La magie d'une rencontre

Publié le 5 Décembre 2024

 

Personnage

Eugénie Charpentier-Mezcua-38 ans-Veuve depuis 2 ans-Française par son père, espagnole par sa mère. Son physique est en accord avec ses origines : cheveux noirs et lisses, teint très mat, yeux de braise. Elle est de taille moyenne mais bien faite. Son caractère est affirmé. Elle n’a pas de complexe et sait ce qu’elle veut. Elle marche d’un pas décidé, sans regarder autour d’elle et sourit rarement. Déjà issue d’une famille riche elle a hérité de la fortune de son mari qui était chef d’une entreprise multinationale. Elle n’a donc pas besoin de travailler. Si elle fait ce voyage aujourd’hui c’est pour réaliser le rêve de son mari qui voulait le lui offrir pour leurs dix ans de mariage.

 

LE DEPART

Avec une série de secousses, le convoi s’ébranle. Eugénie peut souffler un peu. La matinée a été chargée et elle est arrivée à la gare à l’heure malgré les embouteillages .Heureusement le bagagiste a déposé ses bagages directement dans le compartiment. Elle peut maintenant profiter de ces instants de calme pour admirer ce qui l’entoure. Même si elle a l’habitude de vivre dans le luxe elle est éblouie par l’intérieur de ce train mythique. Sa suite est splendide : tentures de velours rouge, mobilier en acajou et tapisseries au mur dans la chambre, marbre et robinetterie dorée dans la salle de bains. Et que dire du salon où des fauteuils profonds et des tapis épais sont synonymes de confort et de détente. Eugénie sent que ce voyage qu’elle redoutait un peu du fait de sa solitude promet d’être plus agréable que prévu. Elle espère seulement que les voyageurs qu’elle va rencontrer seront à la hauteur de cette belle aventure.
RENCONTRES

Le train roule depuis quelques heures déjà. La nuit est maintenant tombée. Eugénie qui s’est bien reposée s’apprête pour le repas du soir. Elle a revêtu une longue robe de velours rouge et mis sur ses épaules un châle de dentelle noire parsemée de brillants. Elle s’est maquillée avec soin et ses grands yeux sombres brillent ce soir d’un éclat particulier. Et c’est avec une certaine excitation mêlée d’appréhension qu’elle se dirige à pas lents vers le wagon restaurant.

Le majordome posté à l’entrée s’incline devant elle et s’écarte pour la laisser entrer. Soudain, elle a l’impression de pénétrer dans un autre monde. La pièce baigne dans une atmosphère douce et feutrée : lourdes tentures aux teintes chaudes aux fenêtres, lumière tamisée sur les tables et musique d’ambiance. Les tables de deux ou quatre personnes sont recouvertes de nappes d’un blanc éclatant. Les verres en cristal et les couverts en argent scintillent sous les lumières. Le maître d’hôtel très empressé la conduit à sa table où trois personnes sont déjà installées. Elles se présentent chacune à leur tour : Joséphine Castala, Marco Morassi et Marc de Verneuil.

Eugénie qui n’a pas l’habitude de se lier très facilement étudient ses compagnons de table avec attention. Joséphine avec ses cheveux roux, ses yeux verts et sa tenue colorée lui est plutôt sympathique. Elle a d’ailleurs un avantage à ses yeux en étant moitié française et moitié espagnole comme elle. Marco est certes un très bel homme. Elle le trouve élégant et très raffiné dans son beau costume en alpaga d’un bleu sombre. Il semble très sûr de lui et conscient de son charme. Quand il lui apprend qu’il est un chef d’orchestre renommé elle espère en savoir davantage sur lui Quant à Marc de Verneuil il semble très timide et réservé et peu enclin à converser avec elle.

En attendant le début du service, Eugénie parcourt la salle du regard. Soudain elle croise les yeux clairs de l’homme assis à la table voisine. Ses traits sont réguliers, ses cheveux poivre et sel. Il lui adresse un petit sourire malicieux. Eugénie se sent rougir et troublée détourne vivement le regard. Le repas est agréable, les mets délicieux et le service irréprochable…

Le repas terminé Marco l’invite à boire un verre au bar mais Eugénie décline l’invitation. Elle se sent fatiguée et a hâte de retrouver le calme de son compartiment. Mais avant de quitter la salle elle ne peut s’empêcher de se retourner. L’homme aux yeux clairs lui adresse un petit signe de la main sans se départir de son petit sourire. Eugénie sort précipitamment furieuse de s’être retournée et rejoint rapidement son compartiment.

