ATHÈNES
Publié le 17 Janvier 2023
Marie repose la vieille feuille jaunie. Ce texte, elle l’avait écrit en atelier d’écriture, il y a quelques années. Une prosi…. proso… prosopopée ! Faire parler un objet, avait dit l’animatrice, faire raconter son histoire à un trésor disparu. Sensible aux vieilles pierres, Marie avait tout de suite pensé au phare d’Alexandrie, ce géant abattu, et les vers de Tristan l’Hermite s’étaient invités dans le texte pour souligner le côté éphémère des choses.
Tempus fugit… Et drôlement vite ! Aujourd’hui, elle est à la retraite et il serait grand temps qu’elle fasse des bouquets en la saison des roses, qu’elle parte découvrir les trésors du monde, qu’elle s’offre le voyage qui lui lui tient à cœur : Athènes, la première démocratie du monde, la genèse de la civilisation occidentale…
16 janvier 2023
Je commence mon carnet de voyage. Je suis arrivée hier soir à Athènes et aujourd’hui, j’ai visité l’Acropole.
C’est en m’y rendant que j’ai eu un premier choc : au détour d’une rue, l’Acropole, qui pour moi, jusqu’à ce jour, n’était qu’une image vue dans un bouquin ou à la télé, s’est soudain matérialisée. Le Parthénon trônait, altier, au-dessus des immeubles. Là, je me suis arrêtée un moment pour intégrer cette réalité.
Arrivée sur le site, j’ai d’abord traversé une multitude de vestiges, morceaux de colonnes, pierres de différentes taille, toujours blanches. Le blanc, c’est la couleur d’Athènes, aussi bien l’antique que la moderne. Je suis arrivée devant un théâtre, l'odéon d'Hérode Atticus, datant de l’époque romaine d’après le flyer qu’on m’a donné à l’entrée. Un demi cercle de gradins adossé à la colline et fermé par de hauts murs en partie détruits mais qui ont encore à leur niveau le plus bas, deux belle rangées d’arcades. Il est toujours utilisé pour des concerts et des spectacles, des musiciens faisaient des réglages de balance. Cette musique contemporaine au milieu des vieilles pierres, cette continuité comme un pont de culture depuis deux mille ans m'ont touchée.
En haut de la colline, les escaliers grimpent entre deux rangées de colonnes monumentales vers une porte géante ouverte sur le ciel. Émotion difficile à décrire en franchissant la porte. Je n’ai pas les mots. Là-haut, c’est… je ne sais pas si beau convient. C’est la claque, c’est sûr ! J’en ai des larmes au bord des cils et le cœur étreint. Le Parthénon majestueux, tant de fois vu sur des images, se dresse devant moi sur ses colonnes blanches, cerné de débris. L’Érechthéion, temple aux cariatides magnifiques, en fait de même et Athènes toute blanche s’étale en bas, autour de la colline. Je ne sais pas décrire ce moment. C’est fort, riche, mais je n’ai toujours pas les mots pour le raconter. Je déambule entre les monuments, nourrie d’Histoire et de légendes. Le soleil décline, la mer se teinte de rose et les pierres blanches s’ornent d’ocre et d’or.
Je n’ai pas envie de redescendre.