NOUVEAU DEPART
Publié le 7 Décembre 2024
Sofia ALCANTARA, 42 ans , Veuve, Comédienne.
Petite, brune, mince, regard ténébreux, éprouvée par la vie, donc méfiante et solitaire.
Nostalgique de la belle époque, elle veut se faire plaisir en évoluant loin du quotidien, un rêve devenu réalité.
Petite, brune, mince, regard ténébreux, éprouvée par la vie, donc méfiante et solitaire.
Nostalgique de la belle époque, elle veut se faire plaisir en évoluant loin du quotidien, un rêve devenu réalité.
EMBARQUEMENT POUR UN MYTHE
L' annonce du départ imminent dans les haut-parleurs marqua l' agitation parmi les voyageurs.
Quelques grincements et secousses, et le convoi s'ébranla.
Bien loin des glissades étouffées du métro parisien, surprise, elle vint s'effondrer dans la couchette de velours.
Pas encore installée, ce démarrage la fit sortir de sa béatitude admirative quant à la décoration et eut peine à réaliser sa chance de se trouver à bord de ce fameux palace roulant.
Sofia compris de suite que l'authenticité de cette machine mythique à remonter le temps aurait raison de son investissement : le premier contact promettait des sensations vertigineuses !...
Non pour la beauté des paysages qui défilent - d'ailleurs ce ne sont pas eux qui défilent mais nous ; pas eux les vedettes mais nous ! alors à nous tapis rouges, moleskine, velours, soieries car comme disait son grand-père accro à l'auto : " Le train c'est de la déportation entre deux talus".
Alors qu'au moins cette déportation soit des plus agréables et confortables en laissant le corps se mouvoir sans être ceinturé à son siège...Et quel cocon raffiné !
Fouler les tapis que les plus prestigieux ont foulé avant soi, se lover dans les fauteuils ayant accueilli leur respectable séant, c'est comme appliquer ses mains dans les empreintes des stars sur le fameux Hollywood boulevard, trouver celle qui épousera parfaitement notre paume afin de réaliser notre rêve...et prendre son temps!
Pour notre époque du moins, car lors de sa conception, Georges Nagelmakers visait plutôt le businessman pressé en lui vantant le temps gagné sur le parcours en comparaison d' autres moyens de transport tout en jouissant de son confort habituel, à en croire les revues spécialisées...
Au fait, il était peut-être temps de libérer Pyrrhus.
Le pauvre félin s'impatientait dans son sac de transport mais il fallait rester prudent car nos amis à quatre pattes ne sont pas autorisés dans ce train de légende.
Bien qu'elle doutat qu' aucune de ces dames de la haute société n' eut jusqu'à présent osé défier le règlement en introduisant en catimini leurs petites créatures poilues...
Comme Pyrrhus ne miaule jamais, personne ne s' apercevrait de sa présence ; il fallait tout de même jouer la carte de la discrétion.
Sofia devait à présent s'enquérir de quelque nourriture substantielle pour son compagnon adoré : dans la frénésie du départ elle avait oublié pâtées et croquettes. Impardonnable étourderie ! Elle s'en voulait mais il était trop tard...
Après l'avoir installé confortablement sur la banquette et l'avoir rassuré, elle sortit du compartiment en prenant soin de le refermer à clé et se dirigea dans le couloir à la recherche du wagon restaurant.
ATTENTION : DON JUAN A BORD !
Le couloir est étroit ceint de part et d'autre par les fenêtres et les compartiments. L'instabilité des boogies fait vaciller Sofia de gauche à droite.
Soudain une personne arrive face à elle ; elle va alors pour se plaquer contre un compartiment mais le voyageur élancé - et ma foi très séduisant - devance son geste et l'invite à passer en s 'adossant à la première fenêtre venue : " En voilà un galant homme !, pense-t-elle, il y a belle lurette que la gente masculine ne s'efface plus pour laisser passer la gente féminine...l'environnement de ce train de légende aurait-il une certaine emprise sur le comportement macho?..." se dit-elle, en s'efforçant tout de même de se faire petite (ceci dit, elle n'a pas grand mal du haut de son un mètre cinquante).
Au moment où ils vont pour se croiser, l'homme et elle forment déjà un couple comme dans une danse de salon : moment furtif, vite évanoui, car chacun va pour reprendre son chemin.
Sophia se retourne alors et interpelle ce co-voyageur :
" Excusez-moi monsieur ! Savez-vous où se trouve le wagon- restaurant ? "
- Chère madame, vous allez dans la mauvaise direction, il est par là ! " dit-il en montrant le sens qui menait au compartiment de Sofia. J'y vais moi-même si vous voulez me suivre ?..."
Sophia fait un signe d'acquiescement et les voilà partis, l'homme devant, elle derrière.
Elle a alors tout le loisir de l'observer : grand, chic, d'un âge confirmé par sa chevelure poivre et sel - enfin plus sel que poivre - le pas assuré malgré l'instabilité de la marche du train ; il tient un cigare à la main, détail peu négligeable qui en dit long sur sa situation sociale... C'est un bel homme mais l'anneau à sa main gauche fait retomber le soufflé, son sillage laissant pourtant planer une eau de toilette envoûtante : " Oublions le présage de la cartomancienne, dommage ...l'heure, le moment et le personnage n'ont apparemment pas été convoqués par les astres !"
Bientôt le bruit émanant du wagon restaurant la détourne de ses pensées, ils étaient arrivés.
- "Je vous en prie " et l'ex- prince charmant de ses pensées s'efface pour la laisser entrer.
- Voulez-vous dîner avec moi ? enfin si vous êtes seule ...
Sophia baisse les yeux
- C'est en toute amitié pour tromper une solitude peu enviable...
Sophia hésite : si elle accepte, Pyrrhus le ventre creux va s'impatienter.
- Merci mais...
- Ne vous méprenez pas sur cette invitation, c'est en tout bien tout honneur!
