MES ESCAPADES
Publié le 14 Février 2023
JE SUIS L’ŒUF !
ZDRASTVOUÏTIE (bonjour), j’ai été conçu, enfin élaboré par « mon père » KARL au début du XIXe siècle à Saint-Pétersbourg. Une grande famille de joailliers qui était très appréciée du tsar Alexandre III ainsi que de son fils Nicolas II et, par la suite, par sa femme, la tsarine, et les dames de la cour.
Le petit Nicolaï, passait souvent le bout de son nez par la porte entre ouverte de l’atelier de son père.
- Ne touche à rien, lui demandait ce dernier, je travaille.
Mais les maquettes, les bijoux, les bouts de tissus, les perles qui participent à mon élaboration, faisaient briller les yeux du petit garçon. Moi, L’Oeuf à la poule, le premier phénomène d’une longue lignée d’une cinquantaine, j’ai été d’une grande complexité. Karl se lissait sa moustache et se grattait le peu de cheveux qui lui restaient en pestant, car des perles tombaient et roulaient sous son établi. Des dessins et des plans effacés et recommencés.
Un jour, un ami proche de Karl et amateur de joaillerie lui fit une commande d’un œuf.
- Le tsar a entendu parler de ta passion et serait heureux et honoré de te recevoir afin de contribuer à un éventuel achat, lui dit-il.
J’ai l’oreille fine, si, si j’ai des oreilles… Moi ! criais-je.
Karl se lissant à nouveau la moustache croyait à une blague, il rougissait. Moi, dans ses mains, j’étouffais... Hé ! lâche-moi, réfléchis et dis oui, je suis prêt.
Quelques semaines plus tard, je fus présenté au tsar NICOLAS II, à la tsarine A. FEDOROVNA et aux dames de la cour. Certaines personnes étaient surprises, d’autres dubitatives.
- Bien, très bien ! s’exclama le tsar s’adressant à Karl. Combien en voulez-vous cher monsieur ? Cet Œuf de Poule incrusté de pierres précieuses sera le premier de ma collection, soyez en certain.
Moi je ne savais pas comment me comporter, je ne bougeais pas, me laissant admirer. Entre nous, j’étais une copie du premier de mes frères, mais chut ! ne le dites à personne ; le bébé ayant fait suer de travail et d’amour mon père Karl était caché dans son antre de trouve-tout.
Les années qui suivirent furent un enchantement de grâce et de subtilité, le travail de Karl FABERGÉ est et sera mondialement connu et apprécié, j’en suis certain.
Au début, je n’était qu’un œuf tout bête, puis je me suis paré de luxe et de beauté.
DO SVIDANIA (au revoir), je laisse à Dominique le soin de parler de sa visite au musée FABERGÉ à Saint-Pétersbourg, d’où elle a rapporté un magnet, un œuf bien sûr...
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LA CATHÉDRALE DE 140 ANS
Je reprends mon voyage en Europe, après la visite de cette merveilleuse ville de Saint-Pétersbourg, je prends mon sac à dos, l’avion et j’arrive à Paris. J’ai rendez-vous avec mes amies Claire et Colette, place d’Italie, où Nathalie nous attend et nous propose la chambre de son fils pas encore rentré du Japon. Son chat abyssin nous ouvre un œil avec un miaulement complaisant. Sous les toits de Paris, c’est original, j’adore. Nous organisons notre prochaine aventure, dans le sud, en Espagne à Barcelone.
Descendre en voiture, avec la vieille teuf-teuf que le père de Claire lui a prêté pour l’occasion. PARIS-BARCELONE, une auberge de jeunesse trouvée sur internet nous attend, ouf ! Nous sommes arrivées, après seulement trois pauses, pipi, café, sandwiches. Un dépliant donné à l’entrée de l’auberge, une ambiance bruyante mais joyeuse se fait entendre avec des accents étrangers agréables.
L’incontournable édifice de la Sagrada Família avec ses tours biscornues aux quatre vents, ses couleurs vives et son atmosphère religieuse incitant au recueillement. Antoni GAUDI, né en 1852, avait dans l’idée très jeune de construire une œuvre grandiose, colorée, en souvenir de ses grands-parents disparus trop tôt. Architecte catalan de renom, il entreprit donc à trente ans de construire cette splendeur qui sera la plus haute cathédrale du monde, une fois ses flèches terminées… en 2026…
C’est haut, très haut, plus de 172 m, des photos crépitent, on ressort bouleversées.
On irait bien manger des tapas, on traverse ces immenses rues pour atteindre La Rambla, cette très longue avenue traversant la ville. Demain, nous irons visiter le Parc Güell avec ses céramiques et la Salamandre qui nous accueille à l’entrée. Ces jardins, tout en beauté scintillante de mille couleurs, des bancs en pierre, des arceaux, des sentiers sinueux qui obligent aux photos souvenirs. Un banc en forme allongée, dans une allée, nous tend ses bras de mosaïque bleue et or.
Nous avons eu beau temps, mes amies et moi ; en grandes routardes, nous reprendrons peut-être ensemble notre circuit européen un des ces jours.
