Equinoxe
Publié le 4 Mars 2024
Assis sous la pergola, je participe, passif, au lent déclin des rayons solaires par-delà les crêtes des montagnes.
La fin de journée impatiente s’apprête à nous recouvrir de ses draps nocturnes en tissus de nuit.
Dans le pré l’herbe monotone s’embrase de teintes orange et feu.
Vers le ciel d’automne, les arbres érigent le squelette de leurs branches dépourvues de feuillage.
C’est à présent toute ma vallée qui s’assoupit au rythme de la douce mélopée de la quiétude. Et je pense à Olga.
Au cours de nos derniers échanges téléphoniques, peut-être que ce n’est qu’une simple impression factice, je ressentais une gêne latente en filigrane silencieux de nos conversations.
Elle me manque. L’absence, c’est le souffle du vent qui fait taper sans cesse un volet mal fermé contre la fenêtre.
Ça résonne interminablement dans la tête, ça cogne comme une piqûre de rappel indélébile.
Monseigneur SOIR ayant pris enfin ses quartiers, je distingue au loin, au tout début du long chemin qui mène jusqu’à la ferme, deux points minuscules, comme la lanterne dansante d’une libellule en errance sauvage. Au fur et à mesure de leurs déambulations leurs formes se renforcent, grandissent jusqu’à devenir le regard aveuglant d’un fauve surgissant, rugissant devant moi. Crissement de freins brusque, feulement final du moteur, une portière qui s’ouvre, une ombre qui se dandine sur le gravier, sans réflexion, j’élucide l’énigme et Olga se poste devant moi, intacte et solaire sous le clair de lune naissant.
J’ignore comment elle a su où je me terrais, elle est juste là !
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On se jette l’un contre l’autre, on s’enlace, je la laisse faire. Elle abandonne un murmure dans le creux de mon oreille.
Certains mots sont futiles, ne servent à rien d’autre que faire des phrases, être écrits ou juste prononcés dans le vide.
Mais pas le mien.
J’étais juste une île posée à l’écart d’un océan très pacifique, au-dessus de moi, explose une bombe atomique.
Une déflagration hallucinante pulvérise, emporte tout. Son souffle nucléaire déferle sur chaque once de ma surface. La fission de ses atomes fonce et son panache incommensurable monte très haut jusqu’ à toucher mon firmament ultime. Dans ma poitrine, irradiation totale. La chair qui encercle mon organe cardiaque se consume, craquelle et reçoit la sanction inoubliable du moment vécu.
Le monde, le mien que je côtoyais jusqu’à présent : détruit.
Celui qui renaît de ces cendres débute juste après : maintenant.
Le mot c’est : « ENCEINTE »