LA LETTRE DE MARIUS

Publié le 20 Décembre 2022

 

Saint-Isidore, le 19 décembre 2022

 

Mon cher frère,

 

J’espère que tu vas bien ainsi que ta famille, que tes enfants grandissent dans l’honnêteté, la droiture. Je n’en doute pas, remarque, je sais que c’est le cas, mais je viens de subir une mésaventure qui m’a déstabilisé. Ma confiance en la jeunesse s’est grandement émoussée.

Figure-toi que, pour rendre service à la mère Francine, tu vois qui c’est ? Celle qui habite en face l’église… Donc, pour rendre service à Francine, j’ai hébergé son neveu pour deux nuits.

Un garçon d’une douzaine d’années, bien poli et sympathique, sauf que le diable se cachait derrière son visage d’ange. Avec sa tante et son grand frère, tu sais, Charles, le jeune qui a fait son noviciat… Avec sa tante et son frère donc, ils ont ourdi un complot pour me salir, me faire chuter, afin que Charles puisse reprendre la paroisse de Saint-Isidore.

Pour ce faire, le gamin volait des objets sacrés dans l’église, les cachait chez moi, puis, avec Francine, ils sont allés me « dénoncer » à Monseigneur Koko en rajoutant au passage quelques attouchements de ma part sur le gamin pour faire bon poids.

Tu te rends compte !

Comble de malchance, Monseigneur Koko est mort avant que je puisse lui donner ma version des faits, mais il avait parlé à sa bonne sur son lit de mort. Et tu devines la suite, n’est-ce pas ? La bonne a couru à la gendarmerie.

J’étais complètement perdu. Je n’ai pas voulu t’appeler pour ne pas te mêler à tout ça.

En désespoir de cause, j’avais décidé de fuir mais, heureusement, je n’en ai pas eu le temps. Je dis « heureusement » car le gendarme qui vint taper à ma porte n’était autre que le petit André. Tu vois qui c’est ? Il était enfant de chœur il y a une quinzaine d’années. Il a bien grandi depuis…

J’ai eu de la chance de tomber sur lui. Me connaissant, il n’a pas cru un mot de ce que racontait Francine. Il a mené une enquête rapide et efficace, et c’est grâce à lui qu’on a su le fin mot de l’histoire : me faire tomber pour que le neveu me pique mon poste !

Depuis, je ne suis pas bien. Il me semble que les gens me regardent d’un drôle d’air, du genre « il n’y a pas de fumée sans feu ». Avec toutes ces histoires de prêtres pédophiles, les gens se méfient de moi. Des parents ont retiré leurs enfants du catéchisme. Le poison s’est répandu, Francine la vipère a gagné malgré tout et bien qu’elle ait été condamnée par la justice.

Je crois que je vais partir de Saint-Isidore. Enfin, je ne sais pas… Je l’aime ma paroisse…

Je crois que j’ai besoin de prendre du recul pour faire le point.

Aurais-tu une petite place dans ta maison pour héberger quelques temps ton grand frère complètement paumé ?

 

Je t’embrasse mon frère, ainsi que ma belle-sœur, mes nièce et neveu, de toute mon affection.

 

 

Marius

 

 

Rédigé par Mado

Publié dans #Divers

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