IL FAUT SAVOIR RÊVER

Publié le 12 Décembre 2024

 
Mon voyage inoubliable
Je me présente Marie-Judith DUPIN
Jeune femme d'une trentaine d'années, blonde, élancée, des yeux verts pétillants.
Divorcée depuis peu et grand mère attentive
Aide soignante à l'écoute, faisant preuve d'empathie  
Voyageuse le sac à dos, mais aujourd'hui je vais prendre le train, par n'importe lequel ce mythique "Orient Express", tranquillement assise ou me baladant parmi ces divers étrangers, costumés comme à l'époque du XIXe, bonjour l'aventure...
Peintre moi-même, je suis admirative de la peinture impressionniste et de la douce musique du XVIIIe.
Un ami de longue date, un peu fatigué de la vie et de ses péripéties lointaines, m'a proposé, il y a une semaine de l'accompagner où, quand, tu verras, je t'offre ce voyage pour ton anniversaire, fais les friperies et trouve des vêtements les plus improbables des années 1900.
Le 4 août, rendez-vous à Paris, je suis à l'entrée de la Gare de l'Est, mon vieil ami Eric m'attendait costume 'prince de Galles', foulard noué autour du cou, pochette et chapeau mou.
Etait-ce lui, mon Dieu, quelle surprise, il se tenait à côté de ce train bleu et or qui n'allait pas tarder à s'ébranler doucement, toute fumée impatiente et légère...
- Félicitations ! Ton ensemble est parfait, me dit-il, me faisant tournoyer, robe longue a jabot, un adorable chapeau à plumes, et une ombrelle, très bien, tu es très belle.
Nous nous frayons un chemin vers nos cabines respectives, croisant une population diverse et variée dans l'étroit couloir, des vêtements anciens, colorés mais sobres.
Déguisée, je ne sais pas, mais d'apparence charmante, un retour dans les 'Années Folles' ou fin 'Belle Epoque'.
 
"Avec une série de secousses, le convoi s'ébranla. Les deux hommes se mirent à la fenêtre pur regarder le quai interminable dont les lumières paraissaient glisser lentement devant eux.
L'Orient Express venait d'entamer son long voyage de trois jours à travers l'Europe."
 
