UN TCHAT

Sur le plat du tableau

un chahut de pas racle le noir de la toile.
Perdu dans le chaos arrive un Pierrot, vouté d’indifférence.

Lui aime parler tout seul pour se cacher dans son bruit,

le tout privé de son bruit,

et là sur le peint du dessin,

ne se précipitent que des aller-retour qui hurlent sur fond gris.

Alors que le vent s’est levé,

le courant d’air de l’air pousse notre Pierrot

à chevaucher sa libido.

A chacun son canasson pour le galop.

Il avance enjambée débordante et tandis que travaille le souffle,

l’écho des mots de son tempo s’enfuit à l’arrière, dans son dos.

Il évite toujours ce trop, sinon il doit cracher d’autres argots,

autrement il a bobo.

Le vent officie encore.

L’écho des brouhaha se mélange à leurs cousins les blablas,

certains se jettent dans le débat,

d’autres déploient le son de leurs voix dans une coquille de noix.

Le vent est tombé.

Un murmure après à la tempête s’étale sur la fête.

Soudain, les mots susurrés tout près des bouches

ne causent plus qu’en avant.

Ils parlent tous de lui, ils en disent long,

fini le dos de Pierrot.

Dans une césure du parler trop fort,

Ils engagent un dialogue de sourds.

Pendant que le silence se fait encadrer,

le discours sort du lot tellement ballot

Et Pierrot tout en haut, s’évapore badaud,

de la part des anges.

Ainsi, fût…

Dany-L

D’après tableau de Henri Michaux 1970