Dîner à la table du Commandant

Publié le 18 Novembre 2023

 
Mon voisin de cabine n’est autre que le romancier qui m’a offert ce voyage de rêve. Après l’escale à Marseille, nous nous sommes retrouvés au bar pour faire connaissance. J’ai reconnu, tout de suite, le regard marine de l’homme aperçu sur mon balcon. Alistair s’exprime en français, avec un fort accent américain. Au cours de la conversation, il m’expose les raisons du choix de ma candidature.
- Vous êtes libre, sans enfant, j’ai besoin d’une Française pour rejoindre mon école d’écriture. Une croisière est le lieu idéal, pour connaître la personnalité et les goûts d’une future collaboratrice.
Mon silence l’amuse ! Enfin un sourire sur son visage. Je le remercie chaleureusement.
Nous trinquons ! Le champagne me libère d’un excès de timidité, peu habituel je l’avoue.
A la fin de ce premier dîner, nous regagnons nos cabines, après une balade sur le pont, où un étrange personnage semble parler aux vagues.
- A demain ! me dit-il. N’oubliez pas, nous sommes invités à la table du Commandant.
Je reste un long moment éveillé... Partir vivre à New York ! Je suis encore sous le charme de cette proposition !
 
8 Novembre
 
J’ai lu une partie du roman à traduire, le soleil décline. Il est grand temps de me préparer pour cette soirée. Les miroirs de la salle de bain me renvoient l’image d’une jeune femme élégante. Mes cheveux longs tombent en boucles sur ma robe noire échancrée. Un dernier voile de *Chamade* de Guerlain. Me voilà prête.
Dans l’ascenseur, je fais connaissance d’Anne-Sophie, décoratrice d’intérieur, avec qui j’engage une conversation animée. Elle est sublimement vêtue, elle paraît précieuse mais elle est très belle.
La salle à manger est éclairée par d’immenses lustres à pampilles scintillantes. Un orchestre caresse mes oreilles d’une douce musique d’ambiance.
Le commandant, pas très grand, trop rondelet à mon goût, accueille les femmes avec une malicieuse courtoisie. L’uniforme ! Un atout sûr de séduction.
Alistair est accompagné de Sir Edward James Nottinghale qui me baise la main, après m’avoir détaillée de ses prunelles bleues azur. Très bel homme, distingué, un peu trop vieux pour un moment d’égarement.
Nous voici installés autour d’une table somptueuse : nappe et serviettes blanches brodées, porcelaine de Limoges au liseré bordeaux, verres en cristal, couverts en argent. Devant chaque assiette, une composition de fleurs, aux parfums discrets, portent une étiquette à nos noms et prénoms. Alistair est à ma droite. En face de moi, une charmante brune, aux yeux verts expressifs, a un sourire amusé. Juste le temps de réaliser qu’elle a choisi une étole en mousseline parme aux fils argentés identique à la mienne. Un flash immédiat entre Valentine et moi, un courant féminin passe entre nous. Elle est photographe !
A ma gauche, je reconnais l’homme qui parler à la mer, hier au soir. Il paraît discret, peu éloquent. Nous échangeons un sourire, le temps d’apercevoir qu’il se nomme Jean Vagues. Il est accaparé par sa voisine de table, Maya, une adorable petite brune aux bijoux colorés, qu’il écoute sans dire un mot.
Mes yeux font connaissance avec les autres convives, tout en trinquant avec une flûte de champagne rosé, millésimé. Un tourbillon de bulles énergisantes, rafraîchissantes qui poétisent ma bouche.
A côté de Valentine, un charmeur de grande taille sollicite l’attention de ces dames :
- Gino Baldino, célibataire, pour vous servir mesdames, clame-t-il, en s’inclinant avec un accent italien qui illumine certains visages.
La valse des plats fait cesser les bavardages. L’entrée, un classique revisité qui suscite ma curiosité. Un œuf poché sous un voile parsemé d’une épice au parfum exotique, sur une mousseline onctueuse de topinambours, un légume méconnu mais savoureux. Des champignons rôtis déglacés au jus d’une réduction de vin rouge.
La voisine d’Alistair, prénommée Marjolaine, aux formes disgracieuses, se délecte bruyamment de ce plat aux saveurs surprenantes.
Le saumon, moelleux, tiède se marie parfaitement avec le croquant d’une salade de lentilles, au goût acidulé du vinaigre chaud. Le tout servi avec une émulsion homardine, dont l’iode révèle l’harmonie du plat.
L’assiette de fromages retient l’attention, par sa diversité, ses senteurs, ses couleurs. Les divers morceaux sont servis sur un lit de verdure, mélangés à de minuscules croûtons craquants et aromatisés.
Le dessert ! Une overdose de saveurs fruités, qui subliment mes papilles. La crème fouettée coco, légère, onctueuse un délice pour le palais.
Vins rouges, blancs, rosés, eaux minérales avec modération. Le repas se termine, l’ambiance est festive.
Peut-être allons nous faire plus ample connaissance sur la piste danse !
 

Rédigé par Josiane

Publié dans #Ecriture collective

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