Je fais partie de tout ça, au même titre que la plus haute des montagnes, que la plus petite des fourmis. Extraordinaire !
Exaltation tranquille dans la nuit d'été, les yeux grands ouverts, la conscience en éveil, la gratitude au cœur.
 
Ainsi finit cet inventaire, en remerciant la vie et ceux qui me l'ont donnée.
 
Mado
 
 

Rédigé par Mado

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