LES QUARTIERS D'ELISABETH
Publié le 5 Novembre 2022
Calme, lumineux, élégant
Imprégné à jamais des parfums de l’histoire
Mêlant avec grâce passé, présent, futur
Indifférent à l’agitation de la ville
Espérant conserver pour toujours
Zénitude, liberté, sérénité.
CIMIEZ... il y a …
Il y a un grand boulevard ombragé où il fait bon s’arrêter un instant
Il y a les arènes, témoignage d’un passé révolu, glorieux et cruel à la fois
Il y a le monastère et sa roseraie parfumée où l’on vient rêver au printemps
Il y a un grand parc, merveilleux îlot de verdure aux oliviers centenaires
Il y a un manège enchanté qui allume des étoiles dans les yeux des enfants
Il y a ce petit café oublié où je retrouve avec bonheur les saveurs de mon enfance
Il y a enfin, sur mon balcon, deux tourterelles qui roucoulent toute l’année.
JE ME SOUVIENS...
Je me souviens du trolley obligé de s’arrêter car il avait perdu une de ses perches
Je me souviens de la petite épicerie de Madame Maurin, ouverte sept jours sur sept, véritable caverne d’Ali Baba où l’on trouvait de tout
Je me souviens du passage à niveau où le garde-barrière arrêtait la circulation pour laisser passer la micheline poussive
Je me souviens de l’école Nazareth où l’uniforme (jupe plissée bleu marine et chemisier blanc) et discipline étaient de rigueur
Je me souviens du charbonnier dont le visage recouvert de suie nous faisait si peur
Je me souviens du vitrier qui criait dans la rue et nous réveillait en sursaut
Je me souviens de la voiture qu’il fallait démarrer à la manivelle :elle se montrait souvent récalcitrante et mettait les nerfs du conducteur à rude épreuve
Je me souviens du bazar en face de l’école où l’on achetait pour quelques centimes des bonbons aux noms évocateurs : coquillage, carambar, malabar, réglisse…
Je me souviens du marchand de « poutine » installé au coin de la rue et qui interpellait les passants d’une voix puissante
Mais aujourd’hui, tout cela n’existe plus que dans mes souvenirs...
UNE HISTOIRE DE MANIVELLE
Comme chaque dimanche nous nous préparons pour notre promenade hebdomadaire. Mais aujourd’hui est un jour spécial car nous allons étrenner la nouvelle voiture de papa. Elle est longue, noire et brille de mille feux. Elle nous attend devant la porte et c’est avec une grande fierté que nous nous installons à l’intérieur : maman, ma sœur Michèle, ma tante, ma cousine et moi. Papa a décidé de nous emmener à Cagnes sur mer, une véritable aventure ! C’est une magnifique journée de printemps et nous sommes heureux. Alors que nous roulons depuis un moment, la voiture émet soudain un bruit bizarre, et, après quelques soubresauts, s’immobilise au milieu de la chaussée. Consternation générale ! Mais papa nous rassure aussitôt : « Ne vous en faites pas, je vais la faire repartir en un quart de tour ! ». Il sort de la voiture la manivelle à la main, ignorant qu’il va devoir livrer un véritable combat. Au premier tour, rien ne se passe. Au deuxième tour, toujours rien. Au troisième tour la voiture tressaute : nous reprenons espoir. Le visage de papa s’éclaire mais pas pour longtemps. Au quatrième tour c’est de nouveau le silence. Derrière nous une voiture arrive et klaxonne. Papa accélère la cadence et des gouttes de sueur perlent à son front. Mais la voiture capricieuse ne veut rien savoir et s’enfonce dans son mutisme. Une deuxième voiture arrive et klaxonne à son tour. Le stress de papa augmente et gagne l’habitacle. Finalement, épuisé, papa abandonne. Après nous avoir demandé de descendre, il nous ordonne de pousser la voiture, ce que nous faisons sans discuter. Quelle fin peu glorieuse pour cette promenade tant attendue et dont nous étions si fiers !
MON QUARTIER LA NUIT
Ma journée de classe est terminée. Avant de rentrer chez moi, je sors sur la terrasse qui prolonge ma classe. Le calme de cette soirée de printemps a remplacé agréablement les cris des enfants. Une légère brise agite les branches des grands pins qui ombragent notre cour de récréation et une odeur de résine chatouille agréablement mes narines. Le ciel, rouge il y a une heure, est devenu d’un rose délicat, légèrement bleuté. Je contemple, toujours aussi émerveillée, la ville de Nice qui s’étend à mes pieds. Les lumières des maisons s’allument une à une et scintillent comme des centaines d’étoiles. Les rumeurs s’apaisent et l’on entend par moment, au loin, le klaxon d’un conducteur impatient. C’est l’heure magique où la mer et le ciel se rejoignent et, pendant un instant, on ne sait plus si les bateaux voguent ou volent . Là-bas , sur la piste de l’aéroport, un avion décolle. Où s’en va-t-il ? Rêveuse, je suis des yeux sa lumière qui clignote dans le ciel sombre. Ce paysage, que j’ai la chance de contempler chaque jour, m’apaise et me remplit de joie. La fatigue de la journée s’envole et je savoure cet instant avec délice.
MON QUARTIER IDÉAL
Il y aurait une plage immense au sable blanc comme la neige.
Il y aurait le clapotis des vagues pour bercer mes nuits.
Il y aurait des maisons en bois avec de larges baies vitrées et une vue imprenable.
Il y aurait des jardins un peu fous sans portail ni clôture, paradis des abeilles et des papillons.
Il y aurait des arbres étranges semblables à des champignons géants.
Il y aurait des champs de fleurs, une explosion de couleurs et de parfums enivrants.
Il y aurait des cerfs volants, baisers tendres au goût sucré, pour le plus grand bonheur des enfants.
Il y aurait des arcs en ciel même quand il ne pleut pas.
Il y aurait des chants d’oiseaux, berceuse enchantée pour des siestes improvisées.
Enfin il y aurait le silence pour me permettre de rêver comme je viens de le faire aujourd’hui.
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