DIEU ET LES HOMMES

Publié le 25 Septembre 2024

 

Il avait l’air sympathique et un sourire discret donnait une franche luminosité à son visage. Ses yeux noirs capturaient tout ce qu’ils effleuraient. Son allure était celle d’un personnage conscient de son importance. Habillé avec élégance, il dégageait une modestie de bon aloi associée à une gestuelle naturelle à laquelle on ne pouvait rien reprocher. Bref ! C’était un beau mec. Martine, assise sur ce banc du jardin d’enfant, avait fait le tour des qualités de ce homme, mais ne s’attendait pas à ce qu’il se dirige vers elle.

- Bonjour Madame. Me permettez-vous de m’asseoir à vos cotés sur ce banc qui me semble très accueillant ?

- Monsieur, le parc est à tout le monde...

Prise au dépourvu par son approche, elle cherchait ses mots avec difficulté et peinait à ne pas avoir l’air gourde. Pourtant, belle femme, habituée à attirer l’attention des hommes, elle se trouvait comme paralysée par une force surnaturelle qu’elle ne s’expliquait pas.

- Merci Madame. Mes vieux os fatigués vous remercient.

- Je vous en prie. C’est normal de vouloir se reposer après un effort. Dieu ne nous a pas fait «Infatigables».

- Dieu ? Il vous a faite, dites-vous ? Racontez moi, je suis curieux de nature et ce que vous dites m’intéresse au plus haut point.

- Mais Monsieur, Dieu a créé toutes choses et a modelé l’homme à son image et…

- Martine ! Vous êtes-vous posé la question suivante : Qui a créé Dieu ? Voilà une question intéressante. Ne croyez vous pas que le problème de la poule et de l’œuf est toujours d’actualité ?

- Ce n’est pas compatible avec ce que la religion m’a appris. Les livres et les écrits sacrés nous donnent toutes les réponses. Et puis, qui vous a donné mon nom ?

- Je sais tout ! Je sais aussi que ce sont les hommes qui ont écrit les livres que vous citez. Les hommes qui vous prennent par la main et qui vous entraînent sur les chemins qu’ils ont choisis. Ce sont les mêmes qui décident de ce qui est bien ou mal. Ils disent que Dieu les a créés à son image. De deux choses l’une, ou ils ont de Dieu une image très médiocre ou alors ils sont d’une prétention sans nom qui les sert à vous dominer et à vous faire plier le genou devant eux.

- Monsieur, vos paroles me troublent et je ne sais quoi penser. Vous êtes diabolique.

- Peut-être ! Mais la question n’est pas là. Si Dieu vous a vraiment créés, rappelez-vous qu’il vous a chassés de l’Éden parce que vous avez prétendu avoir accès au savoir. Il vous a condamnés à la souffrance, il vous a donné la procréation en vous condamnant à souffrir pour donner la vie. Moi j’ai créé l’amour, les sentiments, la beauté et l’épanouissement de la connaissance à qui veut l’acquérir.

- Qui êtes-vous ? A vous entendre, on se pose des questions qui refusent les réponses. Qui a donné la vie à qui ? Allons répondez !

- Les hommes ont donné la vie à Dieu. Ils ont commencé avec des totems érigés sur les places des villages, affublés de faces grotesques destinées à faire trembler les humbles au profit de ceux qui ont su les sculpter. Ensuite Dieu, qui n’en demandait pas tant, m’a créé pour superviser cet amalgame de pensées nocives et néfastes… C’est, à mon avis, ce qu’il a fait de mieux. Les hommes m’ont affublé des noms les plus divers et m’ont représenté, le plus souvent, comme un bouc cornu avec des sabots. Ils ont inventé les sorcières pour donner libre court à leur cruauté. Ils ont inventé l’Inquisition et les représentants de Dieu s’en sont donné à cœur joie pour brûler des pauvres femmes dont la seule faute était d’être vieilles et misérables. Ils m’ont accusé de tous les maux alors que ce sont eux les seuls coupables. Dès qu’ils ont fait connaissance avec l’argent, le pouvoir de la richesse a poussé les plus forts à frapper les plus faibles pour s’emparer de leurs biens. Encore aujourd’hui ils passent leur temps à se tuer les uns les autres et toujours au nom de Dieu. Vous avouerez, chère Martine, que je ne dis que la vérité et que je n’invente rien.

- Monsieur, il se fait tard et il est l’heure pour mes enfants de regagner la maison. Souffrez, que je vous quitte, j’ai besoin de réfléchir.

- Bonsoir Martine nous nous reverrons, mais n’ayez crainte, vous ne ferez que passer devant ma demeure. Le temps de prendre un café que je vous offrirai avec plaisir. Je parlerai de vous à qui de droit. Je ne suis pas si méchant, les hommes ont eu besoin d’un contrepoids pour compenser leur bêtise.

Les questions, vous vous les poserez à votre réveil.

 

 

 

 

Rédigé par Fernand

Publié dans #Divers

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