LES QUATRE ELEMENTS
Publié le 23 Octobre 2023
L'AIR
Si j'étais l'air, je serais une volupté qui se fait un chemin dans la gorge de ton être, toi le bambin qui vient de naître.
Je serais une rencontre inoubliable et tu sentirais, grâce à moi le battement de ton cœur.
Je t’emmènerais regarder le monde. Je serais silencieux, inodore,
Je t'aiderais à grandir et devenir un grand garçon, je t'apprendrais à oser des expériences, à regarder les étoiles, et à savoir aimer...
L'EAU
Si j'étais l'eau, je serais une jolie rivière qui scintillerait sous les rayons matinaux du soleil. Je serais un lit foisonneux où les pécheurs se prélasseraient et rêveraient leur plus belle prise.
Le fil brillant voltigerait dans l'air pour se répandre le long de mon espace, où le ver se balancerait au bout du lancer, afin d'attirer l'élément convoité.
La grenouille se pâmerait sur les cailloux glissants. Le silence jonglerait au milieu des branches, les oiseaux joueraient à cache-cache au fil de l'eau et égraineraient une note osée.
Et enfin, la délivrance, la pêche miraculeuse, que l'on attendait toute une vie est là au bout de ce fil d'argent. Après maintes félicitations, il est temps de songer à remettre dans le sillage de mes eaux cristallines ce joli butin, pour apporter à d'autres pêcheurs, l'espoir d'une victoire méritée.
LA TERRE
Si j'étais la terre, je serais un ver de terre, je me baladerais dans les nombreuses galeries, afin de trouver parmi tout ce petit monde qui grouille autour de moi, mon alter égo dans la douceur de ces méandres.
On accomplirait à deux, une foison de belles choses.
Nous, petits rien, insipides, on se sentirait fiers de notre rôle de contribuer à produire des jolis fruits, bien juteux et sucrés pour régaler les lèvres rosées de jolies petites têtes blondes.
On se raconterait après notre pénible boulot de bien belles histoires et nous fulminerions après la pioche, qui essaierait de nous déloger de notre abri rassurant pour mettre vôtre vie en danger.
Mais soyez rassurés, nous sommes invisibles, mais toujours là, tapis dans un souffle harmonieux, avec rythmes et lenteurs nous accomplirons cette tâche pour lutter contre la misère du monde.
LE FEU
Si j'étais un feu, je serais une brindille incandescente qui consumerait doucement les mauvaises herbes.dans mon sillage.
Mais avec beaucoup de prétention, j'aimerais pouvoir, avec ma petite flammèche, devenir très grande, très haute, et de mon piédestal flamboyant, je narguerais tous ceux qui voudraient m'anéantir.
C'est moi qui déciderais où me rependre, deci delà, en haut en bas, de quoi faire perdre la tête de métal à tous ces humains, qui sont en admiration devant ma resplendissante coulée de feu. Je m'amuserais à sauter à pied joint, les vallons, les chemins jusqu'au bout de la nuit
Je ferais semblant d'être endormi, d'agoniser. Je prendrais un malin plaisir à jouer avec eux, les voir suffoquer de la terrible chaleur que je dégagerais lorsque je me mettrais en colère.
Mais voilà, je ne suis pas invincible. Je scruterais l'horizon, les heures de lutte m'ont épuisé, je commencerais à sentir, moi aussi la lassitude, la pesanteur sur mes maigres épaules rabougries.
Arrosé, aspergé, trempé, jusqu'à ma sève, je capitulerais avec amertume et rendrais mes armes.
Arlette J