NOBLE ou IGNOBLE, ? Plastique, tu es partout ! Pourra-t-on un jour te remplacer ?

Publié le 19 Juin 2024

 
NOBLE ou IGNOBLE, ? Plastique, tu es partout ! Pourra-t-on un jour te remplacer ?
 
« Je jette ces quelques mots sur mon journal intime, nous sommes le jeudi 28 mars 2024. Je suis triste et, les larmes aux yeux, mes pensées s’envolent. Je reviens sur notre rencontre, aux prémices d’une complicité que je pensais tout en douceur, sans effet pervers. Dès le début, tu m’as séduite, sans réfléchir, je t’ai adopté. Charmeur, tu as su te rendre indispensable, incontournable auprès d’un public qui jouissait de ta venue. Tu as transformé ma vie, et celle de beaucoup d’autres, tu l’as facilitée, oh oui, bien simplifiée. Mais qu’en est-il aujourd’hui ?  Un bilan s’impose !
Noble ou ignoble ? Plastique, tu es partout ! Pourra-t-on un jour te remplacer ?
Pour me forger une opinion, je me dois d’explorer avantages et inconvénients de ce matériau qui a complètement transformé notre mode de vie. D’une praticité indéniable, tu t’es infiltré dans tous les domaines et ton utilisation quotidienne te rend difficilement remplaçable. Et pourtant ! Tour à tour, pollution visuelle ou silencieuse et invisible, tu as envahi l’espace et pollué notre planète bleue. La santé publique et l’environnement se disent menacés. Alors trouver des solutions pour sauver cette terre qui se meurt, n’est-ce pas « LE » défi primordial à se lancer ? »
Bienvenue dans notre quotidien
Il est loin le temps où les hommes utilisaient les propriétés plastiques du caoutchouc, de l’ambre, de la corne ou encore des écailles de tortue. Avant d’être modifiées chimiquement, ces matières premières non fossiles ont permis de fabriquer une grande variété d’objets en plastique d’origine naturelle. Puis ce fut le tour de la gomme de caoutchouc, de la nitrocellulose commercialisée sous le nom de celluloïd, utilisée comme support dans les pellicules photographiques, mais aussi pour remplacer l’ivoire ou la corne dans la fabrication d’ustensiles de cuisine, de bijoux, de boules de billard, de balles de ping-pong ou de poupées. Facilement inflammable, elle fut remplacée par la galalithe utile pour la fabrication de boutons, boucles de ceinture ou manches de couverts. Puis vint la Bakélite, considérée comme le premier plastique synthétique produit industriellement. Elle sert à la fabrication d’ustensiles de cuisine, de téléphones, de bijoux, elle est aussi utilisée comme isolant dans l’industrie électrique. La révolution du plastique voit véritablement le jour au début du vingtième siècle avec le nylon, le perlon, le polyamide et le polyester, fibres textiles entièrement synthétiques qui permettent la création de vêtements, bas de femmes, parachutes, brosse à dents, ruban adhésif, disques vinyles (PVC). Les bouteilles en polyéthylène souple évincent celles en verre pour les shampoings et savons liquides. Plus de consignes, quel bonheur ! Peu à peu, les matières plastiques détrônent les matériaux naturels rares et coûteux et la production de masse est en route. A cela, il faut rajouter notre mode de vie. Les familles nombreuses disparaissent au détriment de la monoparentalité, du célibat, de la dénatalité. La femme travaille et cuisine peu ou pas, on déjeune sur le lieu de travail. Qu’à cela ne tienne, les industriels proposent des portions alimentaires réduites, des plats préparés, des contenants unitaires à usage unique et des couverts jetables. De l’emballage alimentaire aux composants électroniques, le plastique est partout dans le secteur médical, la mode, l’automobile et le bâtiment. Pour répondre à la demande, 350 millions de tonnes sont nécessaires dans le monde auxquels on ajoute 70 millions de tonnes pour le textile, c'est-à-dire 10% de la ressource pétrolière. Certains de nos scientifiques parlent de « plastisphère ». Ce terme désigne les écosystèmes constitués en grande partie de composants plastiques créés par l’homme. C’est dire l’ampleur du phénomène !
A ce propos, connaissez-vous « la soupe de plastique » ?
C’est le « visible »
Pour ceux qui ignorent son existence, il s’agit du huitième continent. Sachez qu’il ne ressemble à aucun des sept autres. Imaginez une étendue de plastique et de détritus flottant sur les océans, dévorant tout sur son passage, eh bien, c'est lui ! Formé de cinq gyres, il déambule tranquillement au fil de l’eau et, grâce à nos actions irresponsables, il prospère lamentablement, menaçant la survie de la terre. Alors me direz-vous, quelle importance ? N’est-il pas éloigné de nos côtes ? Malheureusement, bien au-delà des déchets qui jonchent certaines plages du littoral, les conséquences de cette décharge sauvage se révèlent catastrophiques. Mammifères, tortues, oiseaux confondent déchets et nourriture, résultat ? Les résidus qu’ils ingèrent, obstruent leur système digestif et c’est la mort assurée. Ainsi, si actuellement, disparitions d’espèces, contamination de l’eau, des plages et maladies sont au programme, les dégâts seront beaucoup plus importants si l’on ne change rien. D’autant que la pollution plastique en surface ne représente qu’un, deux voire trois pour cent de la totalité, le reste est au fond, lamentable !
Mais, pire encore : les invisibles
Ignorés, longtemps sous-estimés et pratiquement absents des études sur les microplastiques, les nanoplastiques. Ce sont de minuscules fragments issus de l’usure, de l’abrasion ou d’autres formes de dégradations du plastique. Facilement ingérés par les moules, les huitres, les crevettes, ils contaminent toutes les chaines alimentaires et s’ils représentent le type de déchets marins le moins connu, ce sont les plus dangereux. Introduits dans l’eau, l’air ou les sols, ils peuvent s’inhaler ou s’ingérer via des aliments contaminés. Des fragments de taille variée sont retrouvés dans le système digestif de presque tous les grands animaux marins. Chaque objet en plastique pouvant donner naissance à un très grand nombre de nanoplastiques, la contamination de l’environnement naturel, terrestre, aérien et marin, sans oublier nos organismes, ira, malheureusement, crescendo. Quelques exemples sont révélateurs et nous alertent sur le danger encouru. Une étude de 2019 a montré que le thé infusé dans les sachets « soyeux » synthétiques contient des milliards de nanoplastiques et qu’infuser un sachet à 95°, libère environ 11,6 milliards de microplastiques et 3,1 milliards de nanoplastiques dans une seule tasse ! Au Groenland, dans un névé à 14 mètres de profondeur, des nanoplastiques ont été trouvés dans une carotte. La banquise antarctique n’est pas épargnée pour autant, ni même l’Arctique où des résidus d’usure de pneus ont été retrouvés. De quoi réfléchir, non ?
 
