LIBREVILLE

J’arrive de France un matin de décembre quand je la découvre pour la première fois. Ce qui me surprend d’abord à ma descente d’avion, c’est l’odeur particulière qui flotte dans l’air : un mélange à la fois sucré et fleuri légèrement écœurant. Puis une chaleur humide m’enveloppe comme un drap. J’ai l’impression soudain d’étouffer comme si une main invisible serrait ma gorge de plus en plus fort…

Durant le trajet entre l’aéroport et le centre ville je n’en crois pas mes yeux : la route de latérite est une succession de trous et de bosses. On a l’impression d’avancer à travers un brouillard orangé. Le trafic est intense et désordonné : des vélos, des mobylettes, des bus surchargés, des taxis jaunes qui ne respectent en rien le code de la route. La végétation, elle, est présente partout et de façon envahissante. Les caoutchoucs gigantesques sont bien ancrés dans le sol grâce à leurs racines tentaculaires ; les papayers croulent sous le poids de leurs fruits jaune-orangé ; les okoumés, ces géants de plus de vingt mètres de haut, à l’écorce lisse et rougeâtre, dressent vers le ciel leur silhouette élancée…

Une fois dans le centre ville mon étonnement va croissant. Des immeubles modernes succèdent à des cases africaines traditionnelles (murs en terre et toits de chaume) devant lesquelles les femmes s’activent. Le trafic ralentit et cela me permet de contempler un petit marché installé à même le sol. Il grouille de monde et d’articles en tout genre : légumes, fruits, viande fraîchement débitée et tissus colorés se côtoient sans distinction. Des hommes et des femmes déambulent dans les allées avec d’énormes paniers remplis de marchandises, en équilibre sur leurs têtes. J’assiste, bouche-bée, à un feu d’artifice de couleurs et d’odeurs…

Quand j’arrive enfin à destination je suis épuisée comme si j’avais marché pendant des kilomètres. Libreville tu es tellement différente de Nice ma ville natale ! Il va falloir que tu m’apprivoises si tu veux qu’un jour je t’aime…