UN MONDE D’AILLEURS
Publié le 9 Octobre 2024
Si le temps devait s’arrêter, c’est là que je voudrais rester. Allongée au soleil sur la plage à ne rien faire. Sous mon chapeau de paille, les yeux fermés, je me sens prisonnière d’un sentiment ouatée de béatitude. Un galet rond et chaud s’est réfugié dans ma main. Un autre s’est glissé sous mon omoplate mais il ne me dérange pas. Je suis bien. Je ne bouge pas... Je suis ailleurs.
Un léger souffle de brise caresse, avec malice, ma peau encore mouillée. Éprise de liberté, une goutte d’eau se faufile sur ma peau en se créant un chemin jusqu’à mon ventre. Ce-faisant, la coquine me chatouille et me fait frissonner. Aux loin, le rire des enfants se marie avec le bruit du ressac qui donne et reprend la mer à qui veut s’en saisir… Moi, je respire à peine pour ne pas troubler l’instant présent.
Le parfum vanillé de ma crème solaire aiguillonne mes pensées en me ramenant à des souvenirs d’autres plages où des instants identiques prenaient le temps d’être vécus. Ces journées passaient très vite, pourtant elles donnaient l’illusion de durer une éternité. C’était, peut-être, parce que ma jeunesse m’interdisait de réaliser le privilège que j’avais de vivre ce bonheur ? Il est vrai que le présent me conforte, maintenant, dans la réalité des heures qui passent... Je ne peux m’empêcher d’en prendre conscience…
Malgré les efforts de cette petite brise passagère, un soleil de plomb se plaît à nous écraser et la chaleur nous accable. J’ai soif et mes lèvres sont sèches. J’essaie de passer ma langue sur elles mais tout ce qu’elle rapporte c’est du sel marin qui me pique. Je me résous, alors, à déléguer ma main à tâtons, pour attraper ma gourde. L’eau est encore fraîche. En la buvant je me sens revivre. Une rivière, digne du nectar des dieu inonde l’intérieur de mon corps.
Mon chapeau de paille toujours installé sur mes yeux fermés, je me laisse envahir par mon moi intérieur et tout ce qui si passe. Je suis bien... Alors je m’endors…
Mais étais-je éveillée ???