LES KARTIERS DE DANY-L
Publié le 5 Novembre 2022
LA CAVE DU KARTIER
Dans ce quartier d’un morceau de Nice,
elle avait loué un studio,
enfin, un bout de cave, pour finir ses études aux Beaux Arts.
L’avantage, elle était tout près de la fac.
L’inconvénient,
elle n’avait ni fenêtre, ni vasistas sur l ‘extérieur.
Julie, quand même un peu artiste et plutôt rêveuse,
avait trouvé la solution,
du moins des échappatoires
pour aménager sa propre vie de quartier.
Chaque moment du jour, elle copiait la couleur vive des gens
et les odeurs sucrées des pâtisseries pour les décalquer,
à la tombée de la nuit, dans son antre.
On disait qu’elle cherchait à fouiller dans l‘ailleurs
pour vivre tous horizons
quand elle s’adossait à son paysage.
Souvent alanguie, elle posait le tout de son alentour,
son diurne en fuite sur une toile,
une couche sur l’autre pour croquer chaque jour une autre page.
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LE KARTIER IDÉAL
Dans sa Gaule pleine d’agrumes, César, le Druide du coin,
la cueillait bien mûre et très colorée.
Il n’est prenait qu’une seule.
C’était suffisant pour le coupe faim quotidien.
Il avait l’habitude de festoyer à l’ombre de son char.
Comme toujours, avec son canif il commençait par le point d’attache
là où le cordon ombilical avait scellé le lien,
pour entailler la peau.
Ensuite, il partageait en quatre
le reste de l ‘enveloppe avec le pouce.
Ne restait alors qu’une mince peau de chagrin
qu’il dégusterait avec le reste du fruit.
Le moment à redouter était ce partage des quartiers en quartiers.
Même en ayant tout prévu,
même avec la racine carrée de l’hypoténuse,
rien ne se passait proprement.
Les tranches s’emmêlaient, les pépins bondissaient,
le jus régurgitait et suintait,
l’odeur collait au goût.
Malgré, notre Druide César pardonnera toujours
à ce penchant marqué pour les oranges
à cette saveur qui se rapporte à cette couleur,
phénix des hôtes de ces bois.
Alors tant pis pour la tanche parfaite
et tant pis pour le quartier idéal.
Dany-L