La ville rêvée... ou... pas !

Publié le 20 Août 2024

 

Enfin ! J’y suis. Quelle merveille. Des années que j’attends ce moment. Mes vœux les plus chers se réalisent. Voir la ville du bonheur, m’en imprégner par tous les pores de la peau, la saisir avec mes yeux et prendre possession de tout ce qu’ils voient. Des grandes avenues baignées par un soleil ardent qui règne sur un ciel qui n’en finit pas d’être bleu, et bordées d’arbres offrant une ombre bienfaisante aux promeneurs nonchalants. Tous vont et viennent sans se presser. Le temps semble leur appartenir, le calme qui rythme leur vie fait partir de leurs habitudes. Des maisons magnifiques aux balcons fleuris peuplent toutes les places de la cité. Partout des jardins d’enfant raisonnent de leurs cris de joie ou de chants de comptines propres à concurrencer les oiseaux qui donnent leur récital, perchés sur les branches de magnifiques végétaux exotiques aux senteurs paradisiaques.

J’avance lentement, en me nourrissant de ce spectacle permanent. Mon regard va de gauche à droite et de droite à gauche. J’ai peur d’en perdre des miettes et je tremble à tous les croisements de ne pas savoir ou diriger mes pas. Pourtant, quelque chose me dit que ce chemin a été tracé pour moi. Une puissance, forte et douce, m’a pris par la main et me guide. Je me laisse aller, mes pieds touchent à peine le sol, j’ai l’impression de voler comme un papillon qui va de fleur en fleur prendre et apporter la vie.

Depuis quelques instants ma vue se brouille, et la ville s’estompe comme dans un brouillard montant du sol. Un mur vient de se matérialiser à ma gauche et à ma droite. Pas d’échappatoire, la destination qui m’est offerte ne supporte pas les traverses. Le sol est pavé de grosses pierres humides qui retiennent des flaques d’eau saumâtre, souvenir sans doute, d’orages violents accompagnant les âmes égarées en ce lieu peu accueillant. Les murs sont ceux d’un château du Moyen Âge, mais sans meurtrière, uniforme, pas d’ouverture, rien à voir ! Mais où est ma ville ? Celle de la joie de vivre, du bonheur, telle qu’elle m’est apparue... Celle des enfants, des jardins, des monuments, des fleurs...

Un silence étourdissant vrille mes oreilles, je suis seul, seul avec moi même. J’en ai rêvé de cette belle ville et elle me laisse, elle m’abandonne... J’ai envie de pleurer. Je marche, je marche... je marche pour je ne sais où... pas à pas, l’un après l’autre.

Un bruit vient à moi. De loin. Un roulement de sabots sur les pavés. Je me retourne et je vois un cavalier chevauchant un grand cheval noir. Il me voit lui aussi et tire sur les rênes pour arrêter sa monture à ma hauteur.

- Tu viens de la ville ? me demande t-il.

- Oui, c’était la ville que je voulais visiter depuis des années. Et tout d’un coup je me suis retrouvé ici sans savoir pourquoi.

- C’est normal. Tu vas aller où on t’attend. J’ai fait comme toi et mon chemin à pied a été long très long. Des années, des lustres, je ne sais plus. Des siècles, peut-être... La reconnaissance de mes fautes et mes regrets sincères m’ont valu la récompense d’un cheval pour continuer ma route. C’est un brave compagnon. Nous nous comprenons sans parler et grâce à lui ma pénitence sera plus facile à supporter. Fais ta route sans te poser des questions, la ville sera ton but, mais elle sera aussi loin que tes fautes seront lourdes à expier… Je te laisse car j’ai encore beaucoup de chemin à faire, je commence à savoir ce que veut dire le mot «  Éternité » Adieu ! Bonne route... Courage !

Ma ville ! J’en rêvé et si j’ai bien compris je dois la gagner. Mais, en fait ! Où suis-je ?

 

 

 

Rédigé par Fernand

Publié dans #Les sujets de l'été

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