Joséphine a un rendez-vous à Istanbul
Publié le 13 Décembre 2024
La fin du voyage approche. Joséphine commence à ressentir impatience et appréhension. L’ambiance très animée de la veille a fait place à un certain soulagement. Les enquêteurs ont fait correctement leur travail. Marco Morassi a pu récupérer son précieux violon intact. La jeune femme a bien compris qu’il se trame autre chose dans l’Orient Express dont elle ne saura sans doute jamais rien. Cécile lui a fait comprendre que cela relevait d’une affaire d’espionnage international.
Joséphine a décidé de ne pas s’immiscer dans cette énigme-là. Elle est maintenant toute aux préparatifs de son arrivée à Istanbul, ville terminus du train. Installée au salon pour partager avec les autres voyageurs la dernière coupe de champagne, elle songe à ce rendez-vous fixé dans le centre-ville cet après-midi, tout en fouillant dans son petit sac à main. Elle sent sous ses doigts le papier plié en deux. Discrètement elle relit les quelques mots griffonnés à la hâte avant son départ de Paris : « RDV le 23 mai à 14H avec Armelle ». Seuls Maxime et maintenant Cécile sont au courant. Armelle est la fille d’une amie de Madame Castala. Après ses études d’avocate, imposées par ses parents, la jeune femme a choisi de changer de voie et de suivre son compagnon à Istanbul. Elle y a ouvert une chapellerie de luxe qui a aujourd’hui une belle notoriété. Le rêve de Joséphine ! La rencontre avec Marco Morassi lui a fait comprendre combien il est important de vivre pleinement sa passion et de réaliser ses rêves. Et celui de Joséphine est d’être modiste. Comme sa grand-mère maternelle, qu’elle a peu connue mais dont elle a beaucoup entendu parler et qui réalisait des chapeaux de toutes sortes, des bobs, des chapeaux cloche, des capelines, des bérets, qui avaient un succès fou. Maxime connait le gout de Joséphine qui sort le plus souvent coiffée de jolis chapeaux qu’elle assortit à ses toilettes. Il l’a souvent incitée à écouter sa petite voix intérieure plutôt que les injonctions de ses parents. « Dans la famille Castala on est médecin ou rien ». Armelle, elle, a franchi le pas. « Elle pourra me conseiller, me donner peut-être des contacts à Paris et, surtout, la force qui me manque encore. »
Dans le salon les conversations sont joyeuses, on échange des adresses, oui on se reverra, on se le promet du moins. Joséphine écoute et répond plus par politesse que par amitié. Cécile sent l’émotion de son amie qui s’est confiée à elle. Elle sait combien ce rendez-vous avec Armelle signifie pour Joséphine le premier pas vers une nouvelle vie. « Les chapeaux et les coiffures, ça va un peu ensemble ! » avaient-elles remarqué en riant.
Les bagages sont bouclés, l’Orient-Express ralentit, Istanbul n’est plus très loin. Le cœur de Joséphine bat plus vite.
Epilogue
« De Paris à Istanbul »
Paris, 20 mai 1980. Joséphine fête ses trente ans. Sa chapellerie, ouverte il y a juste quelques mois dans un quartier chic de la capitale, a déjà une belle renommée. Elle l’a baptisée « De Paris à Istanbul » en souvenir de ce voyage dans l’Orient Express qui a marqué un tournant dans sa vie. Elle a décoré l’intérieur de la boutique dans le même style que l’emblématique train. Elle confectionne elle-même les magnifiques chapeaux personnalisés que recherche sa clientèle aisée.
Il y a un an elle a épousé Maxime. Il l’a soutenue tout le temps de sa reconversion. Cécile qui a été son témoin de mariage, lui a réalisé pour l’occasion une superbe coiffure, un joli chignon piqué de roses vert émeraude et fuchsia. Elle est parvenue à faire tenir dessus un petit bibi agrémenté de voilette confectionné par Joséphine.