LE DÎNER
Publié le 18 Novembre 2023
Je monte sur le pont pour admirer le départ du paquebot. Appuyé au bastingage, j'aperçois la côte découpée s'éloigner lentement. Des croisiéristes se promènent le long du pont, d'autres allongés sur des transats, sous une légère couverture se reposent. Le balai des va-et-vient est joyeux, mêlés de rires et de cris., cela me permet de-ci delà de faire de rapides connaissances féminines. C'est très agréable.
Au retour de cette promenade, je trouve dans ma chambre, posé sur la petite table du coin salon, un faire-part pour assister le soir au dîner du Commandant et son équipe. Je décide de me vêtir d'un costume trois pièces avec nœud papillon. Cela fera plus chic.
A 20 heures, le Commandant nous reçoit dans la salle à manger immense et très joliment décorée.
Des tables de huit personnes sont dressées, avec nappes blanches, belles vaisselle, verres de cristal, couverts argentés, tout est fait pour nous recevoir dans les meilleures conditions, digne de cette croisières de luxe.
A ma table, j'aperçois la jolie brune aux yeux vert que j'avais aperçu sur le pont.. Cette jolie femme, grande mince, très élégante est accompagnée d'une amie blonde, pas très jolie, des traits grossiers, mais avec beaucoup de classe.. Elle a du « chien ». Les yeux vert de la belle brune croisent les miens avec une légère insistance. Cela me trouble. En face de moi, Gino Baldino, un peu, lourdaud. Je connais déjà son nom, car un de ces amis l'a interpellé. Cet homme un peu bedonnant, jovial transpire à grosses gouttes.
Après le discours élaboré et courtois du Commandant., les serveurs nous apportent champagne et amuses gueules très finement décorés. Ensuite, le repas est servi, l'entrée, plats, fromages et dessert. Nous partageons entre nous quelques réflexions amusantes sur la tenue du Commandant et ces galons. L'ambiance est volubile, tout cela avec légèreté.
Par instant, je soutiens mon regard sur Valentine, oui elle s'appelle Valentine joyeuse et souriante. Elle rayonne. Je suis happé par sa prestance et sa beauté. Elle me plait vraiment. Avec son appareil photo sophistiqué, toujours auprès d'elle, de temps en temps , elle chatouille l'objectif et prend quelques clichés discrètement par ci par là.
Plus tard dans la soirée, j'apprends qu'elle est la fille d'un diamantaire d'Anvers. Ce n'est pas pour me déplaire. Elle semble être une jeune femme très indépendante. Elle parcours souvent le monde suivant ses contrats.
Avec mon accent un peu British, un petit espoir illusoire d'allier avec sa famille commence à germer dans ma tête.
En face de moi, Gino essaie avec insistance de retenir l'attention de ces demoiselles autour de notre table, mais il semble faire chou blanc « pas pécho comme disent les jeunes ». Dommage pour lui, il semble avoir la générosité de cœur. Mais hélas, sa conversation reste limitée ; ces jeunes femmes sont décontenancées et se détournent de lui pour rigoler et causer entre elles.
Je remplis le verre de Valentine, ces yeux pétillent, elle s'avère apprécier ma présence et s'intéresse à mes conversations. Le repas se poursuit jusqu'au dessert, je n'aime absolument pas la noix de coco.
Qu'importe ! Le diner se termine, à mon grand regret Valentine refuse mon invitation à boire un verre au salon-room.
Il est tard, je rentre dans ma cabine et me met à repenser au repas plutôt basique. J'ai connu mieux, les ingrédients sont de qualités mais ne surprennent pas. Travaillés avec des mets plus raffinés comme la truffe, ou le caviar, cela aurait relevé le choix et la finesse du repas. Je ne fais pas écho à mes constatations, c'est juste une réflexion.
Dans ma tête il y a autre chose qui me préoccupe.
Y aura-t-il une fin heureuse pour moi de cette soirée ? Qui sait ?