le vol du stradivarius
 
Arrivée dans son compartiment, Eugénie se remémore ce premier repas. Elle a trouvé ses compagnons de table intéressants et tout particulièrement ce chef d’orchestre renommé. Elle espère qu’il acceptera de jouer un morceau de violon qui est son instrument favori. Quant à l’homme aux yeux clairs l’avenir décidera de la suite à donner mais elle doit admettre avoir eu un coup de cœur pour lui. Elle se sent ce soir tout à coup plus jeune, plus joyeuse et c’est le cœur léger qu’elle va se coucher.
Elle dort depuis une heure environ quand un bruit la réveille en sursaut. Quelle heure est-il ? Sa montre indique minuit trente. C’est sans doute son voisin Marco qui rentre se coucher après sa soirée en bonne compagnie. Elle tend l’oreille mais le silence est revenu. Alors qu’elle est sur le point de se rendormir des grincements, des bruits de portes qu’on ouvre et qu’on ferme la font de nouveau sursauter. On dirait qu’on cherche quelque chose. Il est peu probable que ce soit Marco l’auteur d’un tel remue-ménage. Eugénie commence à avoir peur et envisage d’appeler le contrôleur. Mais au moment où elle s’apprête à le faire, elle entend la porte de son voisin s’ouvrir puis se refermer d’un coup sec. La curiosité l’emportant sur la peur, elle sort dans le couloir et a juste le temps d’apercevoir une silhouette, tout de noir vêtue, qui s’éloigne rapidement. Maintenant tout est à nouveau calme. Eugénie est perplexe mais elle est trop fatiguée pour émettre des hypothèses. Elle décide de remettre cela au lendemain et retourne se coucher. Dans la nuit sombre, l’Orient Express poursuit sa route…
Le lendemain matin Eugénie se rend au wagon restaurant pour le petit déjeuner. Mais en entrant elle est surprise par l’agitation qui y règne. Les voyageurs présents discutent à voix basse. Elle aperçoit le contrôleur en grande conversation avec Marco qui semble très énervé. Elle s’approche de Joséphine pour lui demander la cause d’un tel remue-ménage. Et, c’est avec stupéfaction, qu’elle apprend que pendant la nuit on a volé le stradivarius du chef d’orchestre, instrument d’une valeur inestimable. Aussitôt les évènements de la nuit lui reviennent en mémoire. Aurait-elle été témoin, sans le savoir, du vol du violon ? Et maintenant que doit-elle faire ?...
L’ENQUÊTE
Durant le petit déjeuner les conversations vont bon train. Chaque voyageur émet son opinion. Toutes les hypothèses sont évoquées, même les plus loufoques .Eugénie, elle, reste silencieuse. Elle se sent un peu mal à l’aise en pensant à ce dont elle a été témoin durant la nuit. Mais pour l’instant elle ne veut pas en parler. Alors que tout ce beau monde s’apprête à sortir du wagon-restaurant , le contrôleur intervient et fait une annonce : Tous les passagers sont priés de rejoindre le grand salon à 10h précises où les attendra le chef de la sécurité responsable du voyage. Celui-ci récoltera tous les témoignages qui pourront servir à l’enquête. Mais en attendant l’heure de la réunion les voyageurs sont invités à rejoindre leur compartiment et de ne pas en sortir.
Eugénie est contente de retrouver le calme de sa cabine et de plus avoir à afficher la sérénité qui n’est qu’apparente. En effet elle ne sait toujours pas ce qu’elle doit faire et attend la réunion avec une certaine anxiété.
10heures : tous les voyageurs sont maintenant installés dans le salon et attendent l’arrivée du chef de la sécurité. La porte s’ouvre brusquement et l’homme qui pénètre dans la pièce se présente : « Je suis Herman-Farina Edouard chef de la sécurité de l’Orient-Express. Je suis chargé de l’enquête concernant le vol du stradivarius et je m’engage à le retrouver avant notre arrivée à Istanbul.
Eugénie n’en croit pas ses yeux ! L’homme qui vient d’entrer n’est autre que le bel inconnu aux yeux clairs qui l’avait tant troublée la veille au soir. Mais aujourd’hui le sourire malicieux a disparu et le regard est froid et distant. Pendant qu’elle se remet de ses émotions M. Herman précise que certains passagers seront convoqués individuellement pour des précisions supplémentaires. Eugénie apprend avec effroi qu’elle en fait partie. Serait-elle suspectée et pour quelles raisons ?...
En début d’après-midi Eugénie se retrouve dans le salon mais seule cette fois. Elle est terrifiée à l’idée de se retrouver en face du chef de la sécurité. Quand il entre dans la pièce il la salue froidement et s’installe en face d’elle. Ses yeux bleus la transpercent. L’interrogatoire débute aussitôt.
-Que faisiez-vous hier soir entre 22h et minuit trente ?
-J’étais dans mon compartiment. Je me suis couchée tôt car j’étais fatiguée.
-Pourquoi avoir quitté la soirée alors que vous étiez invitée à la poursuivre au salon par M.Morassi ?
-Je n’en avais pas envie. Est-ce répréhensible ?
-En temps normal non. Mais cette nuit un vol a été commis et vous êtes la seule à avoir rejoint votre compartiment situé d’ailleurs à côté de celui de M.Morassi.
-Oui en effet mais cela fait-il de moi une voleuse ?
-Je n’ai jamais dit cela. J’enquête seulement. Quand vous avez rejoint votre compartiment n’avez-croisé personne ?
-Non personne.
-Et quand vous vous êtes couchée n’avez-vous rien entendu ? Des bruits, des vois ?
-Non j’étais fatiguée et je me suis endormie aussitôt.
-Bon pour l’instant je veux bien vous croire mais si quelque chose vous revient venez m’en parler.
Eugénie ressort de cet entretien épuisée. Elle est devenue l’une des principales suspectes. Pourquoi n’a-t-elle rien dit tant qu’elle le pouvait. Il faut absolument qu’elle identifie ce visiteur nocturne. Mais ce ne sera pas chose aisée…

