LA SYMPHONIE FANTASTIQUE DES TRÉSORS
Publié le 17 Février 2023
LE TRÉSOR DE L’AWA MARU
Je suis un paquebot japonais gigantesque pour l'époque. Je m'appelle AWA MARU, né en 1941. Je suis la fierté de mon entourage. Je possède une cale très importante et trois étages de cabines, les passagers fortunés profitent des salons spacieux et de fumoirs élégants, meublés de tapisserie japonaises.
Ma mission, je voulais l'accomplir avec courage. Mais d'autres personnes en ont décidé autrement.
C'était la guerre. J'ai été réquisitionné pour la marine impériale japonaise. J'ai servi pour le secours de la Croix Rouge et transporté des vivres aux prisonniers détenus par les Japonais. J'ai fait escale à Singapour pour remplir mes silos d'énormes quantités de riz et autres denrées de contrebande. Fier de mon travail, j'ai pris le large le 28 mars 1945, lorsque le 1er avril, venue des profondeurs de l'océan, une torpille d'un sous-marin américain, m'a pris pour un destroyer et m'a éventré. Ma vie, alors, a été abrégée. J'ai mis toute ma volonté pour essayer de survivre et de ne pas disparaître au fond des abysses.
Des rumeurs sans fondement ont précipité ma chute. Il paraît que je transportais dans mes cales, des pierres précieuses, diamants, or et plus encore.
Mon voyage correspondait aussi à la date de la dernière trace des restes de fossiles de « L'homme de Pékin » à Singapour qui, semble-t-il, était d'une valeur inestimable.
Tout ceci a précipité ma disparition et réglé mon avenir dans les abîmes de l'océan.
Moi, je n'étais simplement qu'un « paquebot-hôpital » sous la protection de la Croix Rouge.
Aujourd'hui, je vaque dans l'univers marin, je voyage dans mes rêves ; autour de moi, quelques espaces ressemblent étrangement aux jardins japonais. De minuscules parcelles d'herbe verte sont semblables aux champs de luzerne où l'on trouve sur terre, parfois, des trèfles à quatre feuilles.
Mes amis sont silencieux, ils viennent se protéger des intrus, dans les méandres de mes milles cachettes.
On ne sait pas grand-chose de moi, je suis une énigme, plusieurs personnes ont tenté de me dépouiller de mes atouts, mais je suis plus malin qu'eux, ils ont perdu la face semble-t-il ? Rien n'a été retrouvé jusqu'alors. Ils se peut aussi, qu'au départ de cette cargaison, la richesse était déjà en lieu sûr. Qui sait ? La société japonaise qui m'a conçu a été très perspicace.
Le mystère reste entier !! Seuls, les miens doivent connaître ce secret.
Dans l'avenir, on écrira peut-être un nouveau chapitre.
…
GIZEH
Ma Chère Amie,
Je viens d'arriver à destination de mon voyage en Égypte La chaleur est déjà accablante de bon matin. Aussi, je prends la plume pour me reposer un peu, avant d'entreprendre les visites exceptionnelles de ce pays. Je laisse ici mon courrier et, ce soir, je te décrirai toutes les merveilleuses choses que j'aurai vues et arpentées.
Il est 21 heures, après une bonne douche et un bon repas, je reprends mon récit.
Ce matin, un véhicule nous attendait pour nous conduire au complexe pyramidal de Gizeh, situé sur le plateau. Le site est placé sur la rive ouest du Nil à quelques kilomètres du Caire.
Cet édifice nivelé par l'homme, il y a 4500 ans a une forme carrée. Je ne sais pas si tu peux t'imaginer au pied de ce mastodonte. Je me sens un peu comme une fourmi sous une chaleur étouffante, perdue dans un désert de couleur ocre. Lorsque je le regarde, je suis un peu rêveuse..
Comment des hommes, à cette époque, ont pu construire un ouvrage aussi gigantesque...
Le canal reliant le Nil sépare la zone désertique, où je n'aimerais pas me rendre, on n'y voit rien que des montagnes de sable rouge et jaune.
Le chauffeur ce matin, nous a demandé de nous chausser avec des souliers fermés, pour éviter d'attraper, des bactéries semble-t-il assez dangereuses.
