« On ne sait jamais ce que le passé nous réserve »
Publié le 22 Octobre 2024
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J'ai grimpé la côte. Le cœur battant à chacun de mes pas. Et chaque pas engendrait des pensées contradictoires. A la légèreté de mon corps assouvi, succédait une gravité nouvelle de mon âme. Sol m'attendait chez lui. Tom me laisserait partir avec son élégance naturelle et son inclination pour la fatalité. Je me surpris à désirer qu'il me retienne. Nos invités avaient déserté les lieux. D'en bas me parvenait l'écho affaibli et mélancolique de mon morceau préféré de Schubert l'andante con moto par le trio Wanderer.
Tomer se tenait debout sur la terrasse, costume froissé, les yeux rougis, le visage défait.
Il me voit, se redresse instantanément mais n'a pas le temps d'essuyer ses larmes.
- « Tu m'attendais.. J'aurais pu ne pas rentrer Tom »
« Tu es libre Satine, moi libre de t'attendre, d'espérer et de t'attendre »
« Mais jusqu'à quand »
« Que mon attente devienne oubli »
« Arrête de me faire mal avec ton malheur digne, trop digne, c'est insupportable »
« Agir autrement me perdrait. Plus de pilotage automatique de mon existence, et, malgré tout, je tiens à mon existence que je ne saurai plus définir si....
« Si ? »
….
« Si »
« Si tu n'habitais plus mes jours. Si tu n'habitais plus à côté de mes nuits. Ces nuits à mes côtés que tu désertes. Mais je me lève, je colle mon oreille à la porte de ta chambre, j'entends ton souffle régulier et le mien se pose sur le tien. A l'unisson. Je m'en retourne apaisé. Triste mais apaisé. Tu es toujours là.
Satine reste là immobile, droite dans sa jupe et ses jupons humides de sel, alourdis par le sable.
Elle n'ose briser le cristal fragile des mots de Tomer. Le voyage d'hiver de Schubert , la valse triste dans la voix de Tomer.
« Tom, puis-je caresser ton visage ? »