TERMINUS

L’après-midi est un peu morose pour Eugénie. Elle se sent un peu déprimée. Aussi elle décide de ne pas se rendre au wagon-restaurant et de prendre son repas du soir dans son compartiment. Le repas terminé elle sort dans le couloir fumer une cigarette. La nuit est tombée, le silence règne. Alors qu’elle s’apprête à regagner sa cabine elle entend une porte s’ouvrir au fond du couloir. Une silhouette vêtue de noir en sort et s’éloigne rapidement. Eugénie n’en croit pas ses yeux : cette silhouette elle la reconnaitrait entre mille : c’est celle du visiteur nocturne qui sortait du compartiment de M.Morassi. Il faut absolument qu’elle sache le nom de l’occupant de ce compartiment. Elle se souvient alors que dans le bureau du contrôleur il y a le plan du train et pour chaque compartiment le nom de celui qui l’occupe. Elle décide de s’y rendre sur le champ. La chance lui sourit. Le contrôleur est dans le couloir en grande conversation avec M.Morassi. Elle entre dans son bureau, ferme la porte et consulte le fameux plan. Le compartiment au fond du couloir est occupé par Madame Roger Martin du Gard. Ce nom ne lui dit rien. Elle ressort du bureau sans être inquiétée. Elle est trop fatiguée ce soir pour entamer les recherches. Ce sera pour le lendemain.
Le lendemain matin elle se retrouve à table avec Joséphine. Au cours de la discussion elle lui demande si elle connait Madame Martin du Gard. Joséphine acquiesce et lui désigne la dame installée à la table voisine. Les espoirs d’Eugénie s’envolent car la silhouette de cette dame ne correspond en rien à celle aperçue dans le couloir, Madame Martin du Gard étant petite et rondelette et pas fine du tout. Alors que déçue elle s’apprête à quitter la table, une jolie soubrette entre dans la pièce et vient glisser un mot à l’oreille de Madame Martin du Gard. Et soudain pour Eugénie tout s’éclaire. C’est la jolie soubrette qui sortait de chez M. Morassi et c’est encore elle qu’elle a aperçu dans le couloir. Il faut absolument qu’elle explique tout cela à M. Hermann en espérant qu’il ne lui tiendra pas rigueur de son silence lors de leur premier entretien.
M.Herman accepte de la recevoir. Il l’écoute avec attention, sans l’interrompre. Son récit terminé il la remercie et lui confie que cela confirme ses soupçons. Il l’assure que le nécessaire sera fait dans la journée. Il lui demande seulement de n’en parler à personne.
Le soir au wagon restaurant, Eugénie retrouve Joséphine et Marc Morassi qui semble heureux et détendu. Ils lui apprennent que la coupable du vol a été arrêtée et que le violon a été retrouvé en parfait état. Eugénie est soulagée et accepte une coupe de champagne pour fêter cela. Une seule ombre au tableau : M. Hermann n’est pas là et elle ne pourra pas le remercier sachant qu’ils arriveront à Istanbul le lendemain matin terminus de leur beau voyage.
Il est huit heures. L’Orient Express entre en gare d’Istanbul. A l’intérieur les passagers se font leurs adieux. Alors qu’Eugénie s’apprête à descendre une main se tend vers elle pour l’aider. Eugénie sent son cœur battre plus fort : au bas des marches se tient M. Hermann avec ses yeux clairs et son sourire malicieux. Il lui propose de lui servir de guide durant son séjour à Istanbul ce qu’elle accepte avec joie…
 
EPILOGUE
Le séjour à Istanbul s’est déroulé comme dans un rêve. M.Hermann a été non seulement un guide merveilleux mais est devenu un compagnon indispensable. Eugénie a retrouvé sa joie de vivre et devant elle l’avenir lui semble désormais plein de promesses …
 
Élisabeth
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Rédigé par Elisabeth

Publié dans #Voyage

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