LA CROISIÈRE INSOLITE

Publié le 19 Décembre 2023

Personnage :
 
Nom : Monsieur Laperousse
Prénom : Oscar
Age : 51 ans
Poids:69 kg 1m 80
yeux : noirs
Son apparence physique : Très bien mis, costume trois pièces, nœud papillon, cheveux poivre et sel ondulés, sophistiqué, semble imbu de sa personne, délicat dans ses gestes, un peu maniéré.,marié sans enfant très exigeant sur les détails.
 
Caractère : poli, condescendant
Il semble se rendre à Madagascar à la recherche d'une vanille exceptionnelle, pour son industrie de fabrique de pâtisseries .à Paris.
 
Permettez moi de vous dire cela, mais au premier abord, je le sens à l'affût de recherche féminine. Pourquoi ? mystère

 

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LA CROISIÈRE INSOLITE
 
Aujourd'hui, belle journée d'automne, six novembre 13 heures.
Je déambule depuis trente minutes sur le quai, dans l'attente de monter parmi la foule sur le paquebot «  Le Comté de Provence » pour effectuer une belle croisière.
Dans quelques instants, je serais dans ce gigantesque bateau. Les gens commencent à arriver, ils grimpent sur la passerelle, rigolent et semblent très joyeux.
Je fais signe à un officier de bord, pour savoir où me diriger pour trouver le pont de ma cabine. J'arpente de longs couloirs colorés, enfin je parviens à la cabine au rez-de-chaussée.
Au bout du parcours, j'aperçois le personnel de bord au garde à vous, près à nous rendre service au moindre geste, vêtus tous d'un chemisier blanc, jupes ou pantalons et gilet noir et veste munie sur la manche des écussons suivant leur grade. Ils semblent attendre des consignes pour exécuter leur travail dès que tout ce beau monde aura regagné leur mini appartement.
Je rentre enfin dans ma cabine, pas très spacieuse mais correcte, un grand hublot à la largeur raisonnable d'une fenêtre qui me permet aisément de voir l'océan.
La chambre est dotée de placards spacieux, étagères, tout ce qu'il faut pour passer un séjour agréable. On ne peut en demander plus dans un hôtel flottant. Je jette un coup d’œil par la fenêtre ouverte, la mer est d'huile. J'espère que la météo sera favorable à cette traversée, afin d'apercevoir un magnifique balai de dauphins, heureux et joueurs de faire le spectacle de danse devant des spectateurs époustouflés.
Un très joli moment qui restera inoubliable pour moi..
 
