Ma chère vivante
Publié le 23 Octobre 2025
Ma chère vivante,
Pardonne ce papier un peu froid, j’ai beau hanter les chandelles, je ne sais plus réchauffer le papier.
J’aurais préféré écrire sur ta peau, mais j’ai perdu la main, au sens très littéral.
Voilà des nuits que je rôde, gauche comme un revenant débutant.
Je hante le silence, j’erre dans ta chambre pour veiller sur le fil de ton sommeil.
Tu dors ? Dommage. J’aurais voulu te troubler d’un soupir, t’enlacer d’un courant d’air, respirer ton parfum divin.
J’essaie d’être discret mais j’ai renversé la lampe. Romantisme phosphorescent, tu vois :
- Je brille quand je me plante.
Et pourtant je t’aime encore.
Oui même sans cœur, j ‘ai gardé le tien quelque part, battant dans ma mémoire.
J’aimerais te hanter pour l’éternité, en alternant les caresses et les rimes osées.
Parfois quand la lune glisse au travers des rideaux, je t’observe blottie dans tes draps de soie. Tes lèvres remuent doucement comme si tu m’appelais, ou peut-être mon remplaçant, qui sait ?
Je t’en veux à peine. Les morts sont jaloux, mais polis.
Ma douce, mon tendre amour, si tu sens un frisson sur ton épaule, ce n’est pas le vent, c’est ma passion qui se faufile, légère, indécente et immortelle.
Mais je te fais une promesse, je ne hanterai ni ton nid douillet, ni ta vie, juste tes rêves. Parfois quand la nuit s’étire d’un voile transparent, je chuchoterai ton prénom entre deux étoiles.
Fais attention ma belle : on dit que certains vivants tombent amoureux de leur fantôme.
Et moi...je n’ai rien contre.
Car vois-tu, la mort m’a laissé quelques talents :
- Je ne respire plus, mais je sais encore souffler sur ta nuque.
- Je n’ai plus de corps, mais j’ai gardé la manière et s’il me reste un seul vice, c’est celui de te plaire.
Si le soir ton miroir se couvre de buée sans raison, traces-y un mot, ou fais moi un signe que je sache si je peux te hanter d’amour.
Ton dévoué revenant,
Celui qui traverse les murs, mais plus ton cœur.
Josiane
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