POEMES EN PROSE
Publié le 20 Janvier 2024
LUMIÈRE
Lumière de la pensée de mon âme, es-tu celle qui m’a enchaîné aux anneaux scellés dans les murs empierrés de la vérité ? Perdu dans les méandres de mes contrariétés, pourrais-je apercevoir, un jour, un semblant de clarté ? M’accorderas-tu le privilège de permettre enfin à mes yeux de découvrir ce chemin si longtemps espéré ? Chemin caché au fin fond d’une obscurité que tu n’as pas encore réussi à percer... Dois-je prier l’astre de lumière de pencher sa bonté vers moi ?
Lumière, les hommes t’ont toujours adorée. Ils ont construit des phares pour aider la vie à rentrer à bon port grâce à ton éclat bienfaiteur. Ils t’attendent, chaque matin, avec l’impatience de te voir renaître… Moi je me joins à eux... Mais tu tardes !
PLUIE
Pluie ! Ta générosité donne, mais ta colère noie. Semblables à des pleurs tes larmes viennent du ciel. Vas-tu nettoyer la plaine ou vas-tu la submerger ? Ta force donne aux rivières qui sillonnent les champs le pouvoir de suivre leurs chemins dans le calme et la sérénité ou celui de détruire le travail des hommes. Tu sais... tu peux... tu fais... ou tu ne fais pas ! Libre à toi d’apporter aux humains les réponses que dicte la nature. Elle seule détient la vérité. Il serait temps que les grains de sable que nous sommes sur cette terre sachent que sans toi la graine enfouie dans le sol sera stérile.
Consentiras-tu encore à leur accorder le bonheur de voir pousser une fleur ?
INCENDIE
Incendie ! Le temps d’avant tu n’étais pas là, le temps d’après ta fureur a fait fuir la vie. Tous les habitants de la forêt ont quitté leurs abris et laissé aux flammes le rôle que tu leur as distribué. Tu es venu avec l’orage. Le tonnerre, avec ses roulements de grosses caisses, t'a précédé et l’armée de tes éclairs a distribué la foudre avec le zèle de ceux qui ne laissent rien au hasard. La mort a frappé et tu as laissé derrière toi la désolation d’une nature calcinée où seules des ombres noires dressées vers le ciel semblent implorer les dieux. Ceux-ci entendront les prières. La vie renaîtra, le désert redeviendra jardin, les hommes reviendront bâtir leurs maisons et les enfants riront, de nouveau, à la vie.
Pourtant, lorsque tu veux, tu apportes beaucoup aux hommes. Souvent, quand ils n’ont pas froid, c’est à toi qu’ils le doivent. Sauras-tu, un jour, te contenter d’être le messager du bonheur ?
SILLONS
Sillon, la charrue que traîne avec peine un vieux cheval fourbu, te trace dans la terre meuble et grasse. Son soc crève la croûte du sol et tu apparais, prêt à accueillir la semence, que d’un geste large et généreux, la semeuse jettera dans tes entrailles. Bientôt la terre se retournera sur toi. Le temps passant et la pluie aidant un brin d’herbe prendra forme. L’été bercera de sa chaleur la vie qui est entrain de naître et l’automne la verra grandir. Le poids de ses épis le fera ployer sous la brise et viendra l’heure de la moisson. Sillon tu auras rempli ton rôle protecteur et viendra l’époque du repos. Le cycle des saisons reprendra son cours et les hommes te feront, à nouveau confiance pour préserver leur manne nourricière.
Tu protèges la semence de la convoitise des oiseaux, mais moi je sais que tu les laisses picorer ce qui est nécessaire à leur subsistance, car, après tout, eux aussi doivent vivre.