L'ORIENT-EXPRESS

Publié le 7 Novembre 2024

Le Personnage littéraire : Jean-Baptiste Noël
Cinquantaine, citoyen exemplaire vacant mais artiste à plein temps
Origine cosmopolite d'Europe, de physique plutôt sympa, subtilement élégant quoique sobre et discret
Comme il est très doué, il a gagné une grosse somme au jeu...et
...et donc a choisi le Simplon-Express pour écluser royalement ce pognon de plaisir !
Il choisit le luxueux Simplon Orient-Express qui signe aujourd'hui même la fin d'un rêve ou d'un mythe en vendant ses voitures aux compagnies Monégasques, au Maroc, en Suisse ou à Londres......
Ce Baptiste là, très sensible et réceptif reçoit cinq sur cinq les atomes infinis de ce monde fini, luxe qu'il tient à goûter en amateur gourmet...
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Deux marches atteintes ; avec une série de secousses le convoi s'ébranle, deux hommes à la fenêtre regardent le quai interminable filer dans les lumières diluées. L'Orient-Express venait d'entamer son long voyage de trois jours à travers l'Europe...

Jean-Baptiste s'engouffre dans le couloir, trouve sa chambre et s'installe dans son espace élégant minimal fonctionnel ; il proclame pour lui tout seul :

Le luxe ça me botte !!!

Il n'y a plus qu'à se fondre dans la nuit douce-amère afin de voir-venir ; là-dessus ayant sommeil il s'endort.

Alors il reçoit la visite de Arlberg son alter-ego un faune merveilleux habillé d'argent ; celui-ci le titille du bout de sa flûte et Baptiste en frissonne... Vautré de toute son envergure sur le velours rouge du divan Arlberg irradie une lumière léthargique, il observe longuement son dormeur et d' un charme confondu tous deux voguent paresseusement jusqu'aux confins des temps lointains de Carthage ensevelie.

Dans ce regard unique de noyé se dessine paresseusement en mirage, la vibration d'un convoi, un convoi d'éléphants, ces géants impitoyables qui, en passant, écrasent systématiquement des barbares, des bataillons de mercenaires, leurs boucliers en cuir d'hippopotame, leurs chevaux et leurs gens, qui en passant anéantissent insondables et inaccessibles aux fragrances du jasmin mêlées aux émanations des corps décomposés sous l’œil fixe du soleil ; accompagnés en cela par les hurlements déchirants de femmes éventrées d'enfants ensanglantés sous les rapaces criards. Le temps suspendu file à l'allure doucement rythmée du train.... insensé... si chargé... de soupirs et d'histoires... Telle une braise Arlberg en extase s'illumine et...

Cependant, embêté par quelques mouches échappées du contingent, Baptiste grimace un bâillement digne d'un faune et son œil larmoyant goutte, il en frissonne tout du long ; Arlberg a disparu du réseau le laissant entièrement nu mais enrichi d' une moustache souriante et d' un petit bouc tressé d'argent sur le menton. Sur la table de chevet ceci : une salière en cristal ciselé bouchonné d'or l'informe de son passage odorant.

 

Rédigé par Marie-Thérèse

Publié dans #Voyage

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