L'AMORCE DU BLEU

Cette assemblée générale est un vrai chemin de croix dans le genre relation humaine, je ne suis pas à ma place, ELLE avoue à l'air du temps et au monde en général, je perds des heures précieuses en bavardages sulfureux et stériles, tout est mou ici ! alors que j'ai besoin de ce temps pour ne rien faire correctement ! Le temps est illimité dit Ben... !

Se récupérer se dit ELLE, en déambulant sur la magnifique avenue Jean Médecin, ELLE s’assoirait bien deux minutes, histoire de déconnecter un peu, à la terrasse d'un café en cette heure de début de soirée où les lumières du jour laissent la place aux aurores psychédéliques de la nuit urbaine. Afin de faire descendre toute cette tension, un sirop d'orgeat bien frais est nécessaire, ainsi là voilà, regard noyé dans la voûte bleue du plasticien contemporain Yann Kersalé, tu sais, le spécialiste de l'utilisation de la lumière : ici intitulé s'épelle : l'Amorse du Bleu où des diodes traversant l'espace interceptent en langage codé une communication infra-monde ou extra-sensorielle...

du bleu... Du bleu...DU BLEU... ELLE entend clairement Vincent :

Mais quand donc ferai-je le ciel étoilé ce tableau qui, toujours me préoccupe …

Le ciel...est...bleu-vert, l'eau est...bleu... de roi, les... terrains sont... mauves. La ville est...bleue et ...violette le gaz est...jaune et...des reflets de...roux descendent jusqu'au...bronze... vert sur les champs ; au ciel la grande ourse...a...un...scintillement...vert et...rose dont la pâleur discrète contraste avec...l'or...brutal du gaz ; deux figurines colorées d'amoureux à l'avant-plan ...

La vérité est-elle astrologique ? Ou une hallucination nécessaire ? Ou encore Contemplation ? Peut-être nuit dangereuse ou nuit religieuse ?

Et l'esprit complètement amorcé par la charge des bleus de Vincent, ELLE pressent l'urgence d' un voyage : là voilà projetée dans le mercure d'une nuit plus dense et nuancée d’ellipses tordues, comme si ELLE frôlait constamment en voletant la galaxie des bleus existentiels, parme, violet, purpurine, avant de se liquéfier dans le jaune sulfureux d'une étoile, puis de rebondir et de gicler en feux prussiens et fusées turquoise, ELLE, magma griffu, antimoine ou scorie boursouflée de déliquescences impures et de douceurs marmoréennes, explose en bulles rosâtres dans le big bang

Oh ! Nuit étoilée, nuit anarchique et féconde, signe en sifflant...

_ ELLE _