UN SOIR D’ÉTÉ

Publié le 21 Octobre 2022

 

Après une journée éprouvante où la chaleur moite de l’après-midi avait chassé la brise bienfaisante du matin, mon coin de ville prenait, doucement, ses quartiers de nuit. Le soleil, tel un seigneur peu habitué à ce qu'on lui dise ce qu'il devait faire, s'éloignait avec nonchalance et s'effaçait derrière les collines dans une explosion éphémère de rayons rouges et ors qui donnait une impression de feu d'artifice.

La lune, elle, prenait son temps. La faible lueur qu'elle dispensait à la terre avait du mal concurrencer la lumière diffuse des lampadaires qui parsemaient la place. L'obscurité qui s'installait offrait à mes yeux un paysage d'ombres et de relief propre à distancer toute vie qui quelques minutes auparavant animait ce endroit aussi vivant que la place d'un village un jour de marché.

Pourtant, sur un des bancs en bois disposés autour des jeux de boules, quelques noctambules continuaient leur journée à refaire le monde tel qu'ils souhaitaient qu'il fût. La fumée de leur tabac arrivait en spirale, jusqu'à ma fenêtre et l'odeur de la gauloise prenait pour quelques instants, possession de mon nez.

Plus loin, face à moi, la statue éclairée de la Vierge dominait des hauteurs du toit de l'église, la pendule que tout le monde consultait d' un rapide coup d’œil, en cas de besoin. Autour des arbres, des chauves-souris virevoltaient dans un manège incessant, à la recherche de nourriture et les lucioles dansaient comme dans une salle de bal qu'elles magnifiaient avec leurs éclats de lumière intermittents, comme si elles envoyaient un message en morse qu'elles étaient les seules à savoir déchiffrer.

La douceur de la nuit se laissait respirer comme un parfum de calme et de plénitude. Cette fragrance de fin d'été reposait l'âme perturbée par l'agitation journalière qui imprégnait, inexorablement notre mode de vie.

Ceux du banc ne rallumèrent pas de nouvelles cigarettes, les chauves souris s'éloignèrent, les lucioles ne brillaient plus, seule l'église restait éclairée, telle un phare qui donne la direction à suivre. Je refermais mes volets. Une nouvelle année scolaire allait prendre le relais, l'automne ne tarderait pas à réclamer sa part du festin et les cheminées allaient commencer à fumer.

 

 

Rédigé par Fernand

Publié dans #Ville

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