Cette formule, elle la connaît bien, c'est souvent le toboggan plongeant sans préavis dans la couche des amourettes.
- Sans façon, merci.
Je vais commander mon dîner et me retirer dans mon compartiment ; je suis un peu lasse. A bientôt peut-être."
Elle se dirige vers le serveur afin de passer commande d'une Croquantine de saumon et sa crème d'asperges en entrée, d'un filet de Lieu façon Chambord (comprenez contour pommes duchesse) et d'une île flottante à la Norvégienne en dessert.
Voilà le doggy bag de Pyrrhus, bien garni mais à partager, qui sera apporté d'ici peu par le serveur.
Elle quitte le wagon restaurant non sans avoir salué son Don Juan grisonnant.
- Chère madame, vous allez dans la mauvaise direction, il est par là ! " dit-il en montrant le sens qui menait au compartiment de Sofia. J'y vais moi-même si vous voulez me suivre ?..."
Sophia fait un signe d'acquiescement et les voilà partis, l'homme devant, elle derrière.
Elle a alors tout le loisir de l'observer : grand, chic, d'un âge confirmé par sa chevelure poivre et sel - enfin plus sel que poivre - le pas assuré malgré l'instabilité de la marche du train ; il tient un cigare à la main, détail peu négligeable qui en dit long sur sa situation sociale... C'est un bel homme mais l'anneau à sa main gauche fait retomber le soufflé, son sillage laissant pourtant planer une eau de toilette envoûtante : " Oublions le présage de la cartomancienne, dommage ...l'heure, le moment et le personnage n'ont apparemment pas été convoqués par les astres !"
Bientôt le bruit émanant du wagon restaurant la détourne de ses pensées, ils étaient arrivés.
- "Je vous en prie " et l'ex- prince charmant de ses pensées s'efface pour la laisser entrer.
- Voulez-vous dîner avec moi ? enfin si vous êtes seule ...
Sophia baisse les yeux
- C'est en toute amitié pour tromper une solitude peu enviable...
Sophia hésite : si elle accepte, Pyrrhus le ventre creux va s'impatienter.
- Merci mais...
- Ne vous méprenez pas sur cette invitation, c'est en tout bien tout honneur!
Cette formule, elle la connaît bien, c'est souvent le toboggan plongeant sans préavis dans la couche des amourettes.
- Sans façon, merci.
Je vais commander mon dîner et me retirer dans mon compartiment ; je suis un peu lasse. A bientôt peut-être."
Elle se dirige vers le serveur afin de passer commande d'une Croquantine de saumon et sa crème d'asperges en entrée, d'un filet de Lieu façon Chambord (comprenez contour pommes duchesse) et d'une île flottante à la Norvégienne en dessert.
Voilà le doggy bag de Pyrrhus, bien garni mais à partager, qui sera apporté d'ici peu par le serveur.
Elle quitte le wagon restaurant non sans avoir salué son Don Juan grisonnant.
LA DISPARITION OU "La musique adoucit les mœurs ou excite les esprits."
Toute à la joie de retrouver petit Pyrrhus, le chemin de retour vers son compartiment lui parut tout à coup plus rapide.
Pyrrhus l'accueillit avec des ronds de pattes à n' en plus finir.
Une vingtaine de minutes plus tard on frappe à la porte : c'était le serveur apportant sur la desserte roulante le repas commandé par Sophia.
Sitôt la porte refermée derrière le serveur, Pyrrhus devint tout agité aux fumets de ces plats délicieux.
Le binôme complice partagea le repas puis le chat se mettant à sa toilette, Sophia dégusta l'île flottante avec délectation.
Soudain des rumeurs étouffées, des pas dans le couloir, une agitation rompant la quiétude du bercement de la machine sortit Sofia de son abandon dégustatif.
Trois coups à la porte et le chef de train s'annonçait :
- Madame Alcantara, bonsoir. C'est le chef de train. Puis-je vous parler?
Une vingtaine de minutes plus tard on frappe à la porte : c'était le serveur apportant sur la desserte roulante le repas commandé par Sophia.
Sitôt la porte refermée derrière le serveur, Pyrrhus devint tout agité aux fumets de ces plats délicieux.
Le binôme complice partagea le repas puis le chat se mettant à sa toilette, Sophia dégusta l'île flottante avec délectation.
Soudain des rumeurs étouffées, des pas dans le couloir, une agitation rompant la quiétude du bercement de la machine sortit Sofia de son abandon dégustatif.
Trois coups à la porte et le chef de train s'annonçait :
- Madame Alcantara, bonsoir. C'est le chef de train. Puis-je vous parler?
- Oui bien sûr. Un instant je vous prie, répondit-elle et, interrompant la toilette de son petit compagnon, elle le fit disparaître dans sa caisse de voyage tel un prestidigitateur habile pour avoir réalisé le tour plus d'une fois ! Puis elle ouvrit la porte.
- Bonsoir madame, je suis désolé de vous importuner mais un incident vient de se produire. Tous les passagers doivent se rendre dans le salon où nous les informerons sur ce fait.
- Ah bon ?... eh bien j'arrive.
- Merci Madame.
Sofia, méfiante de nature, s'inquiète un peu pensant que ce responsable du train n'a donné aucun indice sur le sujet.
"Pourvu que personne ne se soit aperçu de la présence de Pyrrhus !" C'est non sans inquiétude et brassages de pensées se bousculant dans sa tête qu'elle referme le compartiment pour se diriger vers le salon.
Chemin faisant, elle ne rêve plus, ne fait plus hésiter son pas et d'une allure franche, comme son Don Juan tout à l'heure, elle affronte à grands pas le couloir.
Lorsqu'elle arrive au salon déjà presque tous les passagers ont pris place. Toute la surprise se manifeste sur leur visage, dans leurs propos et l'attente frénétique se fait sentir dans tout le wagon ; elle remarque un passager très excité faisant les cent pas en se lissant nerveusement les moustaches .