Enfin les numéros 44 et 45 sont là devant nous, une ambiance feutrée, chauffage  draps de soie, un rêve.
Un dernier regard par la fenêtre, nous sommes encore en France.
Je m'aventure dans le couloir et suis interpellée par une personne haute en couleur à l'accent slave, avec un léger salut se présente :
- Ivanovna Pétersbourg, je suis accompagnée de ma secrétaire Miléna, je serais heureuse d'être votre 'complice' de voyage, vous ressemblez tellement à mon amie  d'enfance qui n'a pu faire cette traversée.
Un peu surprise, flattée, mais un soupçon méfiante, j'accepte.
- Spsiba ma chère, je suis à la suite 99, mais je vais au bar et vous ?
- Je vous rejoins tout à l'heure, lui répondis-je.
Eric me rejoint, je lui raconte ma rencontre.
Une odeur de cigare, un rire bruyant et toussoteux, un homme d'apparence bon enfant, mais le regard inquisiteur nous croise, nous saluant, je suis Hercule Poirot pour vous servir.
Arrivés au bar, un colonel se glorifiant de son état, buvait son whisky à grandes gorgées.
L'inconnu..
Un retour dans ma cabine afin de profiter d'un peu de silence, après les péripéties ubuesques de mes amis de voyage.
Eric frappe à la porte trois petits coups, puis passe la tête, se voulant joyeux, bien que je dénote un soupçon de fatigue.
- Dans une demi-heure au wagon-restaurant, me dit-il !
J'acquiesce. 
Mon regard se pose sur le paysage, nuit est tombée.
Je me refais une beauté, puis m'apprête à partir ; à ce moment la porte de la cabine s'ouvre violemment. Surprise, un cri sort de ma bouche..
- Qui êtes vous..? que faites vous là ?
Sûr de lui, l'homme entre un pied dans l'embrasure de la porte, l'air mécontent, puis confus, son visage tel un arc-en-ciel de mal-être, bégaie, rougit et finit par s'enfuir sans refermer la porte.
Allant d'un pas léger me restaurer, je reconnais en chemin l'étrange individu, levant les bras et divaguant seul vers son destin culinaire.
Je croise Ivanovna et Milena en pleine discussion, je leur souris, elles continuent sans me voir, pourtant le couloir est étroit, bon, bon...
Le salon-restaurant est plein il y règne une ambiance feutrée mais festive, un serveur en livrée me guide vers ma table, en fait nous serons quatre.
Un regard circulaire dans la salle, Eric n'est pas là.
Sur une nappe blanche, il y a une belle vaisselle ancienne, verres en cristal, une petite lampe de chevet rose près de la fenêtre.
Les présentations faites, le pittoresque jeune homme est assis devant moi, n'osant pas me regarder, son voisin, un personnage d'une cinquantaine d'années, médecin à la retraite sourit poliment, déploie sa serviette, la pose sur ses genoux en admirant avec envie les hors-d’œuvres présents, nous souhaitant bon appétit, le repas s'annonce excellent, Benjamin son fils sourit.
Mes yeux se posent sur une affiche nous conviant à un bal après dîner pur l'inauguration de ce train.
A la fin du repas, j'ai l'intention d'aller voir Eric, mais Benjamin me précède, je pense l'éviter mais ses yeux de chien battu, m'interpellent.
- Croyez chère madame, je suis confus de mon comportement de tout à l'heure. Je suis tellement heureux de participer à ce fabuleux voyage, je suis venu avec mon père, je me présente, Benjamin Constant, neurochirurgien à Paris.
Je n'écoute que d'une oreille ses excuses, quand le médecin du train m'interpelle, l'air consterné, m'apprenant que mon ami Eric a fait un malaise.
Posant une main amicale sur mon épaule, Benjamin me suis à l'infirmerie.
- Votre ami fait une détresse respiratoire, peut être un pneumothorax.. 
Un vol...
Le bal, cette soirée mémorable dans un tourbillon de couleurs et de robes d'un autre temps.
Mon nouvel ami, ne me quitte plus....
La première nuit dans ma cabine, cocooning de satin et de couvertures douillettes.
Je m'endors rapidement avec la cadence doucereuse du train.
De petits coups à ma porte, me réveillent, dans un demi-sommeil j'ouvre un œil, attends quelques minutes, referme les yeux, puis d'autres petites frappes se font plus intenses et urgentes.
Demandant qui est là, j'entends une voix assurée me commandant d'ouvrir.
Hercule POIROT se tient devant moi, en costume, l'air inquiet pour ma personne.
- Chère madame excusez mon insistance, mais on vient de m'informer qu'un vol vient d'être commis dans le train, l'agent de sécurité a été attiré par deux individus vêtus de noir, tels des rats d'hôtel, se  faufilant discrètement...
- Mais qu'a-t-ton dérobé, lui demandais-je, intriguée?
- Apparemment Monsieur MORASSI, violoniste de renom, cherchant le sommeil comme à son habitude, entreprend d'ouvrir l'étui de son Stradivarius, caresser son trésor, cela lui suffit à retomber dans les bras de Morphée, et oh malédiction, le violon a disparu, d’où cette effervescence, tout le personnel est en ébullition.
L'agent de sécurité, faisant appel à moi, ordonne une fouille complète des cabines, un questionnaire sur d'éventuels comportements, cela ne sera pas une délation, mais l'enjeu du délit est important. 
Hier, je vous ai vue converser avec deux charmantes personnes qui, après recherches, n'ont pas de cabines, qu'en dites vous !
Ma réponse à cette remarque conforte la réaction de ces individus lors de notre croisement dans le couloir !
A cet instant Benjamin, les yeux à moitié ouverts, les cheveux hirsutes, passe la tête, inquiet, me regardant avec un doux sourire amical.
Intervenant auprès d'Hercule POIROT, Benjamin relate son entrevue avec le violoniste au bar la veille au soir, échangeant le souvenir de mon voyage dans  la ville romantique de Venise, mon italien n'étant pas si lointain.
Après quelques verres, Monsieur MORASSI m'a avoué être ruiné, ce voyage mythique se réalisant sur ses derniers écus...
Révélation...
Les propos de Benjamin ont fait sourcilier Hercule POIROT, un regard discret vers l'agent de sécurité, qui prend note sur son petit carnet.
Soudain Ivanovna fait une apparition retentissante, c'est un affront s'exclame-t-elle, cette intrusion dans ma cabine à cinq heures du matin pour un violon!
Exaspéré, POIROT intervient, sortant la liste des passagers, demande à cette personne le numéro de sa cabine.
-Pardon, lui répondit cette dernière, prenant un air outragé, vous savez qui je suis, Monsieur!
-Justement répond POIROT, je ne sais pas, nous ne savons pas d'où vous sortez, pour le moment vous êtes une passagère clandestine.
Faisant irruption de sa cabine Monsieur MORASSI, ayant vaguement entendu une altercation, malgré des sentiments partagés entre colère,et chagrin, l’œil faiblement rougi , son pyjama à moitié ajusté, relève le doute et avoue humblement être en couple avec Ivanovna et Milena, de vieilles connaissances artistiques, rencontrées à Saint Pétersbourg, il y a quelques années.
-Très bien !
D'une seule voix, Hercule et l'agent de sécurité convient ces individus à se rendre au bureau du responsable.
Tout en vociférant des paroles désobligeantes, la petite troupe se met en marche.
Très digne dans son rôle d'accusateur, POIROT échafaude des suspicions les plus folles sur la perte de l'objet de valeur, volé, subtilisé, caché !!  
-A présent, tous les trois il faut parler, dire la vérité sur la disparition du stradivarius, afin de rétablir une ambiance convenable dans le train.
Un silence, une concertation, des regards, des bouches ouvertes, prêt à parler, des soupirs, des larmes coulant doucement.
-En fait, monsieur MORASSI prend la parole, c'est une idée saugrenue, digne d'un mauvais film, je suis ruiné, pauvre de moi ! imaginez la suite..
Et vous mesdames, comment, pourquoi s'aventurer dans un tel voyage, de cette manière, puis s'adressant à son acolyte, POIROT demande confirmation d'un appel à la police des frontières.
 
