Le chant de Mara

Publié le 22 Octobre 2024

 
L’océan est le poumon bleu de la planète, là où la lumière peine à percer sa surface.
Mara, la baleine à bosse, vit dans ces profondeurs où l’on émet des sons dont elle a le secret. Sous les vagues puissantes, les abysses en éveil, elle zigzague au milieu du corail qui survit difficilement au cri des continents. Il est étouffé par le rugissement lointain des moteurs. Ce bruit envahit l’espace autrefois sacré, perturbant les échos des chants des baleines et les mélodies subtiles des récifs.
Mais ce que préfère Mara par-dessus tout c’est le tumulte qu’elle seule peut capter. Le grondement sourd des montagnes sous-marines qui se déplacent lentement comme si la terre exhalait de profondes respirations. Autour d’elle, les poissons sifflent, les écailles luisantes, ode gracieuse destinée aux élégantes sirènes. Les algues s’enlacent au gré des courants, guidées par la main délicate d’un chef d’orchestre invisible, veillant sur les trésors de l’océan.
Elle aime entendre le froissement des crabes qui se faufilent dans les rochers, où le clapotis nourri des vagues caresse les bancs de corail.
Un jour, alors qu’elle descend dans les profondeurs, elle entend un son étrange, inconnu, comme un battement de cœur, plus profond, plus puissant. Intriguée, elle plonge dans les entrailles de ce monde marin. Elle est éclairée par une lumière mystérieuse qui l’oblige à fermer les yeux. L’océan silencieux devient plus froid, elle n’est pas rassurée. Elle réalise soudain que l’océan n’est pas simplement un lieu foisonnant de vie, mais une mémoire bavarde grondant telle un volcan qui chante sa propre mélodie.
Apaisée, elle remonte à la surface. Pour échapper à cette oppression acoustique, elle prend de l’élan et jaillit hors de l’eau. D’un coup puisant de sa queue immense, elle fend la surface offrant un saut majestueux. Son corps s’élève, courbé dans l’air, avant de retomber dans un fracas d’écume envoyant des vagues autour d’elle. Elle se sent vivante, reconnectée à l’océan, malgré les altérations sonores qui s’insinuent chaque jour davantage.
Elle pense pouvoir évoluer en eaux claires mais elle se trouve confrontée dans des ondes troublées par l’homme négligé.
Le plastique dérive, spectre sans visage, nuisible, tissant sur l’océan un funeste ravage. Il laisse une empreinte indélébile sur ce royaume autrefois vierge.
Pourtant au milieu de ce tumulte, l’espoir trace des cercles fragiles ce qui incite Mara à chanter :
 
Océan immense, miroir de nos âmes
Garde ton éclat, préserve ta flamme.
    Que l’homme entende ton appel discret
     Te laisse survivre en secret dans la paix.
 
 
 

Rédigé par Josiane

Publié dans #Patrimoine & Méditerranée

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