 
LE DÎNER
 
Je monte sur le pont pour admirer le départ du paquebot. Appuyé au bastingage, j'aperçois la côte découpée s'éloigner lentement. Des croisiéristes se promènent le long du pont, d'autres allongés sur des transats, sous une légère couverture se reposent. Le balai des va-et-vient est joyeux, mêlés de rires et de cris., cela me permet de-ci delà de faire de rapides connaissances féminines. C'est très  agréable.
Au retour de cette promenade, je trouve dans ma chambre, posé sur la petite table du coin salon, un faire-part pour assister le soir au dîner du Commandant et son équipe. Je décide de me vêtir d'un costume trois pièces avec nœud papillon. Cela fera plus chic.
A 20 heures, le Commandant nous reçoit dans la salle à manger immense et très joliment décorée.
Des tables de huit personnes sont dressées, avec nappes blanches, belles vaisselle, verres de cristal, couverts argentés, tout est fait pour nous recevoir dans les meilleures conditions, digne de cette croisières de luxe.
A ma table, j'aperçois la jolie brune aux yeux vert que j'avais aperçu sur le pont.. Cette jolie femme, grande mince, très élégante est accompagnée d'une amie blonde, pas très jolie, des traits grossiers, mais avec beaucoup de classe.. Elle a du « chien ». Les yeux vert de la belle brune croisent les miens avec une légère insistance. Cela me trouble. En face de moi, Gino Baldino, un peu, lourdaud. Je connais déjà son nom, car un de ces amis l'a interpellé. Cet homme un peu bedonnant, jovial transpire à grosses gouttes.
Après le discours élaboré et courtois du Commandant., les serveurs nous apportent champagne et amuses gueules très finement décorés. Ensuite, le repas est servi, l'entrée, plats, fromages et dessert. Nous partageons entre nous quelques réflexions amusantes sur la tenue du Commandant et ces galons. L'ambiance est volubile, tout cela avec légèreté.
Par instant, je soutiens mon regard sur Valentine, oui elle s'appelle Valentine joyeuse et souriante. Elle rayonne. Je suis happé par sa prestance et sa beauté. Elle me plait vraiment. Avec son appareil photo sophistiqué, toujours auprès d'elle, de temps en temps , elle chatouille l'objectif et prend quelques clichés discrètement par ci par là.
Plus tard dans la soirée, j'apprends qu'elle est la fille d'un diamantaire d'Anvers. Ce n'est pas pour me déplaire. Elle semble être une jeune femme très indépendante. Elle parcours souvent le monde suivant ses contrats.
Avec mon accent un peu British, un petit espoir illusoire d'allier avec sa famille commence à germer dans ma tête.
En face de moi, Gino essaie avec insistance de retenir l'attention de ces demoiselles autour de notre table, mais il semble faire chou blanc « pas pécho comme disent les jeunes ». Dommage pour lui, il semble avoir la générosité de cœur. Mais hélas, sa conversation reste limitée ; ces jeunes femmes sont décontenancées et se détournent de lui pour rigoler et causer entre elles.
Je remplis le verre de Valentine, ces yeux pétillent, elle s'avère apprécier ma présence et s'intéresse à mes conversations. Le repas se poursuit jusqu'au dessert, je n'aime absolument pas la noix de coco.
Qu'importe ! Le diner se termine, à mon grand regret Valentine refuse mon invitation à boire un verre au salon-room.
Il est tard, je rentre dans ma cabine et me met à repenser au repas plutôt basique. J'ai connu mieux, les ingrédients sont de qualités mais ne surprennent pas. Travaillés avec des mets plus raffinés comme la truffe, ou le caviar, cela aurait relevé le choix et la finesse du repas. Je ne fais pas écho à mes constatations, c'est juste une réflexion.
Dans ma tête il y a autre chose qui me préoccupe.
Y aura-t-il une fin heureuse pour moi de cette soirée ? Qui sait ?
 

L'ESCALE A BARCELONE

Nous voilà arrivés à Marseille, première escale, il est 17h30 Gino Baldino profite de cette escale pour aller voir des amis de jeunesse et passer une bonne soirée.
Le lendemain au cours du petit déjeuner, accompagné de mes amies féminines, Gino Baldino arrive tout guilleret et nous raconte des histoires à l'emporte-pièce. Il semble avoir passé une nuit à Marseille assez agitée et en très bonne compagnie. Dans les pianos bars il a fait des conquêtes légères, en dansant sur des airs de Salsa. L'ambiance est détendue. Dans la matinée le Commandant vient nous informer que dans trois heures trente, nous allons faire une escale à Barcelone. La conversation se poursuit avec Valentine et Gino sur les endroits typiques à visiter, les cathédrales, les musées renommés, les boutiques intéressantes.
Valentine me demande alors si je veux bien l'attendre pour partir vagabonder dans cette ville que je ne connais pas. J'en suis très heureux. Quant à Gino, il dit devoir retrouver Fernand « l'évêque ».
Me voilà donc décidé, en toute confiance, à poser mes jalons pour me rapprocher délicatement de Valentine.
Quelques heures plus tard, nous déambulons dans le salon en faisant causette par-ci par-là avec d'autres passagers, dans l'attente de l'escale.
Soudain, Valentine s'éloigne en courant sur le pont, son appareil photo dans les mains ; elle bombarde de clichés notre personnage hétéroclite aperçu le jour du départ. Il se nomme paraît-t-il OOLALA. Étonnée par la personnalité de cet homme, son attention est captée vers lui, elle entreprend une conversation mêlée de fous rires joyeux.
Je suis un peu vexé d'être mis à l'écart un instant pour un individu aussi original.
Plus tard, nous débarquons sur les quais inondés de soleil et prenons un taxi pour rejoindre le centre ville. Nous déambulons dans les rues très colorées et bruyantes pour explorer les richesses architecturales d'art et découvrir les œuvres d'Antoni Gaudi, qui fait partie du modernisme catalan.
Valentine est infatigable. Pour souffler un peu, je l'invite à déjeuner dans un restaurant typique barcelonais.
Nous bavardons gaiement, lorsque à la table à côté, nous croisons Julie.
Julie est une femme très fine, mignonne, un peu rieuse. Elle semble heureuse de nous rencontrer. Après quelques gorgées d'alcool, elle s'épanche sur ses déboires amoureux, suivi d'un divorce houleux.
Elle travaille au Tribunal pour subvenir à ses besoins. Mais elle s'ennuie.. Elle rêve de devenir écrivain. Ce voyage lui permet de mettre un pied dans le monde littéraire. En effet, elle a été choisi pour traduire un roman d'Alistair Mc Cann. Peu à peu elle se détend, la générosité de Valentine l'amène à parler chiffons et à oublier pour un instant ses ennuis. Elles semblent s’apprécier. On se dit à plus tard et allons nous promener au magnifique parc « Del Guinarolo » en dégustant une très bonne glace.
Valentine commence, semble-t-il, être en confiance avec moi et me dévoile quelques détails de son adolescence. Moi je lui révèle plusieurs anecdotes de ma jeune enfance.
On a beaucoup ri ; avec quelques gestes anodins, je frôle sa peau, je caresse son bras, elle ne bouge pas, nos regards se croisent et laissent mon âme en suspens..

