PARTIE 2 : LES AUTRES
Publié le 25 Janvier 2022
Avec un extrait de Gérald en italique
La saison avance, déjà la rentrée des classes, les enfants dans le parc comparent leurs cartables, leurs nouvelles baskets.
L’automne n’est pas triste, mais une période de transition.
Marcel, c’est mon nom, je sais depuis quelques temps, je ne m’appartiens plus et reste discret sur mon ‘moi intérieur’.
Tous les habitants défilent dans ma tête et là je me rends compte, que je ne sais pas grand-chose d’eux. Depuis le départ de ma femme, je m’étais un peu réfugié dans mon travail. Finalement il avait fallu que quelqu’un bouscule mes habitudes pour m’ouvrir aux autres.
Les autres oui, mais l’autre aussi me perturbait, je ne suis pas parano, ancien gendarme que la retraite avait vieilli d’un coup, après la perte des deux êtres les plus chers à mon cœur.
Je relativisais, des informations glanées ici et là me poussaient à suspecter un dangereux malfaiteur dans la personne de Albert. Et si son étui à violon contenait autre chose qu’un instrument de musique !!
Mon instinct d’enquêteur refit surface, je décelais des tâches suspectes sur l’engin, tandis que son propriétaire faisait le guignol avec les enfants. Des marques rouges, du sang peut être, de qui, de quoi….
Je m’étais renseigné sur Internet et fabulais sur un hypothétique meurtrier, ou un détraqué sexuel se servant d’un violon comme appât. Fin septembre, je vis de loin cet énergumène en haillons, veston déchiré, une seule chaussure, un œil au beurre noir, titubant.
-Eh bien, lui dis- je que s’est il passé ?
-Qui êtes vous bégaya t il, elles sont toutes folles ces chiennes, je crois que je viens d’en massacrer une, blondasse qui ne voulait pas me laisser monter dans sa voiture.
N’insistant pas je me levais et partais.
Les infos du soir, prévenaient qu’un dangereux individu, échappé d’un asile, venait de commettre une agression particulièrement atroce. La photo ne me permettait aucun doute… c’était Albert.
Le lendemain, mes petites amies les tourterelles, m’attendaient.
Pas d’Albert, les jours suivants non plus.
Début octobre, par une journée pluvieuse et venteuse d’automne, je m’apprêtais à partir, lorsque je vis Albert arriver très chiquement vêtu, son précieux violon à bout de bras.
-Comment allez vous cher monsieur, me demanda t il ?
Un peu surpris et sur mes gardes, je répondis par un sourire.
-Connaissez-vous le monde des magiciens, clowns et autres hypnotiseurs… non, eh bien ce sont des mondes pleins de surprises. Mon frère jumeau, Maurice en est un, plein de surprises, il retourne dans son deuxième « chez lui », vous connaissez l’établissement psychiatrique Sainte Marie. Il est fou, fou, oh il ne ferait pas de mal à une mouche.
A ce moment, Albert ouvrit l’étui de son instrument et des foulards de toutes les couleurs s’envolèrent des notes de musique en sortirent.
-Je suis un clown triste, un peu bizarre, venez me voir et m’applaudir ce soir au «Cirque du Bonheur ».