SOLOFO
Publié le 17 Octobre 2024
En feuilletant diverses revues de presse et journaux dans un moment d'ennui profond, ma pensée se fixe soudain sur ce visage fraternel, familier... pourtant je ne le connais pas ; je fouille un peu et m'aperçois qu'il fallait accrocher le visage avec ses poèmes que j'ai souvent écoutés
Insulaire du tropique du capricorne, né aux alentours de 1900, né après le processus de colonisation française pratiqué en ce temps-là, sa famille a subi comme tant d'autres les spoliations pour certains, l'humiliation pour d'autres, sans compter les traumatismes infligés sur ce grand peuple …
Du coté paternel il n'a pas connu son père biologique mais son oncle est une personnalité politique de l'île et fervent religieux protestant, cependant lui-même se convertit au catholicisme et fréquente l'école des jésuites puis s'en fait renvoyer et devient anti-chrétien, car cet homme dont je vous parle n'est qu'un poète !
Sa mère est d'origine Mérina (langue Imérina austro-nésienne du nord de Madagascar faisait partie de la branche malayo-polynésienne ) ; il est très proche de sa mère...
Ce personnage touchant avance résolu et têtu dans la vie, autodidacte, il absorbe, vorace, plusieurs langues, éclectique dans ses goûts et choix de lecture, il est amoureux des mots avant de comprendre les linéaments qui bâtissent la langue, il aime le français, le français des poètes et artistes bien sûr et sur son chemin littéraire rencontre le symbolisme puis croise le surréalisme qui influence sa prose sans entacher pour autant son âme insulaire, son folklore et sa géographie.
Ce poète maltraité par l'adversité sans la providence, a subi, impuissant, le colonisateur français et projette enragé de devenir citoyen français en y travaillant certes mais aussi car il rêve mais c'est un rêve d'échanger et d'enrichir son patrimoine, bref il veut grandir quoi !
Au pays, sans titularisation il travaille au journal, écrivain, traducteur, correcteur... Il peut ainsi arriver à faire ces publications telles que : ' anthologies de la poésie malgache' et collabore à deux revues littéraires : 18 Latitude Sud et Capricorne...
Lors de l'exposition universelle de 1937, il eut l'espoir de représenter son pays mais cela lui fut refusé et sa déception est vive.
Blessé, le poète est ce grand enfant qui s'adonne au jeu, à l'opium, perd le soutien moral de sa famille, de ses cinq enfants adorés qui ne peuvent rien pour lui !...
il ne quittera jamais son île tant aimée, alors il dit adieu à son monde, à ses manuscrits, ses chants, ses amours, ... consciencieux... programme... son suicide... au cyanure... dans son journal et... s'éteint ;
Il a quoi : même pas 40 ans ?
Ce Solofo Malgache c'est Jean-Joseph Rabéarivelo
Poète on l'appelle Rabe H V
Vous pouvez lire ses publications traduites en plusieurs langues