 

LA MISSIVE MYSTÉRIEUSE

Mon réveil se fait doux et léger, je me lève pleins d'idées pour la journée. En sortant de la douche, je trouve une missive sur la petite table du salon, je suis très surpris. J'ouvre l'enveloppe et lis :
« Le véritable voyage de découverte, ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux ».
 
Je suis stupéfait et intrigué ! Qui m'écrit cela ? On me reproche mon attitude ? Ou bien on m'interpelle pour que je porte mon attention sur elle ou il. Car elle ou il n'ose pas se manifester ouvertement ? Que de questions !
Je réfléchis. Une idée me vint à l'esprit :
Est-ce la steward qui s'occupe de l'entretien de ma cabine ? Elle me voit souvent choisir avec détail mes vêtements, la couleur de ma cravate, mon nœud papillon, je m’applique de longues minutes devant la glace pour maîtriser ma coiffure. Serait-ce elle que cela dérange ? As-t-elle des idées  vagabondes ? Par instant, je perçois son regard discret sur moi . A plusieurs reprises elle m'a croisé en compagnie de Valentine et remarqué notre complicité. Est-elle jalouse, envie-t-elle son élégance naturelle. ?
Sa silhouette de midinette ne m'a jamais interpellé. Je suis un peu contrarié. Je décide de prendre la plume.
 
Cher Monsieur ou Madame
 
J'ai bien lu votre missive et suis surpris de son contenu prétentieux. Sachez que je n'ai de leçon à recevoir de vous. C'est moi seul qui décide qui je dois ou veux fréquenter. Mes états amoureux ne regardent personne et sont  régis seulement par un charme et un attrait réciproque. Une attraction naturelle nous amène à la séduction, l'un et l'autre. Mon voyage dans mon jardin d'hiver, je le vis dans la grâce et en toute quiétude.
Je suis au regret de vous dire que les sentiments ne permettent pas d'avoir de nouveaux yeux, car lorsqu'on est amoureux on devient aveugle.
A bon entendeur. Je vous salue .
 
Oscar..

 

