GIANT’S CAUSEWAY
Publié le 24 Janvier 2023
Pourtant, il a bien fallu repartir. Marie marche vers son hôtel, les yeux rivés sur le Parthénon illuminé, posé sur la colline et sur la nuit. Dans le ciel sombre, juste au-dessus de lui, comme un signe venu de la Grèce antique, Jupiter/Zeus brille. Il semble s’être arrêté là pour elle, le dieu des dieux. Marie s’arrête aussi. Communion païenne… L’Olympe a rendez-vous avec l’Acropole... tempus non fugit dans cet instant d’éternité... Journée inoubliable...
Le lendemain matin, plus de table disponible au petit déjeuner. Le personnel place Marie face à un homme qui déjeune seul. Le personnage est avenant, la conversation s’engage, débouche sur une sympathie mutuelle et se termine par la décision de poursuivre la visite d’Athènes ensemble. Colline de la Pnyx et son amphithéâtre naturel doté d’une estrade de pierre sur laquelle les orateurs et les citoyens discutaient des lois et politiques de la ville, colline des Muses et son temple du même nom, halte limonade à Pláka et tant d’autres choses à découvrir en compagnie de son nouvel ami. L’homme est un grand voyageur. Avant d’arriver en Grèce, il a passé quinze jours en Irlande et il a su si bien raconter ce pays que Marie, à la fin de son séjour, s’y rend sans repasser par Nice.
Première visite, la Chaussée des Géants, qu’elle s’empresse de relater dans son carnet de voyage :
Lundi 23 janvier2023
Me voici en Irlande. C’est grâce à mon nouvel ami, Jean, que j’ai recontré à Athènes et qui m’a incitée à y venir. Alors, plutôt que raconter ce formidable trésor du monde sur mon carnet, je vais l’envoyer par courrier à Jean et garder le double de la lettre :
Cher Jean,
Je t’écris depuis la Chaussée des Géants, Giant’s Causeway, comme tu dis si bien. C’est vraiment comme tu me l’as décrit. De hautes falaises, un escaliers aux milliers de marches, des colonnes dressées, des dalles qui s’enfoncent dans la mer.
Le vent siffle fort, les vagues se fracassent dans un vacarme terrible et les oiseaux de mer, je ne sais pas leur nom, crient au-dessus des lames. Si je ferme les yeux, je pourrais presque imaginer que c’est le géant écossais de la légende qui avance, grondant, hurlant, frappant le sol de ses grands pieds.
Des embruns glacés mouillent mon visage, j’ai les joues qui piquent et un goût salé sur la langue. Ca sent la mer, tu sais, cette odeur d’iode, de varech, de poisson, un peu tout mélangé...
Je me promène sur les dalles sombres, caressant d’une main les colonnes ocres, humides et froides. Mon autre main, pas folle, reste sagement blottie dans la chaleur du duvet de mon anorak.
Le ciel et la mer sont gris, de gros nuages blancs défilent sur l’horizon. Tu as raison quand tu dis que l’on peut avoir les quatre saisons en une journée ici, je les ai vues défiler aujourd’hui.
Merci encore de m’avoir donné envie de venir en Irlande. Devant ce paysage... je ne sais comment dire... il y a comme un frémissement, une empreinte invisible, peut-être celles des géants.. ou celle du temps, immuable pour les pierres, fugace pour moi. En tout cas, je repars riche d’un nouveau trésor.
Je t’embrasse
Marie