ADIOS
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L’IRLANDE ET SES SECRETS
Bonjour mon journal de voyage.
Aujourd’hui, je me prépare à partir en Irlande, mon amie Abby m’attend à l’aéroport de Collinstown de Dublin. Mon sac à dos est prêt, pour une fois je vis dormir chez l’habitant, mon amie m’emmène manger un Fish and Chip irlandais, le poisson est en forme de poisson, c’est drôle…
Je suis contente de revoir mon amie, elle m’informe qu’avec son mari Jack, un programme intéressant m’a été concocté pour la journée de demain.
Nous prenons le bus pour aller dans le comté de Meath, découvrir un site archéologique exceptionnel, il y aura des Mérinos bien sûr sur un immense terrain, sur lequel de nombreux sillons circulaires de 228 m, ont été aménagés pour organiser de nombreux festins ou malheureusement des massacres entre ethnies…
En quittant le bus, nous prenons une allée bordée de ronces, où nous nous gavons de mûres. Arrivés sur le site, nous apercevons les restes d’une petite église sombre. Soudain, une nuée de corbeaux noirs s’abat sur nous, je suis terrifiée, les coassements sont effrayants… puis ils passent leur chemin, nous rasant la tête. Nous avançons ; des sillons qui ressemblent à des empreintes laissées par des soucoupes volantes et des ruines témoignent de bâtisses datant de siècles anciens.
Ce paysage est émouvant de désolation. Nous apercevons ces fameux Mérinos broutant paisiblement, je ramasse des bouts de laine éparpillés sur le sol, en souvenir. Des photos s’imposent, mais le ciel devient nuageux ; bon, on est en septembre c’est normal, ce qui n’empêche en rien la vertigineuse vue du pré et des bois alentours, j’adore… Un petit air fais se lève, je sens quelques gouttes de pluie sur ma main.
Le chat de la boutique-restaurant nous accueille d’un petit miaulement, irlandais bien sûr… Nous nous installons au restaurant dans des sièges en osier pour boire une Guinness bien méritée.
Je repars, des images, des sons, plein les yeux, les oreilles et la tête.
– Demain, me dit Abby, nous irons au bord du fleuve La Liffey, pour te montrer et te raconter l’histoire de la grande famine de 1845, l’hécatombe des Irlandais qui dura quelques années épouvantables. On découvrit du mildiou qui détruisit les pommes de terre et affama la population à cause de la mauvaise récolte. S’en suit une révolte des catholiques et l’émigration des Irlandais aux États-Unis.
Effectivement, un mémorial de la Grande Famine, représenté par des statues d’hommes, de femmes et d’enfants, d’une maigreur extrême, quémandant à manger. J’en ai la chair de poule et les larmes coulent lentement, je prends tout de même une photo souvenir en regardant une petite fille en haillons, sale, maigre et touchante, j’ai l’impression qu’elle s’avance vers moi.
- Je te l’avais dit, s’écria Abby, mettant sa main sur mon épaule.
Nous marchons d’un pas rapide voir un paquebot qui fait escale dans le port de la mer d’Irlande. De petites échoppes vendent des cafés et des chocolats bien chauds.
Et bien, me dis-je c’était une expédition fabuleuse, où mes sens ont été mis à contribution, merci mes amis. Je retournerai en Irlande pour y découvrir d’autres sites extraordinaires.
SLAN (au revoir en gaélique)
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LE CARNAVAL DE VENISE
Bonjour mon carnet, l’idée me vient d’aller m’amuser. Eric, un ami m’avait parlé de Venise, où je suis déjà allée deux fois. Mais bientôt, en février, il y aura le Carnaval.
Pourquoi pas, c’est une bonne idée, on est dans les temps, pensais-je.
Un petit hôtel, un peu éloigné de la Place Saint-Marc. Les bagages déposés, nous allons d’un pas détendu apercevoir ces fameux personnages de rêverie. Une documentation prise à l’accueil me renseigne sur les débuts de ces extravagances colorées.
« Le CARNAVAL de VENISE remonte au Moyen Âge, les aristocrates voulaient associer le peuple aux jeux publics. Une abolition des différences sociales par le port du masque. A la Renaissance, le carnaval s’ouvre à l’opéra, au XVIIIe siècle, à la peinture. Sur la place San Marco déambulaient des acrobates, des jongleurs et des déguisements de la Commedia dell'Arte, avec des masques grimaçants. Le vol du Rat, un cortège en bateau avec l’effigie d’un gros rat qui exploserait de confettis en donnant le départ. »
Bon, et bien allons voir ce dont il est question….
La Place Saint-Marc, quelle beauté ! Je ne me lasserais jamais de voir ces nuées de pigeons et cette nonchalance italienne. Soudain, je me sens attrapée les bras par deux personnes sous de resplendissants costumes d’Arlequin et de Colombine, sous les yeux ébahis de mon ami…
- Prends une photo ! lui dis-je.
