LE DÉPART
Publié le 7 Novembre 2023
Personnage :
Lucas Leblond
35 ans, de taille moyenne, un léger embonpoint.
Contrairement à son nom, il a des cheveux très noirs, coupés courts, yeux noisettes.
Visage agréable, barbe de trois jours.
Célibataire, pizzaiolo. Il a un camion à pizza garé dans le quartier ouest de Nice.
Plutôt discret, mais curieux. Il aime se cultiver, découvrir le monde.
Fasciné par le système des écluses, il rêvait depuis longtemps de faire une croisière fluviale.
Tiendra son journal de bord.
Il garde toujours un petit carnet vert et un stylo prêts à prendre des notes dans sa poche.
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LE DÉPART
6 Novembre 2023
Je commence ici mon journal de croisière sur le Rhône. Départ : Arles
Le Commedia dell'arte, sympathique péniche, m’attendait le long du quai. Quand je suis arrivé pour embarquer, il y avait deux personnes avant moi, une belle jeune femme et un homme quelconque. Ils se sont tournés vers moi pour me saluer, et là, j’ai eu un choc, genre coup de foudre. Je n’ai plus vu qu’elle. Superbe, magnifique. Et je n’ai pu empêcher mon regard de glisser vers son décolleté appétissant en diable. J’espère qu’elle ne s’en est pas aperçue… Heureusement, le personnel de bord est intervenu pour nous accueillir ; j’ai retrouvé mes esprits et un peu de dignité.
Nous sommes montés à bord. Une dame, la cuisinière, je crois, nous a conduits vers nos cabines. Ça va être tranquille comme croisière ! Nous ne sommes que trois passagers, en fait que deux, cette ravissante inconnue et moi-même, car, si j’ai bien compris, le petit bonhomme insignifiant serait le pilote de la péniche. Tant mieux ! Ça me va tout à fait cette escapade intime… Si j’osais, je me laisserais envisager une romance au long du Rhône…
Bon, pas d’anticipation. Restons concentré sur le but de ce voyage : les écluses, le paysage au fil de l’eau, la lenteur, la douceur, la tranquillité. Quel pied !
A peine entré dans ma cabine, j’ai sorti mon carnet pour noter… ce que je suis en train d’écrire.
Ma cabine est agréable. Une petite fenêtre carrée avec des rideaux en vichy rouge, à travers laquelle je peux admirer le paysage, que je verrai bientôt défiler dans toute sa sérénité.
J’ai l’impression d’être dans une maison de poupée ambulante ! Sur la couchette, un édredon moelleux, des coussins douillets, c’est bien plus confortable que chez moi !
La cabine est lambrissée, une lampe rose ajoute à son ambiance reposante. Je sens que ce voyage va être magnifique.
Ah ! Ça bouge. Je file sur le pont pour ne rien rater du départ.
7 novembre 2023
J’ai regardé la péniche s’éloigner du quai hier. Arles me regardait partir et j’ai vécu littéralement l’expression ‘‘larguer les amarres’’. Sur le fleuve large, le bateau glissait. On a quitté la ville pour des rives boisées. L’automne dans toute sa splendeur ! Du rouge, du jaune, de l’ocre, de l’or.
Je suis resté longtemps à contempler le paysage, la campagne tranquille. Parfois, j’ai senti la présence de la belle inconnue. Elle allait de l’autre côté du pont, repartait. Mais je n’avais pas envie de lui parler, je voulais juste savourer l’instant lent, mouvant, dans ce ruban d’azur doré.