L’ÉNIGME RÉVÉLÉE

Quelques instants avant la réunion du Capitaine prévue dans le salon, nous entamons avec quelques croisiéristes, un dialogue au sujet de la citation.
Chacun de nous donne son point de vue, sans oublier les émotions, peurs, angoisses, émois que cette lettre a remués en eux.
Entre temps, j'ai fait un aller-retour, plusieurs fois à ma cabine, pour voir si j'avais une réponse à ma lettre.
Il est 14 h 30, le Capitaine est là, toujours bien de sa personne, souriant, un peu gêné tout de même. Il nous met dans l'ambiance et là, il dévoile que c'est lui l'auteur de la mystérieuse missive. Il nous explique sa raison. Il a voulu créer une autre ambiance, beaucoup plus conviviale, une osmose véritable entre les croisiéristes, afin d'apporter un lien plus fort entre nous.
Ouf !! Sitôt, je respire un peu mieux.
Plus tard, je me trouve accoudé à ma fenêtre, mon regard perdu sur l'horizon.. Cette missive, je crois a bousculé plusieurs personnes, les égos ont été mis à rude épreuve, à chacun maintenant de s'y retrouver et poursuivre son voyage.
Mes pensées se brouillent dans ma tête, mais cela n'enlève pas le doute au sujet du comportement de Valentine, avec d'autres hommes. C'est vrai, dès que je l'ai aperçue, un flot d'émotions est monté en moi.
Aussitôt j'ai mis en place une stratégie pour me rapprocher délicatement d'elle. Cependant elle a répondu souvent à mes sollicitations et je pensais être sur la bonne voie, de fonder un état amoureux entre elle et moi pour poursuivre une relation durable et faire un bout de chemin de la vie ensemble.
Je suis perplexe, je pense avoir été très prétentieux.
Cette citation a eu pour effet de m'ouvrir les yeux et me faire retomber les pieds sur terre.
Je ne sais plus quoi penser de son attitude, elle semble agir de la même manière avec moi, qu'envers d'autres personnes.
Mon cœur est contrarié. Je me suis mis dans ma tête une suite heureuse pour ce coup de foudre. Il est vrai que Valentine a ébranlé pas mal de sentiments autour d'elle avec son aura impalpable. Cette jeune femme, belle et pleine de vie, aurait- elle fait du charme à un  autre homme ?
Aurait-elle mis des cœurs en émoi ?
Je la connais un peu, elle est indépendante, mais de là à courir plusieurs « lièvres » à la fois, me fait perdre toute contenance.
J'ai cru voir dans ses yeux illuminés et brillants qu'elle appréciait ma présence, elle recherchait le contact.
Elle était, semble-t-il, heureuse d’être à mes côtés !
Ou bien j'ai été ébloui par sa personnalité, au point de mal interpréter ces petits câlins et sourires. Je ne sais plus quoi penser !
Que veut-elle vraiment ?
Que cherche-t-elle ?
Peut-être simplement un plaisir éphémère ?
Ou bien aime-t-elle séduire ?
Une question me vient à l'esprit : quelle doit être mon attitude lorsque je vais la revoir., continuer à aimer sa présence, ses frôlements, ses doux baisers légers, ses caresses délicates.
Je suis vraiment tracassé et mal à l'aise, et un peu perdu.
Moi, Oscar Laperousse, dirigeant impitoyable d'une très importante affaire industrielle, je me sens devenir un adolescent, dans une phase de rêverie délicieuse. J'aimerais partager tous ces sentiments à fleur de peau, afin de savoir si je dois abandonner, revenir aux affaires matérielles, ou bien devoir prendre la bonne résolution pour l'issue de ce joli rêve.

 

EN ROUTE VERS MADAGASCAR

Après une nuit agitée, je ressasse sans cesse les attitudes de Valentine.
Dans mon esprit perturbé, je revis ses doux gestes envers moi.
Lui faut-il plus de temps pour se rendre compte, si elle éprouve des sentiments sincères ?
Ou bien si s'était simplement un attrait physique un peu plus qu'amical ?
C'est vrai qu'elle a traversé une période difficile.
Lui faut-il plus de temps pour regagner de la confiance ?
Et comprendre ce qu'elle éprouve peut-être pour moi ?
Je décide donc, de prendre une décision radicale.
Je brûle tous mes souvenirs heureux qui dansent dans ma tête et je vais la voir. Dans la conversation, je lui glisse ma carte de visite, avec mon numéro de téléphone personnel, et lui annonce qu'à la prochaine escale « Lisbonne » je quitte la croisière et prend un avion pour Madagascar. Elle me regarde surprise et étonnée, mais ne laisse rien paraître.
J'ai le ventre noué.
« Je te crie avec mon cœur que je t'aime en silence, mais toi tu m'entends pas »
Alors, je me rends à l'évidence.
Mais il me reste un petit espoir qu'en m'éloignant d'elle elle prendra conscience que son cœur penche vers moi.
Aussitôt, je vais à la recherche de Gino Baldino, malgré ma déconvenue, et lui annonce mon départ éminent. Il paraît déconcerté. C'est une personne attachante et je lui dis tout le plaisir que j'ai eu à le rencontrer. Avec un grand sourire il me souhaite une bien belle trouvaille pour la découverte de ma vanille exceptionnelle. Il me dit que si un jour il passe par Paris, il viendra me voir.
Je salue deux ou trois personnes, ainsi que Maya. Je lui souhaite d'avoir le regard ouvert, lorsque l'homme de sa vie se présentera. Elle m'embrasse gentiment.
Je rentre dans ma cabine le cœur en écharpe, pour réunir mes affaires et faire mes bagages.
Un autre horizon lointain m'attend. Une autre vie devant moi.
Après ce doux et joli intermezzo, les affaires reprennent.
 
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Rédigé par Arlette

Publié dans #Ecriture collective

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