Je prends pas mal de photos qui me laisseront quelques merveilleux souvenirs inoubliables, que je te montrerai, car par courrier, je ne peux te décrire les trois plus grandes célèbres pyramides d’Égypte, comme je les vois de mes yeux, celles de Khéops, Khéphren, et Mykérinos. Elles sont toutes faites de calcaire blanc, de granit gris, du basalte ocre, et de mortier.
Lorsque le soleil se couche, c'est une splendeur indescriptible. Les larmes te montent aux yeux devant tant de beauté. La pyramide de Khéops est le tombeau présumé du pharaon de la IVe dynastie.
A l'hôtel, je suis très bien installée, avec tout le confort, même plus. Les employés sont aux petits soins pour moi. Le personnel me demande à chaque instant, si je n'ai besoin de rien. J'ai l'impression par moment d'être une Cléopâtre, avec des jeunes filles à mes pieds.
Entre les couleurs extérieures et intérieures, ce pays te laisse un goût de royaume de lumière et de trésors.
Les jours ont défilé si vite, bientôt le retour, avec une certaine mélancolie, où l'on se verra pour que je te raconte plusieurs petites anecdotes amusantes dans ce pays des milles et une nuit.
A bientôt, ma chère amie
Arlette
...
LA PLUIE
La pluie l'essentiel de notre vie.
Un trésor, une merveille du monde. Elle est l'équilibre de notre planète bleue. La pluie nourrit, creuse, parcourt des kilomètres pour alimenter nos réserves souterraines.
Quelle joie de la voir tomber du ciel, puis serpenter dans les rivières, claire et transparente, sortir d'une source bienfaisante et abreuver hommes et bêtes.
C'est un immense plaisir de fouler dans la forêt, le tapis humide de feuilles mortes où l'odeur boisée, après l'orage, nous monte dans les narines. La pluie purifie l'air et rend l'atmosphère cristalline. Les gouttelettes d'eau restent suspendues au bord des feuilles brillantes, sous un timide rayon de soleil. Un petit rossignol s'ébroue, joyeux, accroché à une légère branche. Une promenade en forêt par temps pluvieux est un ravissement pour les enfants, une liberté immense de pouvoir sautiller dans une flaque et éclabousser l'entourage dans un éclat de rire. Au loin, on entend le grondement sourd de la cascade qui fait écho sur la montagne d'en face.
Quelle grande joie de cueillir les argousiers bien mûrs, les fraises des bois gorgées de jus sucré et parfumé. Même les escargots sont heureux de sentir la fraîcheur ; on les voit sortir de leur cachette avec leur carapace sur le dos, gambader parmi les herbes détrempées, à l'assaut de plantes vertes et tendres, afin de faire un bon festin.
Enfin, après la pluie le soleil semble vouloir montrer timidement le bout son nez. C'est là que la nature, sortie de sa torpeur de sécheresse, nous montre tous ses atouts. Le feuillage a pris sa douche et se pare de belles couleurs vert tendre, parfois un peu cendré. Les fruits, sous leur couleur rouge vif et jaune citron pendent sur les branches avec une nouvelle tenue. Les troncs rugueux des chênes exhibent leur écorces lumineuses.
La nature est là vivante, elle nous appelle, on respire, on ouvre les poumons. Un sentiment de béatitude nous envahit.
La pluie a du charme si on sait l'apprécier.
Tout là-haut, il fait beau ! Mais le ciel se met à pleurer pour nous dire la grande tristesse de ne plus
pouvoir, si souvent, inonder régulièrement notre vie de ce liquide transparent comme le verre.
C'est pour cela qu'aujourd'hui, il ne faut plus se permettre de jouer avec lui. Cet élément, si complet en minéraux, attend de nous autant de bienfaits qu'elle nous en a donnés autrefois.
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VACANCES AU PAYS BASQUE
Cette année, j’ai décidé de partir quelques jours en vacances dans le sud-ouest de la France.
Après documentation de rigueur, me voilà partie.
Les fêtes de Bayonne sont crées en 1932 sur le mode de l’artisanat traditionnel, ce qui en fait la fierté du pays. Des festivités populaires sont organisées à la fin du mois de juillet, début août, pendant cinq jours et cinq nuits. Avec le temps cette fête deviendra, paraît-t-il, la troisième cérémonie traditionnelle du monde !
Je reste un brin surprise et curieuse. Le ciel est si beau, je choisis de profiter.
