AUTOMNE

Publié le 24 Février 2022

AUTOMNE

En cette fin de journée de septembre, le soleil partait vite se coucher. Fatigué, sans doute, d'avoir distribué autant de chaleur et de clarté durant ces derniers mois, il laissait à la lune la possession du ciel. La rentrée des classes en Octobre, ne laissait plus que quelques jours de vacance et de liberté aux gamins que nous étions. A cette époque les rues étaient moins encombrées et nous pouvions jouer au ballon sans risquer de nous faire écraser. Mais monsieur L'automne ne nous laissait pas l'ignorer. Déjà les marronniers de la place avaient laissé liberté à leur feuilles, si vertes au printemps, de se parer de teintes jaunes, ocres et ensuite dorées, avant de tomber et d'agrémenter le sol d'un magnifique tapis, si doux que c'était un plaisir de traîner les pieds en traçant des sentiers qui emmenaient notre imaginaire jusqu'à des pays qui n'existaient que dans nos rêves. Quand les premières pluies s'invitaient, nos mères nous appelaient par la fenêtre et nous montions vite à la maison pour remplacer nos espadrilles de l'été par les bottines qui n'allaient plus nous quitter pendant tout l'hiver. C'était l'occasion de ressortir des tiroirs ces bas de laines que nos mères avaient tricotés et qui sentaient, presque bon, la naphtaline, arme suprême qui interdisait aux mites d'en faire leur repas. La pluie ne nous faisait pas peur, car lorsqu'elle voulait nous chasser des bancs en bois sur lesquels nous jouions aux cartes, nous nous réfugiions dans l'entrée d'un immeuble dont le long couloir nous permettait de lire des bandes dessinées que chacun d'entre nous emmenait, ce qui permettait à la collectivité de profiter un peu plus de ce que nous ne pouvions, pas toujours, nous offrir. L'avantage de cette entrée c'est que cet immeuble avait été équipé, luxe suprême, d'une minuterie. Naturellement il avait fallu désigner un " volontaire " pour appuyer sur le bouton magique. Dehors, les quelques rares voitures qui passaient, dispensaient une chiche lueur qui avait peine à concurrencer la lumière jaunâtre d'un lampadaire municipal, qui se reflétait dans les flaques qui, parfois faisaient notre bonheur quand nous les pataugions allégrement d'un pas de danse dont nous étions les seuls à connaître la musique.

Ces instant de lecture dans un silence qui nous permettait d'entendre tomber la pluie, faisaient de nous des anges que personne n'osait déranger. Les habitants qui rentraient chez eux slalomaient pour éviter de nous marcher dessus. Ils semblaient respecter ce instant de béatitude. Peut-être se rappelaient-ils leur jeunesse ?

A l'appel du repas chacun allait s’asseoir à sa table, dans un intérieur qui ne connaissait pas la télévision et encore moins internet. Parfois, le soir, la radio donnait une pièce de théâtre que nous écoutions en silence.

Le tonnerre et la pluie nous offraient un bruit de fond qui nous rappelait que nous étions à l'abri, sous une couverture qui réchauffait notre corps et notre âme. Et lorsque le sommeil s'emparait de nous , nous pouvions rêver à notre avenir.

 

Rédigé par Fernand

Publié dans #Ecrire sur des photos

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