N’oublions pas les « Phtalates » des plastiques en PVC. Substances chimiques présentes un peu partout, emballages alimentaires, jouets, revêtements de sol en vinyle, cosmétiques, produits d’entretien ménagers, peintures, ordinateurs, téléviseurs, pesticides, antimites, antipoux, antipuces, insecticides, pulvérisateurs. Une récente étude a montré leur présence dans des lacs alpins, loin de toute habitation, preuve qu’elles sont volatiles donc dangereuses pour la santé. L’effet perturbateur de ces substances impacte notre système neurologique et endocrinien. L’utilisation des Phtalates est réglementée, en particulier dans les articles pour enfants et les cosmétiques.
Nous sommes tous concernés par ce phénomène dévastateur et, si beaucoup font preuve de civisme en respectant les consignes recommandées, une action concertée à l’échelle mondiale est incontournable. Pour le consommateur lambda, le tri fait partie de son univers, mais au lieu d’utiliser la poubelle jaune qui laisse à penser que l’on agit pour préserver la nature, ne serait-il pas préférable de mobiliser les consommateurs pour acheter autrement ? Choisir les contenants cartons, verre, papier plutôt que le plastique à usage unique. Privilégier le recyclage plutôt que de jeter. Côté entreprises, poursuivre la réduction de leur empreinte plastique en la considérant comme une stratégie commerciale porteuse de parts de marché. Quant aux scientifiques, continuer les recherches sur des solutions innovantes comme les plastiques biodégradables, les emballages compostables et des méthodes de recyclages plus performantes. Voilà un point de départ, le débat est lancé……
« Cher plastique, mettre en lumière ton côté nocif m’a semblé capital. Je referme la page de mon journal, peinée par ces tristes constatations, mais consciente qu’il faut agir et vite. »
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Rédigé par Christiane

Publié dans #Les concours

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