LE CARNAVAL de NICE
Publié le 12 Février 2023
Une débauche kitsch de costumes, de décors, de mascarades et de défilés de chars tous plus impressionnants, rutilants les uns que les autres. Cette parade est menée par le groupe Nissa la Bella qui défile avec mauros, cantinières et instruments en cougourdons au sons cristallins mais généreux.
Il est suivi de sa Majesté Carnaval qui représente tout l’imaginaire d’une quête autour du monde et de ses trésors. Cette année, le Roi est plus que séduisant. Notre Sire, haut de huit mètres est blond, barbu et moustachu, aux yeux verts joliment plissés et au sourire en coin. Assis sur le Colisée, ses jambes musclées encadrent le Taj Mahal. Derrière lui se dresse Big Ben. Sa main gauche brandit l’obélisque de la Concorde tandis que la droite tient une pyramide, autour du cou la muraille de Chine. Le Roi est prêt à faire des ravages auprès des courtisanes énamourées. Il avance sous les cris et les applaudissements assourdissants s’élevant des tribunes. Il a le privilège d’être entouré par la Ciamada Nissarda qui fait revivre la tradition du paillassou, avec danses et farandoles sur des airs folkloriques du répertoire niçois.
Et voilà la fanfare de Nice avec le boum boum des tambours aux sons secs, puissants qui marquent la phase des thèmes musicaux. Les fifres ou sifflets aux sons très aigus, les violons à la sonorité éclatante, brillante, envoûtante, le cornet à piston généreux et la timbala (grosse caisse) frappée à la main par une mailloche en cuir qui donne un air grave, assez chaleureux.
Un tintamarre assourdissant qui se mélange aux cris et hourras provoqués par la brigade des agitateurs de tribunes excitant la foule.
Le ciel indigo est animé d’étoiles scintillantes, un parfum de rêves pour cette soirée carnavalesque. Le vent froid n’est pas ressenti, nous sommes collés les uns aux autres sur ces gradins inconfortables, il chatouille juste notre nez d’odeurs sucrés de barbe à papa, ou de chocolat chaud.
Soudain, mon cœur bat la chamade. Immense, flamboyant, le char de l’œuf de Fabergé violet se détache sous les projecteurs qui sillonnent la place Masséna. Un objet précieux ramené de Russie par ma Babouchka, qui fait encore partie de notre trésor familial. L’œuf est ouvert, sur la partie basse une piste de danse aux doux reflets lumineux couleurs pastels. Des airs de Cumba, aux sons simples et enivrants, de Cuarteto, musique populaire au rythme allègre et actif, dirigés par l’orchestre argentin présent au Carnaval de Nice. Des mélodies à la clarinette, accordéon ou guitare qui permettent à la troupe de Buenos Aires de virevolter devant nos yeux ébahis. Le bandonéon prend le relais pour une danse qui fait frémir tout mon corps. Dès les premières notes du tango argentin, un souffle sensuel s’envole sous une pluie de confettis et d’applaudissements.
Après notre rencontre à Paris, Juan-Carlos m’a fait un cadeau royal, il est là, beau comme un astre. Sa partenaire, à la tenue provocante, malgré le balancement de sa tête, a pour lui, un regard étrange et pénétrant qui provoque, en moi, un léger pincement.
La musique est le reflet de l’âme, elle efface mes angoisses et me fait sourire. Ce soir elle est souveraine, les paroles sont vaines, le son est brillant, coloré. La nuit, je le sais, aura un attrait magique, celui d’un murmure enchanté. Le désir doit vibrer tel un concert aux notes tendres et romantiques.