VIENNE ROMANTIQUE
Publié le 24 Janvier 2023
Mon cœur est en émoi depuis que j’ai découvert, cachés dans le secrétaire de mon père Vladimir, les carnets intimes et de voyage de mon illustre grand-mère.
Babushka a été pour moi, jusqu’à quatre-vingt-dix-neuf ans, l’héroïne de mon enfance, de mon existence. Qui n’a pas rêvé, un jour de vivre un conte de fée. J’ai eu la chance d’avoir à mes côtés, Mathilde Kschessinka, une danseuse célèbre, maîtresse du Tsar Nicolas II de Russie, et mon père est le fruit de leur amour. Elle est devenue princesse en épousant mon *Deduska* : Andreï VLADIMIROUITCH. Cette jolie femme cultivée, libertine pour l’époque, m’a donné l’envie d’apprécier tous les plaisirs de la vie, dont celui de voyager.
La première étape de sa fuite de Saint-Pétersbourg fut de se réfugier auprès de sa sœur Katia, en Autriche. Je suis arrivée à Vienne, j’ai laissé à l’hôtel le précieux carnet de voyage si présent dans mes pensées. Le taxi m’a déposée devant le Palais de Hofburg dont la magnificence dépasse les écrits.
Forteresse médiévale, sa construction a débuté au 13ème siècle. Elle fut agrandie jusqu’au 20ème siècle d’où le mélange des styles : gothique, baroque, renaissance, rococo. Situé en centre ville, il est le plus grand palais du monde. Il fut le lieu de vie, de travail, de la famille impériale durant près de six siècles jusqu’en 1918, fin de la monarchie.
Impressionnante bâtisse, aux colonnes sculptés, aux dômes verts arrondis, la visite commence par une entrée drapée d’immenses tentures rouges festonnées de dorures. Des escaliers de marbre beige desservent les vingt pièces à visiter. Les lustres en cristal de Bohème scintillent sous mes yeux éblouis par autant de richesses.
La visite est un enchantement. Les appartements de l’empereur François Joseph et de l’impératrice Elysabeth de Bavière plus connue sous le nom de Sissi. Sa robe de mariée, ses toilettes, sa salle de bain, j’ai l’impression de revivre les scènes des films retraçant l’histoire de cette jeune femme devenue impératrice par amour.
Dans l’aile la plus ancienne du palais, la salle des trésors, signalés par le guide « les plus importants au monde », la couronne impériale autrichienne, les joyaux du Saint-Empire romain germanique, les bijoux de l’impératrice et la collection d’argenterie, le tout soigneusement protégé et entretenu.
Du rêve à la réalité, le jardin et sa serre aux papillons où cent cinquante espèces volent en liberté. La chapelle, une école d’équitation et le centre de congrès, résidence actuelle du président de la république.
Transportée dans un autre monde, imaginant ma célèbre grand-mère dansant devant la noblesse autrichienne, je bouscule brusquement un des visiteurs du groupe qui me retient.
De grands yeux noirs, une moustache qui me laisse entrevoir un sourire malicieux, un échange d’excuses avec un accent inconnu… fin de la visite.