VACANCES AU PAYS BASQUE

Publié le 8 Février 2023

 
Cette année, j’ai décidé de partir quelques jours en vacances dans le sud-ouest de la France.
Après documentation de rigueur, me voilà partie.
Les fêtes de Bayonne sont crées en 1932 sur le mode de l’artisanat traditionnel, ce qui en fait la fierté du pays. Des festivités populaires sont organisées à la fin du mois de juillet, début août, pendant cinq jours et cinq nuits. Avec le temps cette fête deviendra, paraît-t-il, la troisième cérémonie traditionnelle du monde !
Je reste un brin surprise et curieuse. Le ciel est si beau, je choisis de profiter.
 
Sitôt arrivée, je décide de flairer un peu l’atmosphère de la ville. Je vais prendre un bon petit déjeuner dans un petit café familial. Là, le garçon très joyeux, volubile, arbore un habit blanc, avec ceinture, foulard et béret rouge ; il est très beau. Étonnée, je lui demande pourquoi cet accoutrement, il me répond, avec un accent prononcé :
– Hé !! C’est l’habit porté en l’honneur du sang versé par San Firmin, égorgé dans la ville.
Perplexe, je ne crois pas trop à son histoire.
 
Je reprends ma promenade et parcours les ruelles médiévales. Je rencontre une dame âgée qui égrène son chapelet, assise sur une chaise, devant la porte de son commerce. Le fils s’affaire devant un grand poêle où, dans une casserole énorme, mijote un plat dont je renifle les odeurs de poivrons, tomates, piments et bien d’autres ingrédients. Là, la mamie me dit :
– C’est le poulet à la basquaise, sentez, sentez, plus tard vous dégusterez.
Je lui dis :
– A bientôt…
 
Je poursuis ma visite dans les dédales de petits passages très étroits pour aboutir dans une plus grande rue commerçante ; là, un restaurateur, paré de l’habit traditionnel avec un béret rouge de travers, les joues aussi écarlates que son foulard, suant à grosses gouttes, malaxe des ingrédients avec vigueur. Plus loin, le charcutier tout aussi élégant, mais plus serein, découpe des petites tranches de jambon noir de Bayonne. Après dégustation, avec l’accent patois, il me dit :
– Ma petite dame, dans le monde vous ne trouverez pas de meilleur, nos cochons noir c’est quelque chose !!
 
Non loin, une table très longue, montée sur des chevalets, trône devant la devanture du traiteur. Des énormes saladiers remplis d’œufs, salés, poivrés, et partout des petites mains coupent les piments en petits morceaux. Mes yeux se mettent à pleurer, l’envie d’éternuer me prend, je m’éloigne. Une jeune femme avec son bébé dans la poussette me fait signe de me mettre à l’ombre et me raconte que, depuis cinq heures du matin, ils travaillent à modeler la plus grande omelette de piments.
 
Avec émotion, je pense alors à tous ces hommes, femmes, qui n’ont pas dormi et mettent toute leur énergie avec fierté pour nous démontrer leur savoir faire excellent, s’affairent, se brûlent, hument, reniflent tous ces plats pour satisfaire les papilles des habitants et touristes du pays.
 
C’est une chose extraordinaire.
 
Le caviste, porte-parole du vigneron, étale ces fûts de vin d’Erouléguy pour la découverte des pieds de vigne de la région, en tenue de rigueur lui aussi, mais déjà pompette.
 
Enfin, au fond de la rue, la boulangerie, à la devanture décorée aux nuances du pays, une grande table remplie de parts de gâteau basque. L’odeur embaume tout l’espace. La jeune vendeuse me décrit la recette de cette spécialité avec enthousiasme et amour, un délice qui fond dans la bouche. Et je vois dans son sourire l’orgueil qu’elle porte, un petit morceau d’édifice pour représenter sa ville.
 
Et pour clore la balade, je ne vous ai pas parlé du Roi Léon. En 1987, les élus décident d’avoir une mascotte et votent pour nommer un sujet, naturellement figure incontournable de Bayonne, un homme un peu simplet dit-on, sympathique, et de plus passionné d’opéra. Ils le dotent d’un gros nez, de cheveux longs et blonds, le font bedonnant et le prénomment Roi Léon.
Mais le Roi Léon est paresseux. Alors, sur la grand place de la mairie, le Maire s’est dessaisi des clefs de la ville, en signe de liberté au peuple. Celui-ci décide tous les matins de se réunir pour réveiller le Roi, à 12 heures. C’est ainsi que, pendant cinq jours sur la place de la mairie aux balcons fleuris de géraniums rouges et blancs, une marée humaine se meut, comme une vague. Cris et applaudissements à tout rompre.
Lorsque le Roi Léon apparaît, petits et grands scandent sa chanson :
 
Debout Léon
Il est l’heure de te réveiller
Pour saluer tous tes sujets
Qui sont émerveillés... etc.…
 
La fête commence, le vin frais pétillant coule à flot, les gorges deviennent pâteuses après un très bon repas festif, pique-nique géant dans les rues, la foule se met en mouvement, brouhaha, grondement, les vaches, alors, sont lâchées, les gens courent dans tous les sens, ils se protègent sous les portes cochères pour ne pas se faire embrocher. Cela représente un certain danger.
 
Le soir venu, avec lui, les musiques, les bals, les fanfares, défilés ambulants, danses traditionnelles. ll y en a pour tous les goûts, sans parler du vin limonade qui coule à flot. A minuit, le feu d’artifice brille dans le noir du ciel en très jolis bouquets de couleurs pour enfin clôturer une fête populaire majestueuse.
 
Ouf !!! Quelle fatigue, j’aimerais pouvoir voler pour soulager mes pauvres genoux. Mais je suis ravie d’avoir assisté à ce spectacle grandiose et suis très heureuse d’avoir pu comprendre ce grand respect et le sentiment d’orgueil que génèrent les habitants pour leur région, et la ténacité de faire revivre, d’année en année, ces coutumes et traditions, fabuleux patrimoine.
 

Rédigé par Arlette

Publié dans #Trésors du monde

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