Jeanne passe à l'action
Publié le 20 Novembre 2024
Madame Roger Martin du Gard, la bouche en cul de poule, rouge à lèvres qui déborde, se repoudre le nez, se parfume avant d'aller se dandiner, telle une oie grasse, vers le salon le plus proche de sa luxueuse cabine.
Il est vrai que Madame n'est pas une grande marcheuse, ce qu'elle compense largement en étant une grosse mangeuse !!
Cahin-caha elle arrive, dédaigneuse à souhait, vers un large et confortable fauteuil, porte son dévolu sur une Sarah nullement intéressée par la conversation, plutôt le babillage de Madame. Sarah ne sait pas trop comment sortir de ce guet-apens quand des triplés bruyants et sympathiques débarquent.
Incroyables ! Ils sont vêtus d'un authentique kilt écossais, d'une chemise blanche à jabot, petit gilet noir, chaussettes en pure laine, coiffés d'un béret à pompon. Il ne manque plus que la cornemuse mais rassurez-vous, ils ne savent pas en jouer...
De son côté Jeanne se balade affublée de son ridicule uniforme en louchant discrètement sur Jean-Baptiste, le nouveau riche dont elle a entendu l'histoire avant de grimper dans le train.
Elle, la petite ouvrière d'usine, ne s'y trompe pas, en voulant bien faire, il en fait trop. Il est limite ridicule habillé comme un péquenot endimanché, mais un peu jalouse de sa situation quand même.
Il faudrait le séduire vite avant que ce petit ou grand poucet ne dilapide sa fortune et se retrouve sans le sou.
Il est entré gauchement dans le wagon des joueurs de poker, lui qui ne sait jouer qu'à la belote, qu'importe, il se commande un double malt avec glaçons, faisant mine de savourer le breuvage, ne buvant en temps normal que de la bière au goulot.
Jeanne semble chercher Madame, sourit à ce grand benêt qui la reluque de la tête aux pieds, des pieds à la tête, savourant en rêve les belles courbes de la petite bonne.
Jeanne ne se laisse pas démonter en lui demandant droit dans les yeux s'il n'aurait pas par hasard vu Madame.
Il est captivé, en perd son Latin en bafouillant une réponse idiote.
Jeanne sent qu'il mord à l'hameçon, lui demande de l'aide ce qu'il s'empresse de faire.
Ma petite Jeanne tu n'as que six jours et va falloir y aller à fond !!
Le contrôleur et le conducteur, entre aperçus au départ, sont des hommes charmants mais pas bien riches, je veux du luxe, pas envie de finir à l'usine comme mes copines .