Tiens un truc en plume !
Publié le 26 Octobre 2024
Un déménagement, quelle corvée ! Mais aussi quelle charnière de vie : changement de décor, objets destinés au rebut ou à une seconde vie, réappropriation d'un espace différent... c'est tout cela à la fois, c'est vrai ;
Sauf qu'aujourd'hui il m'a été échu cette obligation incontournable de débarrasser l'appartement de ma défunte tante donc pas d'euphorie au rendez-vous !
Combien d'émotions à l'effleurement d'objets l'ayant accompagnée durant sa vie car, connue pour être d'un naturel très conservateur, ceux qui me tombent sous la main ont largement subi l'outrage du temps et qui sitôt déplacés tombent en ruine pour la plupart.
Pour ces derniers pas d' autre choix que le rebut ; pour d'autres, après sélection, je me ferai un point d'honneur à les garder en souvenir d'elle...
Tout comme cet accessoire à plumes, non pour sa valeur marchande mais plutôt pour la représentation intrinsèque de la plus belle époque de sa vie : quelques plumes couleur jais montées sur un serre-tête et voilà la finition parfaite d'une tenue toute sophistiquée, l'incarnation pure de sa personne : ma tante, femme au tempérament pétulant, avait fait de la scène son terrain de prédilection. A la fois comédienne, chanteuse, elle détenait du temps de cette splendeur une garde-robe fournie afin d'endosser pour chaque rôle, chaque spectacle, chaque chanson une tenue adéquate.
Les costumes bien sûr, mais également tous les accessoires s'y afférant : souliers, chapeaux, bijoux et autres fanfreluches indispensables au rendu voulu du personnage.
Tous les thèmes scéniques s'entassaient dans ses placards.
Mais la vie nous réserve ses tournants et lorsqu' elle fut dans l'incapacité d'assumer la personnalité publique qu'elle s'était forgée, elle préféra disparaître de ce milieu ;
Il lui fallu ainsi se défaire de toute sa garde-robe ; à quoi bon conserver ces "partenaires" de vie puisque jamais plus elle ne foulerait les planches ? Ce fut à grand' peine et par étapes qu'elle s'y résigna.
Petit à petit ses placards respirèrent enfin le vide tandis que le chagrin et la nostalgie la taraudaient au cœur.
Elle réussit finalement à se défaire de la majorité de ces souvenirs encombrants.
Cette coiffure aurait-elle échapper au tsunami du grand débarras ?
J'ai également retrouvé d'autres souvenirs de sa fastueuse époque.
Mais cette aigrette m'interpelle plus particulièrement car, au dire de mon père, ma tante a vécu de l'enfance à l'âge adulte - le croirez vous - sans pouvoir supporter le contact d'une plume ! une phobie plus qu'une allergie car plus mentale que symptomatique. Jamais personne n'aurait pu imaginer qu'un jour elle se parerait d'harnachements plumeux, incontournables déguisements des cabarets. Et pourtant... Ceci dit, cela lui a valu un effort physique et spirituel surhumain qui la surprit elle-même, la comblant de bonheur par la suite d'avoir ainsi vaincu sa phobie.
Alors je vous le dis, cette aigrette, c'est la grande victoire de ma tante.
Mais au fait pourquoi cette réticence à toucher ce qu'il y a de plus doux, de plus léger, de plus aérien ? ce n'est ni une araignée ni un serpent; ce n'est ni repoussant ni abject alors... ?
À l'origine de cette intolérance un épisode fâcheux de son enfance.
Celui-ci ne manquera pas de remonter à la surface en son heure au cours des nombreuses découvertes que je ferai au sein de cette caverne d'Ali Baba. Car ici tout n'est qu' ors et paillettes à l'instar de sa pétillante existence...
Tout comme cet accessoire à plumes, non pour sa valeur marchande mais plutôt pour la représentation intrinsèque de la plus belle époque de sa vie : quelques plumes couleur jais montées sur un serre-tête et voilà la finition parfaite d'une tenue toute sophistiquée, l'incarnation pure de sa personne : ma tante, femme au tempérament pétulant, avait fait de la scène son terrain de prédilection. A la fois comédienne, chanteuse, elle détenait du temps de cette splendeur une garde-robe fournie afin d'endosser pour chaque rôle, chaque spectacle, chaque chanson une tenue adéquate.
Les costumes bien sûr, mais également tous les accessoires s'y afférant : souliers, chapeaux, bijoux et autres fanfreluches indispensables au rendu voulu du personnage.
Tous les thèmes scéniques s'entassaient dans ses placards.
Mais la vie nous réserve ses tournants et lorsqu' elle fut dans l'incapacité d'assumer la personnalité publique qu'elle s'était forgée, elle préféra disparaître de ce milieu ;
Il lui fallu ainsi se défaire de toute sa garde-robe ; à quoi bon conserver ces "partenaires" de vie puisque jamais plus elle ne foulerait les planches ? Ce fut à grand' peine et par étapes qu'elle s'y résigna.
Petit à petit ses placards respirèrent enfin le vide tandis que le chagrin et la nostalgie la taraudaient au cœur.
Elle réussit finalement à se défaire de la majorité de ces souvenirs encombrants.
Cette coiffure aurait-elle échapper au tsunami du grand débarras ?
J'ai également retrouvé d'autres souvenirs de sa fastueuse époque.
Mais cette aigrette m'interpelle plus particulièrement car, au dire de mon père, ma tante a vécu de l'enfance à l'âge adulte - le croirez vous - sans pouvoir supporter le contact d'une plume ! une phobie plus qu'une allergie car plus mentale que symptomatique. Jamais personne n'aurait pu imaginer qu'un jour elle se parerait d'harnachements plumeux, incontournables déguisements des cabarets. Et pourtant... Ceci dit, cela lui a valu un effort physique et spirituel surhumain qui la surprit elle-même, la comblant de bonheur par la suite d'avoir ainsi vaincu sa phobie.
Alors je vous le dis, cette aigrette, c'est la grande victoire de ma tante.
Mais au fait pourquoi cette réticence à toucher ce qu'il y a de plus doux, de plus léger, de plus aérien ? ce n'est ni une araignée ni un serpent; ce n'est ni repoussant ni abject alors... ?
À l'origine de cette intolérance un épisode fâcheux de son enfance.
Celui-ci ne manquera pas de remonter à la surface en son heure au cours des nombreuses découvertes que je ferai au sein de cette caverne d'Ali Baba. Car ici tout n'est qu' ors et paillettes à l'instar de sa pétillante existence...