LE CARNAVAL DE NICE
Publié le 9 Février 2023
Marie et Jean ont passé un après-midi au carnaval de Nice. Un bel après-midi de soleil, de musique, de fête, avec les chars gigantesques. Carnaval, Roi des trésors du monde ! C’est le thème de l’année, pour le cent-cinquantième anniversaire de sa Majesté.
Le soir, lovés sur le canapé, un verre à la main, la tête pleine de chants, rires et confettis, ils se remémorent la journée et décident de n’en rien perdre en la consignant dans le carnet de voyage de Marie :
Samedi 11 février 2023
Ici s’achève ma quête des trésors du monde, à Nice, avec le carnaval. Notre trésor niçois depuis 150 ans.
Il ne reste qu’une page à mon carnet de voyage, juste pour lui. Pour un tour d’horizon complet, je vais aussi y glisser mon vieux texte sur le phare d’Alexandrie, à l’origine de tout ce périple, et relater la conversation que j’ai eue avec Jean au sujet de l’alphabet arménien, autre trésor remarquable. Quelques semaines riches de découvertes, de sensations, et une belle rencontre : Jean, qui est là avec moi pour narrer notre échappée carnavalesque :
On a été subjugués par le char du Roi. Assis sur le Colisée, avec une pyramide dans la main, le Taj Mahal au bout des jambes, il est superbe. Derrière le roi, une fanfare arrive. La musique, d’abord battement de la grosse caisse, se structure en approchant. Une marche enlevée, claironnée par les trompettes. Les notes retentissent, rebondissent, claquantes comme un ballon, contre les murs des immeubles, frappent les oreilles. Le tambour rythme la marche de son cœur qui bat. Les nôtres en font autant, nos poitrines comme des caisses claires. Ça tourbillonne, ça s’éparpille, la musique est partout… juste le temps de défiler devant nous. Puis, elle s’éteint, se perd en s’éloignant, d’abord étouffée, puis remplacée par celle d’un char qui s’approche, précédé de quelques grosses têtes. Des confettis multicolores, des serpentins volent, on en a plein les cheveux, les manteaux et les poches. Le corso défile, voici le char de la Reine, magnifique déesse indienne aux bras multiples. Suivent des troupes venues des quatre coins du monde qui dansent en habit traditionnel, et d’autres grosses têtes, et d’autres chars. C’est coloré, pimpant, vivant, bruyant. Les musiques se mêlent, s’enveloppent les unes avec les autres, se fracassent en un joyeux brouhaha.
Le char du Roi repasse, toujours aussi impressionnant. Des heures de travail pour une œuvre magistrale qui sera brûlée à la fin des festivités. Paraît que le monarque emporte ainsi tous les soucis, les choses négatives et le froid de l’année écoulée… Un colosse éphémère, comme le phare d’Alexandrie… Temporalité des choses, finitude… Cela m’a accompagnée tout au long de ce voyage et carnaval, en brûlant, y met le point final.
Marie regarde Jean, lui sourit. La fête, la musique, elle les porte en elle depuis qu’elle l’a rencontré.