Cécile au wagon-restaurant

Publié le 19 Novembre 2024

 
La lumière douce, chaude, des lampes Gallé répand une quiétude rose-orangé dans le wagon-restaurant, quiétude soulignée par l'alignement impeccable des tables et chaises le long des parois du train.
Là tout n'est qu'ordre et beauté, calme, luxe et volupté, murmure Cécile, immobile  à l'entrée du wagon.
Quelques passagers sont déjà attablés. Les familles occupent les emplacements pour quatre personnes, ceux de deux étant réservés aux couples ou aux personnes seules, comme elle. Le wagon bruisse de murmures, conversations discrètes ; quelques rires viennent parfois éclater l'atmosphère feutrée.
Un serveur à la veste immaculée s'approche de Cécile, l'invite à s’assoir à une table pour deux. Cécile s'installe. La nappe blanche s'irise d'or sous la lampe. Un petit bouquet de fleurs fraiches l'égaie de couleurs mauve, rouge, verte. Son parfum subtil se perd au passage du fumet puissant d’œufs brouillés aux truffes terminant leur périple devant une élégante jeune femme aux longs cheveux roux, retenus par un ruban fuchsia. Deux superbes yeux verts croisent le regard de Cécile, un sourire courtois, un hochement de tête poli la saluent en silence.
Cécile n'ose pas aborder l'inconnue, pas encore... De plus elle n'est pas seule. A sa table, une femme raffinée et deux hommes chics, tous de grande classe, des gens de la haute, sans doute, mangent, boivent avec cette aisance propre aux aristos, milieu dans lequel notre coiffeuse ne sent sent pas du tout à l'aise.
En revanche, la jeune femme rousse lui paraît beaucoup plus accessible et sympathique. Faire connaissance et peut-être l’entrainer à enquêter avec elle sur les deux énigmatiques messieurs lui plairait bien.
D'ailleurs, les voilà les deux messieurs... qui sont trois, en fait ! Trois quidams se ressemblant tellement qu'ils deviennent interchangeables. Drôles de types ! Pas discrets ce soir avec leurs kilts et leurs longues chaussettes ! Cécile a un doute... qui se transforme vite en certitude : ces trois-là ne sont pas les deux inquiétants bonhommes du départ. Elle en est obnubilée au point de les voir partout ! Calme-toi, ma vieille... Mais quand même... ces trois-là... drôles de types...
Ils prennent place à une table de quatre, éclipsent de leurs gesticulations bruyantes la douce lumière, laissant s’infiltrer, encadrée par ses lourds rideaux de velours rouge sombre, une fenêtre noire de nuit.
Cécile frissonne. Papa démêlera tout ça...
 
 

Rédigé par Mado

Publié dans #Voyage

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article