Etant une des dernières à se joindre à l'Assemblée, bientôt arrive le chef de train.
" Bonsoir Mesdames, bonsoir Messieurs, merci de votre présence. Cette petite réunion semble vous surprendre ce que je conçois parfaitement. Voilà : vous connaissez le sérieux de notre compagnie, aussi je me dois d'appliquer toutes les consignes dictées dans ce cas précis, cas qui ne s'est, croyez-moi, jamais produit à bord !
L' assemblée, littéralement suspendue à ses lèvres, attend le coup de semonce.
- Monsieur Herbert, que voici (désignant l'homme excité qui avait attiré le regard de Sofia à son entrée) est de par sa profession Chef d'orchestre, mais aussi violoniste.
Un murmure d'admiration et de soulagement passe parmi les voyageurs et les dégèle instantanément : ce chef de train est épatant ! il nous aurait réservé une surprise ? Un récital impromptu donné par un grand maître de la musique ?...
- Malheureusement, continue-t-il, au moment de s'entraîner, comme chaque jour, il s'est aperçu que son instrument - et pas n'importe lequel, un Stradivarius, - n'était plus dans son étui. Selon Monsieur Herbert, viscéralement attaché à celui-ci et très précautionneux, il est impensable qu'il l'ait oublié chez lui. Ainsi il m'a contacté en me demandant de faire le nécessaire pour que dans un premier temps une fouille soit organisée à bord.
Des chuchotements d'indignation secouent alors l'assemblée.
- Nous avons bien sûr déjà procédé aux vérifications parmi le personnel et les locaux de notre logistique. Aussi je me dois à présent de mener la même investigation scrupuleuse au niveau des compartiments.
Je comprends votre réticence, mais une simple fouille éliminera toute suspicion et vous pourrez ainsi continuer votre voyage en toute tranquillité. Je vous demande donc à tous de vous soumettre à ce contrôle.
Pour ce faire, Monsieur Glorieux, ici présent, m'accompagnera car en sa qualité d'enquêteur, il est bien évidemment assermenté ! Nous éviterons ainsi une immobilisation imposée par des autorités extérieures.
Ça ne prendra que deux petites heures. Je vous remercie de votre compréhension."
Tous se scrutent les uns les autres, envoyant un regard suspicieux à l'égard du voisin et innocent quant à celui qu'ils renvoient d'eux mêmes. Le rouge monte aux joues de Sofia, son palpitant bat la chamade : une fouille? mais ils vont forcément découvrir Pyrrhus !... Que faire ? Empêcher la fouille mais alors tous les soupçons retomberont sur elle ! Accepter la fouille ? Mais où cacher Pyrrhus ? sans compter que cette fois il risque de miauler et de s'agiter...
Elle a l'impression que tous les regards se focalisent sur elle.
"Le rêve tourne au cauchemar ! " rumine-t-elle en quittant le salon pour retourner dans son compartiment.
- Bonsoir madame, je suis désolé de vous importuner mais un incident vient de se produire. Tous les passagers doivent se rendre dans le salon où nous les informerons sur ce fait.
- Ah bon ?... eh bien j'arrive.
- Merci Madame.
Sofia, méfiante de nature, s'inquiète un peu pensant que ce responsable du train n'a donné aucun indice sur le sujet.
"Pourvu que personne ne se soit aperçu de la présence de Pyrrhus !" C'est non sans inquiétude et brassages de pensées se bousculant dans sa tête qu'elle referme le compartiment pour se diriger vers le salon.
Chemin faisant, elle ne rêve plus, ne fait plus hésiter son pas et d'une allure franche, comme son Don Juan tout à l'heure, elle affronte à grands pas le couloir.
Lorsqu'elle arrive au salon déjà presque tous les passagers ont pris place. Toute la surprise se manifeste sur leur visage, dans leurs propos et l'attente frénétique se fait sentir dans tout le wagon ; elle remarque un passager très excité faisant les cent pas en se lissant nerveusement les moustaches .
Etant une des dernières à se joindre à l'Assemblée, bientôt arrive le chef de train.
" Bonsoir Mesdames, bonsoir Messieurs, merci de votre présence. Cette petite réunion semble vous surprendre ce que je conçois parfaitement. Voilà : vous connaissez le sérieux de notre compagnie, aussi je me dois d'appliquer toutes les consignes dictées dans ce cas précis, cas qui ne s'est, croyez-moi, jamais produit à bord !
L' assemblée, littéralement suspendue à ses lèvres, attend le coup de semonce.
- Monsieur Herbert, que voici (désignant l'homme excité qui avait attiré le regard de Sofia à son entrée) est de par sa profession Chef d'orchestre, mais aussi violoniste.
Un murmure d'admiration et de soulagement passe parmi les voyageurs et les dégèle instantanément : ce chef de train est épatant ! il nous aurait réservé une surprise ? Un récital impromptu donné par un grand maître de la musique ?...
- Malheureusement, continue-t-il, au moment de s'entraîner, comme chaque jour, il s'est aperçu que son instrument - et pas n'importe lequel, un Stradivarius, - n'était plus dans son étui. Selon Monsieur Herbert, viscéralement attaché à celui-ci et très précautionneux, il est impensable qu'il l'ait oublié chez lui. Ainsi il m'a contacté en me demandant de faire le nécessaire pour que dans un premier temps une fouille soit organisée à bord.
Des chuchotements d'indignation secouent alors l'assemblée.
- Nous avons bien sûr déjà procédé aux vérifications parmi le personnel et les locaux de notre logistique. Aussi je me dois à présent de mener la même investigation scrupuleuse au niveau des compartiments.
Je comprends votre réticence, mais une simple fouille éliminera toute suspicion et vous pourrez ainsi continuer votre voyage en toute tranquillité. Je vous demande donc à tous de vous soumettre à ce contrôle.
