LE MAGASIN DU TEMPS PERDU

Publié le 27 Juin 2024

 
De fait, les vrais comptes sont des histoires fausses
 
Un jour, en passant par hasard devant l'échoppe de Sergio, rue de la Manière, je déchiffre dans un fameux fouillis :
' Le magasin du temps perdu '
bla bla bla, bla bla bla, bla bla bla
 
en lisant défilent à mes yeux confondus âmes mortes ombres du vent cimetière des bateaux sans nom Charlie d'autres histoires encore... enfin bref intriguée je passe le seuil de la boutique, rejoins Sergio et lui dis :
_ deux heures de temps perdu me conviendraient, tu peux me trouver ces deux heures ? Quelle est la procédure ?
_ tu paies comment ? Bitcoins ou échange bien fait ? tu me donnes deux de tes heures vaguement noircies et je te rends deux heures blanches à sertir d'argent
Négociation, marché de l'art, blanchiment de fric, Ah ce Sergio quel sacré entrepreneur!
_ ouais ça me va, dis-je
 
Et c'est bien parce que je suis en compte depuis des années avec Léoda ! Non pas que nous les ayons gaspillées ces heures mais symboliquement j'édicte une légère correction dans le temps... Et puis je m'assure ainsi que ce filou de Sergio ne me vole en rien car les deux heures à lui remises sont intitulées en noir sur fond blanc : je n'ai peur que de moi-même.
Léoda ces deux heures pour te dire que le message est entendu entre nous bien que je n'ai d'aucune manière eu l'opportunité de te l'annoncer de vive voix pour te rendre à ce... je ne sais quoi !
Je ne parlerai pas des longues années où sont inclus ces moments, sache seulement qu'elles résument ces années là, en leur valeur intrinsèque, la trace d' une osmose étrange en une écriture magistrale. Sous ton regard incisif scrutateur et dépouillé mon corps a eu envie de se déplier,... élastique volute, parfaite incarnation de nos échanges subtils, infinis et féconds ! Ton geste intelligent parcourt, explore, fouille, frissonne, meurt et tes écritures, ces arabesques si pures ont envahi mon esprit plus sûrement qu'un amant eu comblé ma chair et de facto cette béatitude me dessert actuellement et m'oblige à me poser la question :
 
Que suis-je Léoda ?
 
Dans cette affaire blanchie par contrat avec Sergio, je te propose Léoda de changer nos rôles habituels. Je te dois la chose précieuse : une transmission
_allonge-toi ; je sais ; je suis ta muse mais aujourd'hui c'est toi qui pose, je t'en prie allonge-toi et laisse sur le tapis fleuri reposer ta conscience
 
Laisse-moi t'approcher te regarder, t'observer, t'explorer, te désarmer, te déstructurer, te déconstruire,te demander, t'implorer... t'analyser et synthétiser mon incohérence
laisse-moi.... laisse moi peindre à ma façon une... émotion... confuse
 
Et ainsi débute cette séance. Mon regard bleu a fondu dans la forme de ton corps ; aveuglée, je suis une ligne mais elle disparaît aussitôt dans la boue des matières et au fur et à mesure que je la fouaille pour la retrouver, ton corps brouillé aura perdu couleurs et contours dans les fleurs du tapis
Cette chose étouffante m'envahit, nocturne onctueuse, souple incolore, en survole infusée l'essence de ta chair : l'affect ne m'afflige plus : je suis la matière en colère
 
Je n'ai plus besoin de Léoda pour voir en cette matière grise, l'expression vaporeuse de notre singulière complicité
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Rédigé par Marie-Thérèse

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