ORIENT-EXPRESS V

Publié le 13 Décembre 2024

 
Tout le monde avait fait connaissance. Le bon ton étant de mise, l’ambiance dans les salons était celle d’une croisière, où les invitations étaient réservées à une certaine classe...Pour ne pas dire « Classe certaine ». On papotait beaucoup mais le sujet principal des conversations était, sans conteste, l’affaire du violon. Pensez donc ! Un Stradivarius ! On s’en parlait à mots couverts, d’autant plus que chacun avait son idée sur le nom du coupable. Ce fait de voyage allait se transformer en un souvenir qui sera raconté, voire amplifié. Qui le racontera pourra se glorifier de pouvoir dire « J’y étais », le vol n’étant pas encore élucidé, malgré la présence d’un célèbre détective, le mystère demeurait entier.
Assis, près l’un de l’autre, Joséphine et Marc conversaient à voix basse et les regards qu’ils se portaient laissaient supposer que l’ami Maxime n’allait pas tarder à devenir l’Ex de mademoiselle Castala. Se frayant un passage entre les convives, Poirot vint à eux et prit place à leur table.
- Bonjour mes amis. J’ai pris la liberté de commander du champagne, dit-il d’un air guilleret.
- A la santé de qui boirons-nous Monsieur Poirot ? demanda Marc de Verneuil.
- Nous boirons à la santé de l’entrevue que je viens d’avoir avec le Maestro Morassi.
- Auriez-vous résolu l’énigme ? demanda avec gourmandise Joséphine.
- Mon ami, Sir Archibald, que j’avais sollicité, a répondu à mes attentes. Ses relations dans le domaine de la finance ont amené de l’eau à mon moulin, et une réponse à la question fondamentale que nous nous posions tous : Quel est le motif du vol ?
- Et alors ? s’exclama Marc.
- Et alors ! L’affaire est résolue. D’ailleurs c’est bien simple, nous pourrons dire qu’il n’y a jamais eu d’affaire.
Marc s’approcha de Poirot, et, doucement, suggéra :
- Serait-ce une affaire qui ne concerne que des gentlemans ? Une de celle que l’on n’écrit pas ?
- Nous dirons, mon ami, qu’il s’agit d’une aventure qui crée un engouement, propre à susciter l’intérêt d’une promenade entre gens du meilleur monde.
- Je l’avais entendu dire, mais je constate que c’est la vérité ; Poirot, vous êtes un sage... Je lève mon verre à vos petites cellules grises.
Ainsi fut fait.
 
De retour à Paris, chacun et chacune retourna à ses affaires.
Pourtant, quelques semaines après, Marc reçu un coup de fil de Poirot.
- Quelle joie de vous entendre, Monsieur le meilleur détective du monde. Quelles nouvelles m’apportez vous ? En votre compagnie, j’ai beaucoup appris et j’ai failli changer de métier.
- N’en faites rien, vous n’y rencontreriez que mensonges et mauvaise foi saupoudrés d’aléas les plus divers. Je vous appelle pour vous apprendre que notre violoniste a retrouvé le Stradivarius. Il a tenu à m’annoncer, lui-même, cette bonne nouvelle.
- Tiens donc ! Voilà qui termine bien la tragédie de notre aventure. Mais qui l’a retrouvé ?
- Figurez-vous que dans le cadre de son service et par le plus pur hasard, votre serveur favori, Gaspard, l’a retrouvé dans une consigne de notre gare de départ dont la porte était entrouverte.
- Vous m’en direz tant Poirot. Quand je pense que certains esprits chagrin clament à tout va que le monde est mal fait…
- Je ne vous le fais pas dire Verneuil. La raison a parlé et Morassi l’a enfin entendue. Mais, dites-moi, avez-vous des nouvelles de mademoiselle Castala ?
- Si fait Poirot. Elle s’appelle maintenant Joséphine de Verneuil.
- Mes petites cellules grises ne m’avaient pas trompé. Tous mes vœux de bonheur, Marc, à vous et à votre charmante épouse. J’ai rarement rencontré un couple aussi beau que le vôtre. Si vous avez un fils, lui ferez-vous faire le même pèlerinage ?
- Ma foi, ne dit-on pas : Jamais deux sans trois ?
 
 

Rédigé par Fernand

Publié dans #Voyage

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