Pour ce faire, Monsieur Glorieux, ici présent, m'accompagnera car en sa qualité d'enquêteur, il est bien évidemment assermenté ! Nous éviterons ainsi une immobilisation imposée par des autorités extérieures.
Ça ne prendra que deux petites heures. Je vous remercie de votre compréhension."
Tous se scrutent les uns les autres, envoyant un regard suspicieux à l'égard du voisin et innocent quant à celui qu'ils renvoient d'eux mêmes. Le rouge monte aux joues de Sofia, son palpitant bat la chamade : une fouille? mais ils vont forcément découvrir Pyrrhus !... Que faire ? Empêcher la fouille mais alors tous les soupçons retomberont sur elle ! Accepter la fouille ? Mais où cacher Pyrrhus ? sans compter que cette fois il risque de miauler et de s'agiter...
Elle a l'impression que tous les regards se focalisent sur elle.
"Le rêve tourne au cauchemar ! " rumine-t-elle en quittant le salon pour retourner dans son compartiment.
HERCULE POIROT
Tout à coup une lumière aveuglante envahit l'espace. Sophia se sentant happée par celle-ci, vacilla. Ses mains cherchant un appui où se raccrocher s'enfoncèrent dans quelque chose de moelleux, de doux, un bruit familier parvint à ses oreilles : Pyrrhus miaulant sur ses genoux la ramena à la réalité.
"Mon trésor, il ne t'ont pas trouvé ! Mais le soleil brillant dans le regard félin elle comprit que c'était déjà le matin, elle s'était endormie vaincue par la fatigue de la veille. "Ce n'était qu'un cauchemar, ouf ! réalisa- t-elle soulagée. Avoir transgressé le règlement me perturbe tellement que mon sommeil s'en trouve altéré... oublions tout ça. Maman va te rapporter un grand bol de lait et nous déjeunerons en tête-à-tête. Qu'en dis-tu? Sur ces paroles elle se dirigea vers le wagon restaurant où, dès l'entrée, elle essaya de se frayer un chemin jusqu'au bar : les voyages forment la jeunesse, déforment les valises et... creusent les estomacs apparemment, car il y avait foule, mais ils délient aussi les langues Ainsi des mots inquiétants claquent alors à ses oreilles : volé, Stradivarius, fouille, escroc, inspecteur... rêve, ou plutôt cauchemar prémonitoire que la nuit précédente ? Commandons notre petit déjeuner et esquivons- nous.
Son regard se porte sur cette grande blonde. "J'ai trouvé : je vais cacher Pyrrhus le temps de la fouille dans un compartiment qui aura déjà été visité par les inquisiteurs, par exemple celui d'une certaine Satine s'absentant régulièrement et ne fermant pas à clé derrière elle...
Forte de cette idée géniale, ils déjeunèrent à la Pantagruel.
Pyrrhus, rassasié par le milk cattybag rapporté par Sofia, exécuta un nettoyage soigneux du récipient laissant celui-ci comme neuf.
Mais les moustaches du matou, couvertes de lait, firent soudain éclater de rire Sofia et, comme vexé du rire de sa maîtresse, Pyrrhus entreprit alors une toilette méticuleuse.
Et le voilà qui passe sa langue râpeuse sur ses pattes, sur ses babines, derrière ses oreilles et recommence et recommence... quelle idée d'avoir de telles vibrisses... et elle se met à l'imaginer avec des favoris, des rouflaquettes des pattes de lapin, des côtelettes, - eh oui ça existe, ce n'est pas une blague - et bientôt la frimousse du chat devient humaine : il porte des binocles aux yeux, un col cravate autour du cou, un chapeau melon sur la tête, un costume trois pièces, des souliers vernis et même un mouchoir à la boutonnière aux initiales HP.
- Oh là là qu'ont-ils mis dans le café ? Sofia n' en croit pas ses yeux, bientôt plus ses oreilles : un nouveau personnage se tient devant elle comme surgi de nulle part.
- Pyrrhus ! Pyrrhus ! où es-tu ? Elle se détourne pour le chercher.
- L' impossible ne peut se produire, pensez-vous ? Elle se retourne.
- Je me présente : Hercule Poirot.
Sofia avale sa salive et s'effondre dans le fauteuil.
- Mais... mais que...
- L'impossible doit devenir possible malgré les apparences.
Elle recule.
- Comment êtes-vous entré ? Bien sûr que je vous connais, tout le monde vous connaît mais enfin vous n'êtes pas passe-muraille !
- Oh vous savez, ma longue expérience pourrait avoir eu raison des obstacles... on ne m'attend jamais là où je suis. Je fais comme les présumés coupables que je file : je passe, me retourne, m'esquive, me cache, me transforme aussi quelquefois.
- D'accord mais votre présence ici !... Elle se met à genoux.
- Je n'ai rien fait de grave, je vous jure. Il m'est tout simplement impossible de me séparer de mon petit Pyrrhus alors j'ai juste enfreint un peu le règlement. Je vous jure, je ne recommencerai plus.
- Enfin Madame, sourit-il en l'aidant à se relever. Il ne s'agit pas de votre petite "entorse" au règlement ; je suis là pour vous demander une faveur.
- Une faveur ! quelle faveur ?
- Aidez-moi à me cacher ici afin de poursuivre mon enquête d'une importance internationale.
- Moi ? mais comment voulez-vous...
- Oh je vous fais confiance, vous trouverez bien une astuce, un prétexte, une excuse en somme, dit-il en tournant autour d'elle pour la convaincre, l'intimider, la piéger... vous ne pouvez pas faire à moins, ajoute-t-il en jouant avec le collier de Pyrrhus.
Comment est-il entre ses mains, s'inquiète Sofia.
