LETTRE A UNE MACHINE
Publié le 21 Novembre 2022
Ma chère Laden,
(oui, je sais, depuis ce maudit terroriste, c’est un nom qui n’a pas bonne presse)
Il faut que je te dise : je t’aime toujours, ce n’est pas le problème, mais je vais être obligée de me séparer de toi, ce n’est plus possible. Le linge est toujours nickel, rien à dire, mais tu fuis, l’eau se répand partout en flaques, je dois éponger, écoper même, je n’en peux plus. Déjà l’an dernier j’ai essayé de te sauver, mon plombier préféré y a passé quelques heures, mais je dois me rendre à l’évidence : le moment est venu de nous quitter. C’est le cœur serré que je te verrai enlevée par les livreurs de celle qui va te succéder.
Vingt quatre ans de bons et loyaux services, un record qui ne risque pas de se reproduire avec l’obsolescence programmée ! De toute façon, je ne serai plus là pour le constater. Et tant de bons moments que nous avons vécus ensemble au cours de toutes ces années ! Tu étais toujours là quand j’en avais besoin et ton ronronnement me rassurait. Il y a bien eu quelques soucis, quand le peignoir rouge a teinté tout le linge en rose bonbon et d’autres que je ne me rappelle plus, tant je veux garder les meilleurs souvenirs de notre longue vie commune.
Alors tu vas partir, on va te réduire en pièces détachées qu’au mieux on va recycler, au pire jeter dans quelque déchetterie. Çà me rend triste, mais c’est la vie. Il va falloir que je m’habitue à la nouvelle, plus silencieuse, plus moderne avec des programmes plus sophistiqués.
Alors adieu, sois heureuse dans l’au-delà des machines à laver, s’il existe.