Sitôt arrivée, je décide de flairer un peu l’atmosphère de la ville. Je vais prendre un bon petit déjeuner dans un petit café familial. Là, le garçon très joyeux, volubile, arbore un habit blanc, avec ceinture, foulard et béret rouge ; il est très beau. Étonnée, je lui demande pourquoi cet accoutrement, il me répond, avec un accent prononcé :
– Hé !! C’est l’habit porté en l’honneur du sang versé par San Firmin, égorgé dans la ville.
Perplexe, je ne crois pas trop à son histoire.
Je reprends ma promenade et parcours les ruelles médiévales. Je rencontre une dame âgée qui égrène son chapelet, assise sur une chaise, devant la porte de son commerce. Le fils s’affaire devant un grand poêle où, dans une casserole énorme, mijote un plat dont je renifle les odeurs de poivrons, tomates, piments et bien d’autres ingrédients. Là, la mamie me dit :
– C’est le poulet à la basquaise, sentez, sentez, plus tard vous dégusterez.
Je lui dis :
– Bientôt…
Je poursuis ma visite dans les dédales de petits passages très étroits pour aboutir dans une plus grande rue commerçante ; là, un restaurateur, paré de l’habit traditionnel avec un béret rouge de travers, les joues aussi écarlates que son foulard, suant à grosses gouttes, malaxe des ingrédients avec vigueur. Plus loin, le charcutier tout aussi élégant, mais plus serein, découpe des petites tranches de jambon noir de Bayonne. Après dégustation, avec l’accent patois, il me dit :
– Ma petite dame, dans le monde vous ne trouverez pas de meilleur, nos cochons noir c’est quelque chose !!
Non loin, une table très longue, montée sur des chevalets, trône devant la devanture du traiteur. Des énormes saladiers remplis d’œufs, salés, poivrés, et partout des petites mains coupent les piments en petits morceaux. Mes yeux se mettent à pleurer, l’envie d’éternuer me prend, je m’éloigne. Une jeune femme avec son bébé dans la poussette me fait signe de me mettre à l’ombre et me raconte que, depuis cinq heures du matin, ils travaillent à modeler la plus grande omelette de piments.
Avec émotion, je pense alors à tous ces hommes, femmes, qui n’ont pas dormi et mettent toute leur énergie avec fierté pour nous démontrer leur savoir faire excellent, s’affairent, se brûlent, hument, reniflent tous ces plats pour satisfaire les papilles des habitants et touristes du pays.
C’est une chose extraordinaire.
Le caviste, porte-parole du vigneron, étale ces fûts de vin d’Erouléguy pour la découverte des pieds de vigne de la région, en tenue de rigueur lui aussi, mais déjà pompette.
Enfin, au fond de la rue, la boulangerie, à la devanture décorée aux nuances du pays, une grande table remplie de parts de gâteau basque. L’odeur embaume tout l’espace. La jeune vendeuse me décrit la recette de cette spécialité avec enthousiasme et amour, un délice qui fond dans la bouche. Et je vois dans son sourire l’orgueil qu’elle porte, un petit morceau d’édifice pour représenter sa ville.
Et pour clore la balade, je ne vous ai pas parlé du Roi Léon. En 1987, les élus décident d’avoir une mascotte et votent pour nommer un sujet, naturellement figure incontournable de Bayonne, un homme un peu simplet dit-on, sympathique, et de plus passionné d’opéra. Ils le dotent d’un gros nez, de cheveux longs et blonds, le font bedonnant et le prénomment Roi Léon.
Mais le Roi Léon est paresseux. Alors, sur la grand place de la mairie, le Maire s’est dessaisi des clefs de la ville, en signe de liberté au peuple. Celui-ci décide tous les matins de se réunir pour réveiller le Roi, à 12 heures. C’est ainsi que, pendant cinq jours sur la place de la mairie aux balcons fleuris de géraniums rouges et blancs, une marée humaine se meut, comme une vague. Cris et applaudissements à tout rompre.
Lorsque le Roi Léon apparaît, petits et grands scandent sa chanson :
Debout Léon
Il est l’heure de te réveiller
Pour saluer tous tes sujets
Qui sont émerveillés... etc.…
La fête commence, le vin frais pétillant coule à flot, les gorges deviennent pâteuses après un très bon repas festif, pique-nique géant dans les rues, la foule se met en mouvement, brouhaha, grondement, les vaches, alors, sont lâchées, les gens courent dans tous les sens, ils se protègent sous les portes cochères pour ne pas se faire embrocher. Cela représente un certain danger.