"Mon trésor, il ne t'ont pas trouvé ! Mais le soleil brillant dans le regard félin elle comprit que c'était déjà le matin, elle s'était endormie vaincue par la fatigue de la veille. "Ce n'était qu'un cauchemar, ouf ! réalisa- t-elle soulagée. Avoir transgressé le règlement me perturbe tellement que mon sommeil s'en trouve altéré... oublions tout ça. Maman va te rapporter un grand bol de lait et nous déjeunerons en tête-à-tête. Qu'en dis-tu? Sur ces paroles elle se dirigea vers le wagon restaurant où, dès l'entrée, elle essaya de se frayer un chemin jusqu'au bar : les voyages forment la jeunesse, déforment les valises et... creusent les estomacs apparemment, car il y avait foule, mais ils délient aussi les langues Ainsi des mots inquiétants claquent alors à ses oreilles : volé, Stradivarius, fouille, escroc, inspecteur... rêve, ou plutôt cauchemar prémonitoire que la nuit précédente ? Commandons notre petit déjeuner et esquivons- nous.
Son regard se porte sur cette grande blonde. "J'ai trouvé : je vais cacher Pyrrhus le temps de la fouille dans un compartiment qui aura déjà été visité par les inquisiteurs, par exemple celui d'une certaine Satine s'absentant régulièrement et ne fermant pas à clé derrière elle...
Forte de cette idée géniale, ils déjeunèrent à la Pantagruel.
Pyrrhus, rassasié par le milk cattybag rapporté par Sofia, exécuta un nettoyage soigneux du récipient laissant celui-ci comme neuf.
Mais les moustaches du matou, couvertes de lait, firent soudain éclater de rire Sofia et, comme vexé du rire de sa maîtresse, Pyrrhus entreprit alors une toilette méticuleuse.
Et le voilà qui passe sa langue râpeuse sur ses pattes, sur ses babines, derrière ses oreilles et recommence et recommence... quelle idée d'avoir de telles vibrisses... et elle se met à l'imaginer avec des favoris, des rouflaquettes des pattes de lapin, des côtelettes, - eh oui ça existe, ce n'est pas une blague - et bientôt la frimousse du chat devient humaine : il porte des binocles aux yeux, un col cravate autour du cou, un chapeau melon sur la tête, un costume trois pièces, des souliers vernis et même un mouchoir à la boutonnière aux initiales HP.
- Oh là là qu'ont-ils mis dans le café ? Sofia n' en croit pas ses yeux, bientôt plus ses oreilles : un nouveau personnage se tient devant elle comme surgi de nulle part.
- Pyrrhus ! Pyrrhus ! où es-tu ? Elle se détourne pour le chercher.
- L' impossible ne peut se produire, pensez-vous ? Elle se retourne.
- Je me présente : Hercule Poirot.
Sofia avale sa salive et s'effondre dans le fauteuil.
- Mais... mais que...
- L'impossible doit devenir possible malgré les apparences.
Elle recule.
- Comment êtes-vous entré ? Bien sûr que je vous connais, tout le monde vous connaît mais enfin vous n'êtes pas passe-muraille !
- Oh vous savez, ma longue expérience pourrait avoir eu raison des obstacles... on ne m'attend jamais là où je suis. Je fais comme les présumés coupables que je file : je passe, me retourne, m'esquive, me cache, me transforme aussi quelquefois.
- D'accord mais votre présence ici !... Elle se met à genoux.
- Je n'ai rien fait de grave, je vous jure. Il m'est tout simplement impossible de me séparer de mon petit Pyrrhus alors j'ai juste enfreint un peu le règlement. Je vous jure, je ne recommencerai plus.
- Enfin Madame, sourit-il en l'aidant à se relever. Il ne s'agit pas de votre petite "entorse" au règlement ; je suis là pour vous demander une faveur.
- Une faveur ! quelle faveur ?
- Aidez-moi à me cacher ici afin de poursuivre mon enquête d'une importance internationale.
- Moi ? mais comment voulez-vous...
- Oh je vous fais confiance, vous trouverez bien une astuce, un prétexte, une excuse en somme, dit-il en tournant autour d'elle pour la convaincre, l'intimider, la piéger... vous ne pouvez pas faire à moins, ajoute-t-il en jouant avec le collier de Pyrrhus.
Comment est-il entre ses mains, s'inquiète Sofia.
- Où est mon Pyrrhus ? Qu'avez-vous fait de mon Pyrrhus ? le menace-t-elle en le prenant par le col de son veston.
Miaou aou...
Elle lâche prise : c'était petit Pyrrhus qu'elle tenait par le cou et le pauvre ne comprenait pas ce qui arrivait à sa maîtresse adorée.
- Pyrrhus, mon trésor Maman ne te veut aucun mal, rassure-t-elle le chat en le serrant dans ses bras. Mon dieu que s'est-il passé ? Je deviens folle...
Miaou aou...
Elle lâche prise : c'était petit Pyrrhus qu'elle tenait par le cou et le pauvre ne comprenait pas ce qui arrivait à sa maîtresse adorée.
- Pyrrhus, mon trésor Maman ne te veut aucun mal, rassure-t-elle le chat en le serrant dans ses bras. Mon dieu que s'est-il passé ? Je deviens folle...
L'ENQUÊTE AVANCE
Dans la hâte de la fouille imminente, Sofia décide d'interpeller le chef de train afin de savoir si elle allait se faire de compartiment en compartiment, par numéro... Comment comptait-il procéder ? Il lui fut répondu que l'on laisserait déjeuner en paix les passagers ce qui lui laissa un peu de marge. Cette fameuse Satine occupe le numéro 7 ; allons vérifier si elle est toujours au wagon restaurant et son compartiment vide. En effet elle y était, dégustant comme à son habitude son éternelle tisane et en grande discussion avec un homme. Tenteraient-ils à eux deux de résoudre l'énigme ? Un jour j'ai joué dans une série policière et il était question, avant d'en arriver aux conclusions, de mobiles, d'alibis, d'indices, finalement de preuves ; quand l'enquête est bien ficelée, les conclusions émergent d'elles-mêmes. Elle s'assoit près d'une fenêtre, scrutant la scène qui s'offrait à ses yeux.
