Quartier de mon enfance : LE PORT

Publié le 16 Octobre 2022

 

Je me souviens de cette petite plage abritée, sous la digue du port en face du Monument aux Morts.


Je me souviens de mon apprentissage en patins à roulettes en fer sur le quai du port, exactement où sont
les rails du tram maintenant.


Je me souviens de ce clochard (qualificatif de l’époque et il n’y en avait qu’un dans le quartier) qui enjambait la barrière de la place Ile de Beauté pour rentrer dans un trou du mur en dessous y passer la nuit.


Je me souviens du vitrier, son matériel sur le dos, qui arpentait les rues en hurlant "Vitrier ! Vitrier !" , il avait un œil qui disait zut à l’autre. Il me faisait peur.


Je me souviens du « Passagin », le vrai, qu’un gentil vieillard pilotait sans encombres à coups de rames pour nous emmener de l’autre côté du port moyennant un sou.


Je me souviens de la fenêtre devant laquelle mon père m’installait pour aider mes dents de lait très branlantes à tomber ceci pour éviter que je les avale.


Je me souviens de mes explorations de la colline du Château. Je l’ai arpentée dans tous les sens avec mon frère aîné. C’était notre jardin, dès que l’on sortait de l’école.


Je me souviens des « bateaux » improbables, faits de bâtons ou d’écorces diverses que l’on posait dans la rigole qui court le long de la route qui descend du Château et dont on suivait les caprices en courant à
côté.


Je me souviens du spectacle du « canoun de miejour » tiré à partir d’une des placettes supérieures.


Je me souviens du chemin de l’école, qui traversait le port et remontait le début du boulevard Carnot. En automne on traînait des pieds dans les amoncellements de feuilles des platanes sur le large trottoir.


Je me souviens la Tour Rouge, de la Villa la Côte et du kiosque où l’on achetait des « gratta keka ».
Je me souviens du magasin de bonbons au coin de la rue, détour obligé avant ou après l’école.


Je me souviens de cette pâtisserie mythique traverse Martin Seytour, dont le maître à bord au sourire permanent faisait des monstrueuses meringues à la crème chantilly.


Je me souviens du « Bon Lait » et des deux sœurs qui tenaient la boutique, adorables figures du quartier.


Je me souviens du Napoléon, bateau qui reliait la Corse et qui venait s’amarrer sous nos fenêtres dans le bassin Lympia, j’étais fascinée par le nombre de voitures qui en sortait.
 

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« Je me souviens de mes explorations de la colline du Château ». C’était en fait notre « jardin », juste au-
dessus de la maison. A pied, en vélo, en patins à roulettes. Je me souviens qu’un jeudi, ex « jour des enfants », transformés en « Indiana Jones » avant l’heure, mon frère et moi avions poussé nos aventures-
découvertes un peu plus que d’habitude, notamment vers le dessous de la cascade, là où se trouvent des
simili-grottes-bassins que nous avions décidé d’explorer à fond et vers d’autres recoins hors sentiers « balisés » qui nous avaient tellement occupés que l’on avait largement oublié l’heure limite fixée par notre
maman pour nous retrouver dans le jardin central avant de redescendre. On s’était fait remonter les bretelles ce jour-là pour avoir tant traîné. Il faut dire que maman avait supplié le garde chargé de la fermeture « Monsieur, s’il vous plaît, ne fermez pas, il m’en manque encore deux » (d’enfants). Encore aujourd’hui je regrette de ne pas avoir assisté à ce sketch.

J’ai beaucoup de tendresse pour tous les souvenirs que j’ai engrangés sur cette colline. Beaucoup de mes
anciens repères y sont encore. J’y remonte régulièrement c’est un besoin, comme un ressourcement et beaucoup d’apaisement.

 

 

 

Rédigé par Bernadette

Publié dans #Ville

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