Stéphane Pierre-Brune apparaît, souriant brandissant un paquet, je l'ai trouvé !!!!
La fin d'un rêve
 -J'ai des soubresauts, des réminiscences, des dialogues avec qui, pourquoi !!
J'allume la lumière, il est trois heures du matin, en posant le pied sur ma descente de lit, je glisse, j'ai des éclairs dans les yeux, que m'arrive-t-il, un verre de lait sucré, je me rendors.
Benjamin, remis des émotions inattendues, s'est refait une apparence convenable.
-Bonjour Marie-Judith, voulez-vous prendre un chocolat et des viennoiseries avec votre serviteur, après ces rebondissements aussi soudains que désolants !
-Avec plaisir, répondis-je, acceptant sa main tendue et son baiser sur ma joue.
Toujours l'air bon enfant, mais un tantinet présomptueux de ses responsabilités passées, son cigare matinal le faisant toussoter, POIROT se joignit au groupe de passagers dégustant leur petit déjeuner.
Une ambiance bienveillante, joyeuse se fait entendre pour la fin du voyage.
Regardant par les fenêtres, certains s'exclament en chœur, l'église Sainte-Sophie dominant au loin, quelle beauté, nous arrivons à ISTANBUL en Turquie.
-Mais oui, soupire Stéphane le conducteur de cette locomotive, qui nous aura fait des surprises de dernières minutes. Joyeux, ce dernier se joint à nous, se rapprochant insidieusement de sa conquête.
Arrivés à destination du dernier pays parcouru, tout le monde se salue, s'invitant à se revoir avec plaisir.
Benjamin, toujours plein d'égards, ne me quitte plus, par la chance du bonheur, nous habitons à PARIS, je serais ravi de vous revoir bientôt, qu'en pensez-vous Marie-Judith !
Me sentant émue, je ne voulais pas lâcher sa main chaude et douce, son regard de braise me transperça d'un délicieux courant et j'acquiesçais volontiers.
 
A cet instant MORPHEE apparut et me réveilla doucement.......
 
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Rédigé par Dominique

Publié dans #Voyage

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