Mobile...
Pourquoi pas l'opportunisme ? écarter le chef d'orchestre trop connu et se faire une place sur le marché, autrement dit forcer le destin. Il y aurait donc deux chefs d'orchestre à bord. Oui mais qui serait l'usurpateur ? le vol ayant eu lieu durant la nuit, chacun était censé être dans son compartiment éveillé ou pas, alors pour l'alibi nous sommes tous logés à la même enseigne !
Il faut aussi des signes concrets, des indices. J'ai entendu parler d'une corde de violon égarée, l’étui vide n'étant pas un indice car violon ou pas violon, telle est la question ! Selon les infos que j'ai pu recueillir il a été supputé que l'étui n'avait peut-être jamais vu l'ombre d'un violon ; ça c'est une version que j'adopterais volontiers. Les indices vérifiés, il reste les preuves. Pour cela ils vont certainement passer le wagon au peigne fin (mauvais pour moi, Pyrrhus ne miaule pas mais perd ses poils). Il y a de quoi se faire des cheveux en ce qui me concerne...
Voler un Stradivarius, à part l'hypothèse du concurrent, il faudrait s'orienter vers un besoin d'argent : qui à bord serait dans cette nécessité quand on sait que le prix du voyage déjà engagé s'élève dans les 7000 € par jour (ceci dit je ne connais pas le prix d'un Stradivarius). Vu que le train traverse des pays où la vie est encore rude et la pauvreté étendue, il s'agit peut-être d'un trafic à visée internationale, peut-être est-ce monnaie courante de s'enrichir par le vol et le recel d'instruments de musique (escroc, mafia). Il peut aussi s'agir d'une vengeance... féminine... une femme chef d'orchestre ! Du jamais vu. Et pour cause, elles se sont toujours retrouvées au ban de la fosse de par l'autosuffisance des hommes, mais aussi les préjugés du public.
Tiens, Miss Satine commande à nouveau une tisane : ça rend la peau satinée parait-il. Ce serait donc un surnom SATINE... anagramme TISANE, anagramme ENATIS... Gloria ENATIS ! Mais c'est bien sûr... la grande violoniste qui ambitionnait la direction du philharmonique de... je ne sais plus quelle ville.
Mais alors oh là là trop compliqué pour moi, ma migraine s'installe, je devrais en avertir POIROT.
Justement si Hercule n'avait pas investi mon Pyrrhus dans mon esprit, s'il avait été bel et bien à bord en chair et en os, il aurait peut-être déjà résolu l'affaire et sans fouille, trouvé les indices, faussé les pistes, faire croire à la culpabilité de tous et enfin faire surgir de son chapeau melon le vrai coupable.
Mais qui vois-je là-bas canne en main, moustaches, mouchoir brodé HP, chapeau melon, c'est lui ! Monsieur Poirot ! Monsieur Poirot !
L'homme se retourne.
- Oui madame?
- Vous n'êtes pas Monsieur Poirot pourtant qu'elle ressemblance !
- Je me présente Inspecteur PÉLICAN. Auriez-vous quelque témoignage à apporter ?
- Ah non, malheureusement non.
Puis elle se reprend et joue le tout pour le tout.
- Enfin si. Il y a à bord une certaine Madame Satine, à vrai dire, je ne la trouve pas très honnête...
- Pouvez vous justifier vos dires ?
- Cette nuit je l'ai aperçue dans le couloir ; elle avait un énorme châle sur elle et paraissait beaucoup moins mince et élancée... enfin je dis ça je ne dis rien, peut-être n'est-ce pas le cas...
- Aide très précieuse Madame, Madame ?
- Alcantara, Sofia Alcantara.
- Madame Alcantara, pour tout vous avouer j'ai moi-même des soupçons et presque des preuves...
- Oh mais alors, si jamais il s'avérait que... enfin qu'elle ne soit pas aussi innocente qu'elle le parait...
- Il me reste une toute petite preuve à apporter et l'enquête serait résolue.
Mobile...
Pourquoi pas l'opportunisme ? écarter le chef d'orchestre trop connu et se faire une place sur le marché, autrement dit forcer le destin. Il y aurait donc deux chefs d'orchestre à bord. Oui mais qui serait l'usurpateur ? le vol ayant eu lieu durant la nuit, chacun était censé être dans son compartiment éveillé ou pas, alors pour l'alibi nous sommes tous logés à la même enseigne !
Il faut aussi des signes concrets, des indices. J'ai entendu parler d'une corde de violon égarée, l’étui vide n'étant pas un indice car violon ou pas violon, telle est la question ! Selon les infos que j'ai pu recueillir il a été supputé que l'étui n'avait peut-être jamais vu l'ombre d'un violon ; ça c'est une version que j'adopterais volontiers. Les indices vérifiés, il reste les preuves. Pour cela ils vont certainement passer le wagon au peigne fin (mauvais pour moi, Pyrrhus ne miaule pas mais perd ses poils). Il y a de quoi se faire des cheveux en ce qui me concerne...
Voler un Stradivarius, à part l'hypothèse du concurrent, il faudrait s'orienter vers un besoin d'argent : qui à bord serait dans cette nécessité quand on sait que le prix du voyage déjà engagé s'élève dans les 7000 € par jour (ceci dit je ne connais pas le prix d'un Stradivarius). Vu que le train traverse des pays où la vie est encore rude et la pauvreté étendue, il s'agit peut-être d'un trafic à visée internationale, peut-être est-ce monnaie courante de s'enrichir par le vol et le recel d'instruments de musique (escroc, mafia). Il peut aussi s'agir d'une vengeance... féminine... une femme chef d'orchestre ! Du jamais vu. Et pour cause, elles se sont toujours retrouvées au ban de la fosse de par l'autosuffisance des hommes, mais aussi les préjugés du public.
