Plantes en chaleur
Publié le 3 Septembre 2024
Canicule ! Ils ont bien dit... Canicule. Pour une fois, on est dans le vrai du vrai. Deux heures du matin, suant comme au sortir d’un sauna, je quitte mon lit. Le balcon me paraît être une bonne option. Accoudé à la rambarde, je ferme les yeux et je me concentre sur le moindre filet d’air qui a la bonté de frôler mon nez.
Le silence de la nuit est presque réconfortant, pourtant je crois deviner quelques murmures insolites qui parviennent jusqu’à moi.
- Attention ! Il est là. Remarque il a l’air de dormir debout.
- Tu crois Bali qu’il penserait à nous arroser un peu ?
- Ne m’appelle pas Bali. Je suis un vrai basilic Romain. Appelle moi, simplement Basilicum, ça m’ira très bien. Quand je pense certains m’appellent Balico... Franchement, pour une plante de ma qualité. Tu te rend comptes Hibis ?
- J’ai l’impression que tu ne sais pas à qui tu parles... Hibis… Le diminutif le plus vulgaire que j’ai jamais entendu. J’appartiens à la noble famille des Malvacées. Hibiscus ! Voila un nom qui fleure bon la noblesse. Chaque jour je donne le maximum de moi-même. Toutes mes fleurs sont aussi belles qu’éphémères et…
- EH ! Doucement, tu parles de toi avec emphase, mais j’existe depuis la nuit des temps et contrairement à un certain Hibiscus, je suis un médicament et j’apporte également, toute ma saveur à la nourriture des hommes. On prend mes feuilles et elles sont pilées avec de l’ail dans un mortier en marbre. Mes sucs envahissent l’environnement et de ce fait on ne peut m’ignorer. La où je suis, je suis partout chez moi et…
- Il y a Romarin qui fait la gueule. Déjà qu’il n’est pas content d’être à coté de Cactus oursin….
- Je ne fais pas la gueule. Mais à vous entendre, on dirait que vous êtes seuls sur terre. Commencez par ne pas oublier que vous êtes dans un pot et que votre espace vital est plus que limité. Moi aussi j’apporte à leur nourriture les bienfaits de la nature et je n’en fais pas un flan. Quant à cactus, communément appelé « Coussin de belle mère « Je le laisse dormir. Il a une espérance de vie de plus de trente ans, donc je me fait une raison. Et…
- Oui mais…
- Encore que…
- Moi ce que j’en dis…
- Ferme-la Romarin, tu n’as rien compris…
- C’est toujours les mêmes qui la ramènent sur ce balcon..
Etc et Etc….
Il ne faut plus que je boive une goutte d’alcool avant de me coucher. Je vais me rafraîchir avec un grand verre d’eau glacée et vite au lit. C’est certainement ma tête qui me joue des tours. Fermons les yeux et fuyons…
- Nous lui avons fait peur…
- Je ne comprend pas pourquoi.
- Il n’a pas l’air d’être dans son assiette
- C’est la faute à Romarin, je l’ai toujours dit.
- Oh toi, dès que tu peux accuser quelqu’un…
- Bon fermez-la ! Il va faire jour, il est temps de se reposer. La nuit prochaine sera une autre nuit.
- J’ai l’impression qu’il va pleuvoir.
- Tant mieux !