Puis, comme une attraction, de fil en aiguille, suivant un cortège de personnages plus beaux, plus colorés, plus audacieux et un brin prétentieux, je suis amenée au bord du Grand Canal, près des gondoles qui, semble-t-il, sont un peu délaissées… Un couple de Français s’avance vers moi, à l’écart de cette mascarade, me confie qu’ils confectionnent eux-mêmes leurs costumes et sont des habitués du Carnaval depuis des années.
- On ne se déguise pas, on se costume, me dit à l’oreille la dame. Le thème de cette année 2023 sera « Les Signes du Zodiaque » et le dernier jour, un jury décerne le prix du plus beau costume.
Suite à ces confessions intéressantes, je me réfugie dans une pâtisserie afin d’évaluer ce qui se passe sous mes yeux. Des rois, des reines, des princes, tout un défilé de personnalités déguisées.
Qui est qui sous ce masque ? me dis-je en regardant une silhouette fluette détonnant des autres aventuriers.
Peut être une fée, une elfe vêtue de noir ; des ongles très, très longs, des cris perçants sortant de sa bouche et des gestes saccadés accompagnent ses élucubrations. Tout un chacun peut ou veut se réfugier dans l’anonymat, l’espace de quelques jours de fêtes.
J’ai adoré ces trois jours festifs. Moi, me déguiser non, mais acheter un masque bien sûr, je ne veux me cacher qu’à moitié…
GRAZIE MILLE VENEZIA...
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LE CARNAVAL DE NICE
Un petit bonjour, mon journal, aujourd’hui je vais rester à Nice pour me reposer.
NON, le carnaval de ma ville va bientôt s’y dérouler, alors, alors… Le thème de cette année complète mes pérégrinations précédentes.
Le Carnaval de Nice est le plus grand de France et l’un des plus célèbres du monde. Thème de l’année : « LE ROI DES TRÉSORS DU MONDE », festivités, fleurs, costumes spectaculaires. Jolies filles sur les chars jetant des fleurs par ci par là, à la grande joie du public, des enfants aux plus âgés, contents de rentrer chez eux avec un souvenir de ces belles journées.
Pour rendre hommage à ce Carnaval particulier, des chars représentant différents monuments mondiaux défilent. La musique, parlons-en, c’est un tout, me direz-vous, on ne dissocie pas toujours la vue des couleurs, des gestes, des sons assourdissants de la part des notes bruyantes, des fanfares, des cris arrachés aux jeunes personnes sur les chars colorés, attirant le public, de leur voix qui se veulent les plus haut perchées accompagnées de sourires gigantesques offrant leurs plus beaux atours.
Je viens d’apprendre que le nouvel hymne du Carnaval est « La Marche du ROY », crée par un niçois, gagnant au concours de mai 2021, et arrangé par un musicien niçois également, associant jazz et classique, le tout avec un chœur d’enfants du lycée René CASSIN .
Le char de RIO par exemple, nous entraînerait dans une samba endiablée. Celui de l’Inde, la musique la plus gestuelle sur des sons répétitifs et agréables.
La citation « Au carnaval tout le monde est jeune, même les vieillards. Au carnaval tout le monde est beau, même les laids. » est d’une logique imparable, les personnes âgées, le temps d’une journée de folie, réagissent à des réactions inopinées de jeunesse.
Les masques ont pour mission de nous dissimuler pour une raison avouable ou non, mais il y a ceux qui choisissent des masques laids par plaisir de choquer ou d’effrayer. Le Carnaval sera toujours une question de sens, la vue des couleurs, la senteur des fleurs, l’ouïe des sons que l’on peut interpréter selon son humeur, le toucher imperceptible ou puissant des confettis qui s’envolent au grès du vent, et le dernier, et non des moindres, celui de déguster ces magnifiques pommes d’amour et autres gourmandises.
E VIVA NISSA LA BELLA !
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MES ESCAPADES…
Mon journal, aide-moi à conclure cette belle épopée des trésors de mes voyages. Tu as été le confident de mes pensées, mes peurs, mes découvertes. Je vais remplir tes quelques pages blanches de mes trésors personnels.
Deux adorables petites filles qui ont déjà beaucoup exploré une partie du monde. Elles sont pleines de souvenirs, heureux ou malheureux, des visions de l’humanité colorées, bruyantes, noires et calmes selon leurs ressenti. Avec moi, dans le cœur de mes découvertes, je les emmènerai voir des ailleurs de la vie, des pays que j’ai aimé visiter, les paisibles paysages de verdure, des animaux dit sauvages comme les écureuils de Saint-Pétersbourg se laissant approcher et nourrir de graines appropriées, les moutons d’Irlande, l’Atomium de Bruxelles. Je leur ferai pratiquer l’anglais à Londres et surtout je prendrai des photos, plein de photos, pour plein de souvenirs en tête et en papier.
Pour mes trésors de voyage, tu seras toujours bien caché dans un tiroir secret. Peut être un jour, te ressortirais-je pour d’autres aventures… Il faut être curieuse du monde et de ses trésors qui sont parfois près de nous…
Dominique DRUARD