Tiens, Miss Satine commande à nouveau une tisane : ça rend la peau satinée parait-il. Ce serait donc un surnom SATINE... anagramme TISANE, anagramme ENATIS... Gloria ENATIS ! Mais c'est bien sûr... la grande violoniste qui ambitionnait la direction du philharmonique de... je ne sais plus quelle ville.
Mais alors oh là là trop compliqué pour moi, ma migraine s'installe, je devrais en avertir POIROT.
Justement si Hercule n'avait pas investi mon Pyrrhus dans mon esprit, s'il avait été bel et bien à bord en chair et en os, il aurait peut-être déjà résolu l'affaire et sans fouille, trouvé les indices, faussé les pistes, faire croire à la culpabilité de tous et enfin faire surgir de son chapeau melon le vrai coupable.
Mais qui vois-je là-bas canne en main, moustaches, mouchoir brodé HP, chapeau melon, c'est lui ! Monsieur Poirot ! Monsieur Poirot !
L'homme se retourne.
- Oui madame?
- Vous n'êtes pas Monsieur Poirot pourtant qu'elle ressemblance !
- Je me présente Inspecteur PÉLICAN. Auriez-vous quelque témoignage à apporter ?
- Ah non, malheureusement non.
Puis elle se reprend et joue le tout pour le tout.
- Enfin si. Il y a à bord une certaine Madame Satine, à vrai dire, je ne la trouve pas très honnête...
- Pouvez vous justifier vos dires ?
- Cette nuit je l'ai aperçue dans le couloir ; elle avait un énorme châle sur elle et paraissait beaucoup moins mince et élancée... enfin je dis ça je ne dis rien, peut-être n'est-ce pas le cas...
- Aide très précieuse Madame, Madame ?
- Alcantara, Sofia Alcantara.
- Madame Alcantara, pour tout vous avouer j'ai moi-même des soupçons et presque des preuves...
- Oh mais alors, si jamais il s'avérait que... enfin qu'elle ne soit pas aussi innocente qu'elle le parait...
- Il me reste une toute petite preuve à apporter et l'enquête serait résolue.
- Vraiment ? et alors dans ce cas toute fouille serait inutile n'est-ce pas ?
- Exactement. Laissez-moi faire j'ai quelques témoignages à recueillir et... d'un geste il croisa les deux mains en signe d'arrestation.
- Oh pauvre femme ! En arriver là ...!
- Eh oui l'habit ne fait pas le moine, ajouta-il en tournant le dos et s'éloignant.
Alors ça ! Je ne m'y attendais pas...Comme quoi le bluff ça peut marcher...
- Exactement. Laissez-moi faire j'ai quelques témoignages à recueillir et... d'un geste il croisa les deux mains en signe d'arrestation.
- Oh pauvre femme ! En arriver là ...!
- Eh oui l'habit ne fait pas le moine, ajouta-il en tournant le dos et s'éloignant.
Alors ça ! Je ne m'y attendais pas...Comme quoi le bluff ça peut marcher...
PROCHAIN ARRÊT : VIENNE
Bientôt l'annonce de la première étape du train résonne dans les haut-parleurs, avertissant les passagers à destination de Vienne à se préparer à descendre. Toutefois, il restait suffisamment de temps pour résoudre l'enquête et se remettre de ses émotions, mais un second communiqué invite à nouveau les voyageurs à se rendre au salon car, stipulait-il, Monsieur Pélican avait démasqué le coupable et apporté ses conclusions.
Sophia, sur des charbons ardents, referma alors son livre, fit descendre Pyrrhus de ses genoux et s'engouffra dans le couloir pour ne rien rater de l'affaire.
Lorsque tout le monde eut pris place, le chef de train introduisit un homme BCBG style Eddy Barclay. "Tiens donc un nouveau personnage dans ce club !, songea Sofia ; on ne l'a pas croisé jusqu'à présent... Il était bien caché, comme le violon ! "
"Bonsoir Mesdames, bonsoir Messieurs, nous voici réunis pour la seconde fois mais en vue de vous exposer les conclusions de Monsieur Pélican ; point de Poirot dans notre vénérable train à notre grand regret. Mais en fait il n'aurait été d'aucune utilité. Monsieur Johan Von Zug, ici présent, va lui-même se présenter et vous faire part de ce dont il retourne. Monsieur Von Zug je vous en prie..."
- Bonsoir Mesdames et Messieurs. Mon nom est Johan Von Zug, annonça-t-il avec un rude accent germanique, ce qui ne vous dira pas grand-chose ; en fait je représente la W.B dont je suis producteur...
- La Warner Bros.? s'exclama Sofia ne pouvant se contenir (elle avait souvent rêvé de jouer pour cette compagnie).
- Non Madame, la WIEN BUDA, une compagnie de production allemande en coopération avec la Hongrie.
Ayant eu vent de la liste des passagers en partance sur ce train légendaire, j'ai voulu en savoir plus sur les motivations de chacun.
Je n'ai pas le pouvoir suprême mais si la destinée vous a permis d'être réunis lors de ce voyage, j'ai décidé d'être votre faiseur de rêve.
Des chuchotements empreints de stupéfaction et d'interrogation courent sur les bouches.
- En réalité vous avez tous participé, à votre insu, à un casting nourri de toutes les composantes d'une production, à savoir tous les "acteurs" au sens large d'un long métrage : comédiens, musiciens, réalisateur, espions, escrocs (vrais ou faux) - balayant des yeux l'assemblée - pour une collaboration qui devrait relancer la carrière de chacun ! Alors désolé si vous avez eu l'angoisse de votre vie, mais je voulais tester vos compétences et votre cran jusqu'au-boutiste; alors, avec l'aide du chef de train, nous avons concocté ce trajet explosif et stressant, mais oh combien enrichissant pour nous tous.
