Monique
Publié le 5 Décembre 2024
Valentin Poesy
34 ans
En couple avec Hermine, mais son union bat de l’aile. Il voudrait un enfant, pas elle.
Correcteur de presse au Figaro
Ecrivain de romans policiers à ses heures perdues, deux romans écrits non publiés.
Grand, mince, dégingandé, un peu embarrassé de sa grande taille, un peu timide
Cheveux ébouriffés, petites lunettes
A mis un costume pour le départ, mais habituellement plutôt jeans baskets
Aime le hard rock et le heavy metal
Motivations par rapport au voyage :
-
Rouler sur les traces d’Agatha Christie à qui il voue un véritable culte
-
Chercher l’inspiration pour son prochain roman
-
Plus profondément :
-
suis-je vraiment fait pour être écrivain ?
-
un break avec Hermine ; en ce moment ils ne se comprennent plus
-
Pour un roman
Tout un brouhaha dans le couloir, des bruits de pas, des exclamations, des voix fortes qui s’entremêlent. Valentin, surpris et à moitié réveillé, pointe un visage perplexe à la porte de sa cabine.
Marco, avec son élégance habituelle, n’élève pas la voix mais semble défait. Même ses cheveux, d’ordinaire impeccablement coiffés, sont tout ébouriffés. Il est très pâle.
Dans le brouhaha des voix superposées, Valentin finit par entrevoir l’objet de toute cette agitation : le Stradivarius de Marco a disparu !
L’émotion est à son comble. Tout le monde parle en même temps, émet des avis indignés, formule des hypothèses, mais personne ne s’écoute.
Marco parvient à prononcer quelques mots sous le feu des questions : comment, où, quand ? Mais il est tellement choqué que ses propos sont un peu confus.
Le violon est conservé dans un placard fermé par un cadenas à code. Aucun signe d’effraction, tout était exactement en place. Sauf que l’étagère où reposait le violon est vide.
Chacun se perd en conjectures plus ou moins réalistes ou de pure fantaisie. Marco répond à chaque fois que ce n’est pas possible.
On le fait asseoir, on lui apporte à boire, on lui parle un peu plus doucement.
Seul Valentin semble avoir gardé un peu de distance. Il pense déjà à l’intrigue qu’il pourrait bâtir à partir de cet événement. Il imagine comment il va transposer les personnages, ce qu’il va faire de chacun, comment il va développer son imaginaire à partir de la réalité.
Mais pour cela, il faut qu’il ait un peu d’avance sur les autres dans l’élucidation du mystère.
Révélations
Valentin a repris ses esprits, s’est rasé, peigné. Il se plonge dans ses réflexions, échafaude des hypothèses. Il ne connaît pas assez bien la plupart des passagers et ne peut que se perdre en conjectures. Mais il s’amuse comme un fou, faisant peu de cas de la panique et la désolation de Marco, un homme si sympathique au demeurant.
Un Stradivarius est invendable, même en passant par le plus roué des receleurs. Qui peut avoir quelque intérêt à le voler ? Un collectionneur ? Un psychopathe ? Il passe en revue tous les passagers qu’il connaît, établit une fiche détaillée pour chacun d’eux, cela nourrira son futur roman quoiqu’il se passe. Mais il demeure perplexe et ne parvient pas à faire émerger la moindre hypothèse.
Le haut parleur annonce que tous les passagers sont attendus au wagon restaurant à onze heures pour une communication importante. Aurait-on trouvé l’auteur de forfait ? Valentin continue ses élucubrations à coup de tableaux pleins de flèches reliant ses idées et leurs protagonistes.
Quand il entend l’annonce au haut-parleur, il pose son stylo, noue un foulard de soie autour de son cou, enfile un blazer bleu marine. Sait-on jamais, il vaut mieux se donner une allure respectable, chacun soupçonnant tous les autres.
Un peu avant l’heure, les voyageurs commencent à affluer. Il n’y a évidemment pas assez de place pour tout le monde et on s’entasse comme on peut dans les moindres espaces et recoins. L’atmosphère est lourde, les regards s’échangent furtivement, ainsi que les civilités d’usage.
Un homme en uniforme prend le micro. Il annonce que le violon a été retrouvé dans la cabine de Jean Martin -qui n’est pas venu- de son vrai nom Sylvère Reverdy. Cet homme déjà connu des services de police pour divers vols dans le monde de l’art, se donnant l’apparence la plus banale possible, jusqu’à son nom passe-partout, se fondant habilement dans la foule, était du voyage avec un autre projet peu légal qui ne sera pas dévoilé.
Mais apprenant la présence du Stradivarius, il a imaginé une stratégie pour le subtiliser et projeté de le rendre à son propriétaire en échange d’une rançon. Possédant un matériel de professionnel qu’il dissimule dans un de ses bagages, il a réussi à forcer sans effraction la porte de la cabine de Marco à l’heure flottante de l’après-dîner et à faire de même pour le placard, malgré la clé à code. Un jeu d’enfant pour un professionnel !
Cependant, il a éveillé les soupçons de Louis, très observateur, qui le croisant dans la coursive en possession d’un paquet assez volumineux, lui a trouvé un air bizarre et l’a signalé au personnel de sécurité du train.
Valentin, un peu déçu, se demande ce qu’il va faire de cette histoire, qui n’est pas assez romanesque à son goût. Il va romancer !
Monique