Le soir venu, avec lui, les musiques, les bals, les fanfares, défilés ambulants, danses traditionnelles. ll y en a pour tous les goûts, sans parler du vin limonade qui coule à flot. A minuit, le feu d’artifice brille dans le noir du ciel en très jolis bouquets de couleurs pour enfin clôturer une fête populaire majestueuse.
Ouf !!! Quelle fatigue, j’aimerais pouvoir voler pour soulager mes pauvres genoux. Mais je suis ravie d’avoir assisté à ce spectacle grandiose et suis très heureuse d’avoir pu comprendre ce grand respect et le sentiment d’orgueil que génèrent les habitants pour leur région, et la ténacité de faire revivre, d’année en année, ces coutumes et traditions, fabuleux patrimoine.
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SONS ET LUMIÈRES DU ROI CARNAVAL
Cette année Carnaval fête son 150ème anniversaire. Je décide de faire venir ma cousine à Nice et profiter de voir ce spectacle haut en couleurs. A lui tout seul, le char du Roi carnaval contient tous les trésors du monde, les pyramides de Gizeh, les trésors personnels, etc.
Sous un soleil radieux, ma cousine et moi, plongeons dans l'ambiance festive. Dans ses montagnes, comme elle dit, il n'y a pas autant de monde. Elle reste surprise.
Les arlequins et colombines sautent, dansent, tournoient, au beau milieu d'une foule en folie. Des clameurs, des AH ! OH ! montent dans les airs au passage des chars. La musique bat son plein. Tout le long du corso, il y a des personnages rocambolesques. Les masques de dentelles laissent planer le mystère.
Des jeunes artistes jouent sur des instruments à percussions une musique entraînante, sur des rythmes de salsa. Nous participons à l'ambiance générale, avec frénésie. Des groupes venus d'ailleurs, diffusent des mélodies plus légères, qui tintent comme un bruissement, dans une clameur éclatante. Ma cousine est un peu perdue dans ce bruit, mais apprécie.
Des odeurs de barbe à papa, de pommes d'amour, et de pralines chatouillent nos papilles. Cela fait un beau méli-mélo avec les jets de serpentins et confettis qui se collent et s'enroulent comme des toiles d'araignées. Les grosses têtes, comme on les appelle, défilent lentement devant nous, habillées, colorées, faisant pleurer l'accordéon avec des airs coquins, sous des yeux ébahis.
Des violons diffusent une légère vibration de notes qui dansent dans l'air frais du mois de février. Le volume sonore est d'une telle densité que le martèlement des tambours s'envole comme un vent pleurant dans les branches.
Le soleil de la Côte-d'Azur caresse les peaux. Les rires et hurlements font une cacophonie. Les frous-frous soyeux gazouillent, perdus dans un mirage. Les cracheurs de feux déclenchent une luminosité éblouissante.
Le monde bouge, le carnaval aussi, je ne retrouve pas, mon carnaval à moi, où chacun à sa manière participait et contribuait à la réussite de cette grande fête de notre région.
L'illusion s'envole dans l'obscurité. Monsieur Carnaval est mort, dans un joyeux feu de bois. La musique se tait. Le silence reprend sa place.
Ma cousine est très heureuse de sa journée, mais elle veut retrouver ses montagnes le plus vite possible. Ah ! ces montagnards.....
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TERMINUS VIATICUS
Après de nombreuses excursions, flâneries, randonnées et promenades autour de ces merveilles, la fin de mon voyage est là. J'ai pu voir, apprécier et surtout découvrir des trésors qui me laissent rêveuse et m'imprègnent de sentiments divers. Après avoir vécu cet intermède, plein d'émotions et de souvenirs très agréables, ce voyage dans le temps, je crois, laissera l'impression d'avoir reçu dans ma vie un joli cadeau inoubliable.
Mais c'est l'essentiel aujourd'hui qui me mène à ouvrir ma malle à objets précieux, je regarde au fond bien cachés, bien à l'abri, mes trésors à moi, ma richesse de toute une vie personnelle : L'AMOUR , l'amour que je donne et reçois tout au long de mon chemin de halage, et qui m'a permis de passer d'une rive à l'autre joyeusement.
Arlette Julien