DUNBARD

Publié le 15 Mars 2023

 
La pluie s’évaporait à l’Est
Et l’hiver se barrait
Sans demander son reste.
Le printemps, insouciant dégrafait
Les boutons de nos vestes.
Pourtant triste comme en prison
Mon ami le bison
Regardait l’horizon.
 
Au Nord La ville avançait
Froissant l’immensité
Sans soucis ; sans peine.
En Miette le passé
Le présent des profanes.
La Fin de la plaine,
La fin du domaine.
La ville S’élevait
De plus en plus haut
Et en moins beau.
Hissait des armées de drapeaux
Aux couleurs blêmes ;
Pâles comme des visages
A la fin d’un carême.
Et le béton, de ses veines s’écoulait,
Sang épais, gris et laid.
Vertiges de pierre, fer et de verre.
Le long serpent rampait
Scarifiant le grand pré vert.
La plaine devenait un radeau
Tremblant, médusé
Sur la mer des calamités.
Des vagues en ciment léchaient
Ses flancs, son devenir, son plus que passé.
L’adversité s’amenait à grand pas comptés
Le temps s’arrêtait, réfléchissait, reprenait
Personne pour l’inquiéter, le faire douter.
Comme une ogresse obéissant à l’ordre cannibale
De l’amiral du vaisseau vorace
Espérant effacer toutes les traces
Toutes les lignes et nos faces,
La tempête se gavait du végétal.
Se forgeant un passage
Emportant tout, sur le sien de passage.
Les bagues, les doigts, les anneaux.
Les maisons, les chambres d’enfants, les berceaux.
Les arbres, les marches des palais, les préaux,
La lueurs des flammes, les âmes et les cadeaux
Les tapis volants, les ballons qui roulent, les cerceaux.
Les rois, la reine, les princes en oripeaux.
Les cœurs adoptaient soudain le goût du couteau.
La fumée des usines surgissait dans le soir,
Même en plein jour il faisait presque noir.
Le monde nouveau s’apprêtait
A rentrer ; s’effacer.
Les rivages d’autrefois, inviolés et dorés
S’étiolaient, plongeant vers l’ennui
Loin de nous, loin de moi, loin de lui.
Les rivières se tarissaient de toutes gaietés
L’ombre des traîtres parait au plus pressé.
Plus de philtres pour les charmes.
Et de partout de la poussière
Pour pas très cher.
La fin d’une histoire,
Ce n‘ était plus la nôtre ;
Ni la sienne, par contre
Faudrait-il se battre
Pour reconquérir la plaine ?
Mais la révolte était vaine
C’était comme si l’hiver revenait.
 
Mais le Bison aussi bien par sa densité
Que par son excentricité
Il demeure un sacré vieil entêté
Une fameuse tête de mule. Borné.
Dépouillé de toutes animosités
Le cœur gonflé de gloire et fierté
Dans une déconcertante habileté
Plutôt que fuir, décida d’affronter
Cette nation aux contours boursouflés
Ternes et carrés.
C’était écrit, juré, craché
Qu’un jour il deviendrait.
Plus jamais triste, toujours gai.
A la défaite irrésolue et aux traités
Il choisit le très grand, L’immensité
La certitude, L’immortalité.
Son œil visa à l’Ouest.
Pays de l’Été, et du vin rosé,
De nouveaux gestes.
Sur le sol dessinait
Un projet manifeste
Et sur un bout d’horizon
Mon ami le bison
Rêva à Sa nouvelle saison.
Le Bison c’est moi
Peut-être toi
Sûrement nous
En fait, c’est un tout.
Jean-Michel

Rédigé par Jean-Michel

Publié dans #Printemps des Poètes

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