Je connais la situation de chacun de vous pour m'en être enquis, personnelle ou professionnelle, et je suis persuadé que vous n' hésiterez pas à rejoindre notre compagnie. D'ailleurs les contrats sont prêts et n' attendent que votre signature.
Je suis très heureux aujourd'hui d'avoir réalisé mon rêve et de façonner la réalité du vôtre.
Au nom de cette collaboration nous allons porter un toast et sachez que je suis à votre disposition pour répondre à vos questions ; et surtout faire connaissance avec vous, mes partenaires.
A notre collaboration ! Prosit ! ", lança-t-il en coup d'envoi du toast, chacun ayant été servi durant ce discours.
Sofia pensa aussitôt à Pyrrhus : en l'imposant dans ce voyage, non seulement elle le saurait près d'elle mais il la protégerait comme toujours. Il était son gri-gri, son amulette, son fétiche, sa mascotte, son talisman, son porte-bonheur, son ange gardien...
Dans un automatisme connecté, l'auditoire se retrouva à lever son verre et se congratula mutuellement : tous étaient dans une période critique et cet homme allait leur permettre un nouveau départ dans la vie; peut-être aussi que le solitaire se sentirait soutenu, le désespéré encouragé, le repentant pardonné, le jaloux altruiste...
Le soulagement, la détente et l'alcool faisant le reste, des rapprochements et affinités se dessinèrent...
Ce Von Zug est producteur mais aussi sauveur d'âmes.
Quelle destinée aussi que la sienne !
Dans la nuit profonde, quelques lueurs dans un wagon, un cliquetis de verres entrechoqués, un train continue son chemin...
FIN sur l'écran.
Les lumières se rallument.
Lorsque tout le monde eut pris place, le chef de train introduisit un homme BCBG style Eddy Barclay. "Tiens donc un nouveau personnage dans ce club !, songea Sofia ; on ne l'a pas croisé jusqu'à présent... Il était bien caché, comme le violon ! "
"Bonsoir Mesdames, bonsoir Messieurs, nous voici réunis pour la seconde fois mais en vue de vous exposer les conclusions de Monsieur Pélican ; point de Poirot dans notre vénérable train à notre grand regret. Mais en fait il n'aurait été d'aucune utilité. Monsieur Johan Von Zug, ici présent, va lui-même se présenter et vous faire part de ce dont il retourne. Monsieur Von Zug je vous en prie..."
- Bonsoir Mesdames et Messieurs. Mon nom est Johan Von Zug, annonça-t-il avec un rude accent germanique, ce qui ne vous dira pas grand-chose ; en fait je représente la W.B dont je suis producteur...
- La Warner Bros.? s'exclama Sofia ne pouvant se contenir (elle avait souvent rêvé de jouer pour cette compagnie).
- Non Madame, la WIEN BUDA, une compagnie de production allemande en coopération avec la Hongrie.
Ayant eu vent de la liste des passagers en partance sur ce train légendaire, j'ai voulu en savoir plus sur les motivations de chacun.
Je n'ai pas le pouvoir suprême mais si la destinée vous a permis d'être réunis lors de ce voyage, j'ai décidé d'être votre faiseur de rêve.
Des chuchotements empreints de stupéfaction et d'interrogation courent sur les bouches.
- En réalité vous avez tous participé, à votre insu, à un casting nourri de toutes les composantes d'une production, à savoir tous les "acteurs" au sens large d'un long métrage : comédiens, musiciens, réalisateur, espions, escrocs (vrais ou faux) - balayant des yeux l'assemblée - pour une collaboration qui devrait relancer la carrière de chacun ! Alors désolé si vous avez eu l'angoisse de votre vie, mais je voulais tester vos compétences et votre cran jusqu'au-boutiste; alors, avec l'aide du chef de train, nous avons concocté ce trajet explosif et stressant, mais oh combien enrichissant pour nous tous.
Je connais la situation de chacun de vous pour m'en être enquis, personnelle ou professionnelle, et je suis persuadé que vous n' hésiterez pas à rejoindre notre compagnie. D'ailleurs les contrats sont prêts et n' attendent que votre signature.
Je suis très heureux aujourd'hui d'avoir réalisé mon rêve et de façonner la réalité du vôtre.
Au nom de cette collaboration nous allons porter un toast et sachez que je suis à votre disposition pour répondre à vos questions ; et surtout faire connaissance avec vous, mes partenaires.
A notre collaboration ! Prosit ! ", lança-t-il en coup d'envoi du toast, chacun ayant été servi durant ce discours.
Sofia pensa aussitôt à Pyrrhus : en l'imposant dans ce voyage, non seulement elle le saurait près d'elle mais il la protégerait comme toujours. Il était son gri-gri, son amulette, son fétiche, sa mascotte, son talisman, son porte-bonheur, son ange gardien...
Dans un automatisme connecté, l'auditoire se retrouva à lever son verre et se congratula mutuellement : tous étaient dans une période critique et cet homme allait leur permettre un nouveau départ dans la vie; peut-être aussi que le solitaire se sentirait soutenu, le désespéré encouragé, le repentant pardonné, le jaloux altruiste...
Le soulagement, la détente et l'alcool faisant le reste, des rapprochements et affinités se dessinèrent...
Ce Von Zug est producteur mais aussi sauveur d'âmes.
Quelle destinée aussi que la sienne !
Dans la nuit profonde, quelques lueurs dans un wagon, un cliquetis de verres entrechoqués, un train continue son chemin...
FIN sur l'écran.
Les lumières se rallument.
ÉPILOGUE
Ce monument ferroviaire, emblème des histoires les plus farfelues ou dramatiques, aura marqué des destins de son créateur à son repreneur. Écrin prometteur, alliant bijou industriel et machine à rêves, il aura su traverser plaines et forêts, mais aussi luxe, crise, abandon. La consécration de ces deux mots, Orient Express, transportera toujours au propre comme au figuré.
C'est le rendez-vous de la technique, de l'histoire, de la destinée...
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